Ils avaient tous des noms d’experts-comptables, mais tous venaient de l’espace. Pendant une dizaine d’années, ces Français, excellents musiciens de studio mais hélas pour eux dotés de physiques moins garnis que celui de Claude François, ont composé entre deux sessions des musiques de récréation qui deviendront sur le tard des perles de ce qu’on appelle aujourd’hui la « Library music ». Nouvelle illustration de cette folie instrumentale avec le volume Space Oddities de Born Bad consacré à l’un des meilleurs bibliothécaires du genre : Sauveur Mallia.

On n’ira pas jusqu’à dire, comme Sartre, que « l’enfance décide », mais il faut bien avouer que le gold-digger Alexis Le Tan, à moitié derrière la série de Library music de Born Bad nommée Space Oddities, boucle avec ce quatrième volume une autre boucle débutée voilà 13 ans.

En 2008, et alors que le monde d’avant était encore coincé dans l’agonie du rock et de la variété post Nouvelle Star, Le Tan publiait chez Permanent Vacation le premier volume d’une compilation déjà nommée Space Oddities, et sur laquelle on retrouvait tous les explorateurs du bizarre qui, en Europe, contribuèrent à transformer la période 1975 – 1984 en âge d’or de la musique d’illustration. On pourrait citer l’Anglais Brian Bennett (on vous conseille son album XX au passage), mais si l’album marqua les esprits, c’est avant tout grâce aux Français présents sur le tracklisting de cet objet étrange : citons Yan Tregger, Claude Perraudin, Philippe Besombes, Roland Bocquet ou encore le dénommé Sauveur Mallia. En 2009, bis repetita avec un second volume et à peu près les mêmes, pour encore plus de perles cosmiques pêchées entre les touches de clavier de Korg ou de Moog. Pour le dire clairement, un ravissement inespéré pour qui suffoquait sous le poids des guitares, en cette fin de décennie 2000. Et qui allait sonner le début d’une réhabilitation encore en cours.

 

Treize ans plus tard donc, Sauveur Mallia est à l’honneur d’un disque compilatoire complet. Après Jean-Pierre Decerf, Studio Ganaro et Bernard Estardy, il est donc le quatrième à se voir ressortir littéralement du placard, lui et sa musique volumétrique (on parle de 830 compositions recensées sur le site de la BnF). Comment approcher cette drôle d’étoile pour qui n’aurait encore jamais fait le voyage ? On résumera l’affaire en affirmant que Sauveur Mallia, né à Toulouse mais d’origine italienne, a survolé la variété des late 70’s en tant que musicien de studio, quitte à même apparaitre derrière Nougaro ou Johnny (on retrouve son nom sur l’album culto-nanard « La peur » de 1982), mais sans jamais perdre de vue son bout de ciel bleu à lui : la musique instrumentale disco. Mais contrairement à Travolta, la sienne était peuplée de robots, de neutrons polyphoniques et de rayons lasers africains qu’on retrouve peu ou pou sur le tracklisting gargantuesque (17 titres) du Space Oddities cuvée 2021. Entre la musique d’attente téléphonique plutonienne (Suspense synthétique) et une version galactique de L’Homme à tête de chou de Gainsbourg (Space people), il y a de quoi faire. L’argument absolu étant qu’aucun des morceaux, et c’est toute la magie de la Library music, n’a vieilli d’un pouce.

 

Le monde actuel étant globalement arrivé au bout du bout en terme de rééditions d’objets oubliés sur cette période, la Library music reste une colossal armoire à surprises. Rien que pour le label d’époque nommé Télé Music, Sauveur Mallia composa 120 albums (!) parfois destinés à des jingles radios, parfois à des publicités, rarement pour les ondes dites grand public.

Assez proche du groupe français Space (à qui l’on doit entre autre Magic Fly), l’histoire de Sauveur Mallia est encore plus drôle que son nom. Elle a débuté par une rencontre avec le bassiste de Magma, le célèbre Jannick Top, puis s’est prolongée avec une vie d’agent double ; d’un côté requin de studio pour les grands noms de la variété, de l’autre, expérimentateur pour lui-même. Sauf qu’ici, les tubes à essais ont été remplacés par des morceaux qui seront tout sauf des tubes, plutôt des vignettes sonores délirantes impossibles à reproduire aujourd’hui. C’est de cette époque pré-Minitel dont il est ici question.

 

Par la suite, Sauveur co-fondera le groupe Voyage avec Marc Chantereau et le guitariste de Johnny (Slim Pezin), partira enregistrer un premier album dans le studio londonien d’Elton John et, sur un malentendu, se frottera au succès : « ce disque a cartonné dans le monde entier explique-t-il dans l’interview réalisée par Born Bad pour l’occasion. Comme on était des musiciens de studio qui avions fait un album commercial qui a fonctionné, tout le monde nous appelait, on faisait toutes les séances, sans arrêt, on était exténué. Dans le milieu musical, les gens sont superstitieux : ils prennent toujours l’équipe qui gagne. A ce moment là c’était nous ».

A sa manière, la compilation Space Oddities décrypte ce succès à rebours. Il faut parfois plusieurs années pour la lumière des étoiles parvienne jusqu’à nos enceintes.

Sauveur Mallia // Compilation Space Oddities chez Born Bad (CD/Vinyle)
https://spaceoddities.bandcamp.com/album/space-oddities-sauveur-mallia-1979-1984

10 commentaires

  1. Aucune déontologie journalistique ,tu nous sert systématiquement la soupe de chez born Bad , aucun label au monde n’est capable de sortir que des bons disque et born Bad n’échappe pas à la règle ,mais visiblement selon le corrompu bester de gonzai tout est bon dans le cochon du baron de Romainville, bester c’est le roi de la chronique de complaisance et de connivence entre bicéphale consanguins

  2. Fait attention quand tu postes tes papelards Bester Tu as certainement confondu Gonzai et Le Nouvel Observateur pour celui ci

  3. La version papier de gonzai ,je trouve la maquette fin nul et le papier et de mauvaise qualité ,en plus d’être des suceurs de roue de feu Oz magazine et actuel vous êtes plus que médiocre tant sur le forme du magazine que du contenu , c’est de la merde 78 carats et encore je pèse les mots ,

  4. ´tain y me vole le parpaing de la bouche le Persé.
    C’est vrai bébé il abuse dans l’allégeance féodale gallo-romainvilliste, Je crois que la dernière fois qu’il a voulu nous revendre une galette de Carlin séché c’était pour promouvoir des enfants soldats qui promeuvent le féminisme du 11eme arrondissement dans toute l’Afrique.

  5. Born Bad vient de sortir un album nettement plus intéressant et plus inventif ………………..de Henri Salvador !
    Mais bon c’est moins rokenroll ?

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