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4 juin 2025

Avec « Berceuses des deux mondes », Rien Virgule met encore un point dans ta gueule

Quatrième album pour le groupe au nom aussi étrange que sa musique et qui, de disque en disque, prolonge son voyage sur les cimes escarpées du beau bizarre.

« Dans quelle langue chante le groupe Rien Virgule ? ». J’avoue avoir posé la question à ChatGPT, finalement pas tant pour obtenir une véritable réponse que pour savoir ce que les machines artificielles pouvaient bien avoir à nous dire sur le trio terriblement organique dont la musique semble pour l’heure impossible à reproduire par des robots.

La réponse fut décevante, évidemment : « Le groupe Rien Virgule chante principalement en français. Leurs textes, souvent chantés de manière répétitive et hypnotique, s’apparentent à des mantras visant à conjurer la douleur et à retrouver la sérénité ». A l’écoute du dernier né, « Berceuses des deux mondes », il apparaît que cette langue finalement pas si éloignée de l’islandais chelou d’une Björk expatriée à Barcelone se passe très bien de dictionnaire. Car la force ici, sur ce qui s’apparente à un parangon de disque anti-commercial frôlant avec la tentation d’échapper à tout marchandage de la musique, c’est justement de livrer des morceaux à cheval entre les atmosphères ambient agressives et flippantes, les tubes de squats pour claustrophobiques (Rimane Solo) et autres petits opéras déviants. Résumé comme cela, ce quatrième album pourrait rapidement donner l’impression d’être un cabinet de curiosités pour audiophiles réfugiés dans des abris anti-atomiques construits à la hâte à partir d’un mauvais tuto YouTube. C’est évidemment un peu plus que ça, sans être pourtant totalement faux.

Berceuses des deux mondes | Rien Virgule | Murailles Music

« Notre boulot, c’est avant tout de défendre une proposition musicale, et cette proposition musicale, chez Murailles, n’a jamais été opportuniste » nous expliquait en septembre dernier Julien Courquin, patron de Murailles Music, co-porteur du projet Rien Virgule. Rien qu’une écoute de « Berceuses des deux mondes » en diagonale (si cela est possible) suffit à confirmer cette prédiction. Ces compositions qui prennent littéralement au corps, comme l’absence totale de compromis dans le geste artistique, sont une heureuse preuve que la musique « underground », terme galvaudé s’il en est, n’est pas encore une langue morte.

Evidemment pas destinée aux fans bas du front de Lady Gaga ou de Sabrina Carpenter, cette berceuse penche du côté inverse en rappelant au passage les jeunes années de recherche de Pascal Comelade ou même Video Aventures, pour la radicalité des propositions.

Les deux mondes dont il est ici question, c’est donc le choix entre la normalité et la marge ; et une question à laquelle Rien Virgule répond ici sans points de suspension avec des berceuses qui réveillent plus qu’elles n’endorment. A vous de choisir entre la pilule rouge et la pilule bleue.

Rien Virgule // Berceuses des deux mondes // Murailles Music, La République des Granges, Permafrost et Zamzamrec

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