L’Alsace est toujours française, ce qui veut dire que Sinaïve est toujours dans la course du meilleur groupe français de 2024. Le trio basé à Strasbourg, qui sortira son premier album « Pop Moderne » le 25 octobre sur le label Antimatière, revient nous faire coucou avec un premier morceau intitulé « Élégie », un condensé de pop sixties malmené et saturé.
S’il vous arrive de lire la presse musicale, alors le terme de « Pop Moderne » devrait vous être familier. La raison ? C’est le slogan de la revue Magic. Mais c’est aussi le nom du premier album de Sinaïve, ceux qu’on a souvent comparés un peu à la va-vite avec Spacemen 3 alors qu’ils sont en réalité les dignes héritiers de Phil Spector, de Jean-Louis Murat et de Neu! Ouais.
Bref, le trio alsacien, attaché à sa région, a pris le temps pour accoucher de ce premier disque, après plusieurs EPs pas tous géniaux et souvent inégaux. Mais dans cette maladresse musicale, Sinaïve a toujours réussi à nous retenir par le bras, à nous agripper et à nous chuchoter dans l’oreille des mélodies douces et crasseuses à la fois – un peu comme si Galaxie 500 avait fusionné avec The Telescopes – pour nous faire rester. Résultat : on a finalement repris nos esprits, on s’est excusé d’avoir crié et puis on a reposé notre valise. Et on a bien fait d’y croire, tant l’album« Pop Moderne » valait l’attente.
Le premier single de l’album s’appelle donc Élégie, qui est selon le Larousse un « petit poème lyrique sur un sujet le plus souvent tendre et triste », et qui condense ici tous les éléments inhérents à une bonne chanson pour Sinaïve : une ambiance sixties joyeuse qui s’assombrit petit à petit, de la saturation, de la beauté et des clappements dans les mains. C’est pop, oui. Mais c’est de la bonne pop. Calvin, le chanteur du groupe, prend le micro :
« Il y a un sample de foule sixties qui agit comme une deuxième guitare saturée, le mix est délibérément pop et à rebours de l’intention d’origine. Après, si on me demande, je ne suis pas certain que le morceau parle d’une chose plus précise que ce que les paroles évoquent déjà, je n’écris toujours pas de texte au premier degré comme un journal intime. À la relecture, j’y vois en filigrane la fin de l’innocence, mais après ça concerne la plupart des textes de l’album ».
C’est déjà fini, oui, mais l’album arrive d’ici quelques semaines. Un disque abouti, hasardeux, audacieux et tendre, avec des passages kraut – Dasein (Oder nie sein) -, des bijoux électroniques – (SS) Super Star -, des tubes sous Tramadol – Vivre sa Vie – et des fulgurances – Le Corps Eclectique -, qu’il faudra écouter, cajoler et choyer. Il le mérite amplement.
Sinaïve // Pop Moderne // Chez Antimatière le 25 octobre