Formé à Bordeaux dans une ville beaucoup trop sérieuse pour lui, le groupe France Frites a définitivement pris son envol en arrivant dans la capitale belge qui adore les zozos. Alors que Gonzaï consacre un numéro complet à la Belgique freak, portrait de ces expatriés qui semblent n’en avoir rien à foutre de rien.

La folle aventure France Frites commence à Bordeaux, en 2010, avec une bande de vieux potes bien décidés à faire l’amour ensemble, en musique, entre couilles. Il y a là Amaury, Victor, Hector et Lucas. Leur devise : « L’amitié, le rythme, l’amour. » Leur mode d’expression principal : le concert, un format parfois convenu qu’ils dynamitent comme une baraque à frites. Lucas, du groupe : « Parfois on est content de ce nom, parfois moins. On a failli s’appeler Redbull Mordor. » Durant deux ans, le groupe se rode en faisant un max’ de concerts à Bordeaux, à leur sauce : « Notre guerre c’est le live, le reste on s’en branle. »

 « Avec le solfège, on n’aurait jamais existé. »

Entre 2012 et 2013, le groupe pond quatre albums sur Bandcamp sans vraiment le vouloir, uniquement pour rester actif dans une période creuse. Foutus par hasard sur le web et joués comme en concert, ces disques qui n’en sont donc pas vraiment nous permettent d’avoir une idée précise des styles charriés par le gang : punk rock chaloupé, mélange assez dingue de rock bien sale et de rythmique tropicale. Lucas : « Personne ne connaît les accords dans le groupe. Avec le solfège, on n’aurait jamais existé. » Côté paroles, ça cause foot, nature et alcool, des choix là encore dus au hasard : « Je me faisais chier alors j’ai noté ces noms. » Aucun intérêt pour l’industrie du disque, pas de message à faire passer, vous l’aurez compris, ces mecs n’en ont rien à foutre de rien : « On réfléchit très peu. »

Après deux ans de mort clinique, le groupe se retrouve à Bruxelles en 2015, une seconde naissance. Et cette fois, ces gros weirdos sont acceptés par le public : « On était vu comme des extraterrestres à Bordeaux, et là on arrive à Bruxelles où y a que des zozos partout, génial. » Comme un poisson dans l’eau, France Frites peut désormais envoyer la sauce ketchup-mayo, avec ce fameux live qui détruit tout : « Deux synthés, une batterie chelou, une guitare, une flûte. On échange nos instruments pendant les morceaux, on chante la partie d’un autre, on s’en branle. On n’a même pas de kick pour la grosse caisse, on la défonce violemment et on joue en se battant les couilles de tout. »

Rentrer en transe et se paumer totalement dans un abandon sensoriel collectif, voilà l’expérience hors-norme proposée par « Fra Fri » : « Le concert est réussi si les gens en oublient comment ils sont arrivés ici. On vit un moment intense avec le public, en faisant monter la sauce jusqu’au moment où ça explose. » Leurs rades favoris ? « On adore le Rumsteak, une vraie institution pour les concerts bizzaros. On a aussi joué au centre Belvin, un bar de poivrots-casino dans le centre, assez génial. On aime bien jouer au Queen’s aussi, un rade totalement débile et puis il y a enfin la Brasserie Atlas, où les patrons étaient pas jouasses parce notre concert était vraiment pitoyable, ah ! ah ! »

2019. Neuf ans après sa naissance, France Frites décide enfin de pondre un skeud, un vrai : « Une méga synthèse de sept ans de concert» sublimée grâce à un intello-punk chaud lapin : « Un gros punk des Beaux-Arts a décidé de créer un label, et comme il nous kiffait, il a décidé de nous produire.» Tout est en ordre, enfin presque : « On a commencé à enregistrer aux Beaux-Arts de façon illégale, avant de se faire virer. Finalement on a fait ça chez Arthur de JC Satàn. » Quant à la pochette, « c’est nos instrus une plage, sous un temps pourri ». Un temps à la bruxelloise, en somme.

Plus d’infos sur France Frites ici.

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