New age, krautrock planant et incantations drone venues d’Asie : vaste programme que le nouvel album du couple coréen derrière Tengger, et qui rappelle les plus belles heures planantes de Neu !

Souvent, l’Asie, l’Inde et le Moyen-Orient fascine le mélomane pour leur caractère « exotique » ; telle reprise du Satisfaction des Stones à la flûte suffit à émerveiller le blanc bourgeois collectionneur de disques au simple prétexte qu’un babtou enturbanné lui a permis de redécouvrir un vieux titre sous une nouvelle forme. Rarement, on se passionne au premier degré pour les morceaux originaux de ces continents qui, pourtant, dissimulent plus que de simples surprises pour touristes.

Prenons l’exemple de « Spiritual 2 », cinquième album de Tengger après que le couple composé d’Itta et de Marqido ait commencé par officier sous le nom de (((10))) à la fin des années 2000. Aucune chronique française pour ce qui est pourtant un superbe point relié avec toute la galaxie teutone des 70’s, quand les Allemands inventaient, à l’instar de Popol Vuh, des ponts directs vers l’espace. Le disque, à moins qu’il ne s’agisse d’un gigantesque bol tibétain, se compose de 7 titres au pouvoir zen, mais sans la camomille. Depuis Séoul, les deux invoquent la force naturaliste, la puissance des esprits et des fleurs, et font remonter le tout à la surface grâce aux machines rappellant ici le Pink Floyd experimental de “Dark Side”, là les tripatouillages de Michael Rother, et là bas même, en poussant un peu, les délires fauves du duo Hyperculte.

https://www.youtube.com/watch?v=ZRYRPhWi_FY

L’ensemble, sublime comme on l’aura compris, permet de déplacer le centre de gravité de l’auditeur. Non seulement la Corée du sud n’est pas que la patrie du boys band BTS (« Bulletproof Boy Scouts », tout un programme), mais le rock des Allemands, qu’on supposait européen, prouve qu’il peut être réécrit avec subtilité à l’autre bout du monde par deux personnes silencieuses ayant choisi leur nom de scène en hommage à un peuple d’Indonésie présent sur l’île de Java.

La légende – on appelle ça comme ça mais disons que c’est surtout une info lue sur internet – raconte que le fils du couple, RAAI, 7 ans, monte occasionnellement sur scène pour aider ses parents à se connecter avec Mère nature. Difficile à vérifier, mais l’ensemble de ces faits devrait logiquement suffire à modifier votre regard sur la scène kraut-ambient asiatique. La relecture du catalogue de Guruguru Brain, label basé à Amsterdam mais dédié à l’underground asiatique, devrait à ce titre composer un excellent exercice pour les vacances d’été. Bon voyage.

Tengger // Spirituals 2 // Beyond Beyond is Beyond
https://tengger.bandcamp.com/

2 commentaires

  1. cher BESTER DE GONZAI a propos du label Guruguru Brain si tu connais pas je te recommande les thais de Khana Bierbood ‎ leur album Strangers From The Far East est excellent

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

partages