Dans la marée noire des disques échoués au bureau, c’est certainement celui qu’on a le plus écouté ces dernières semaines. Pourtant la musique des Californiens n’a rien de génial ou de novateur, leur physique de peigne-culs hippies évoque une pub pour American Apparel et leur nouvel EP, s’il porte bien son nom, n’écrit pas un nouveau chapitre de la grande histoire du rock. Pourquoi cette affection particulière pour les Growlers ? Parce que « Not. Psych ! » est simplement meilleur que tous ces disques pressés pour rien qu’on a récemment écouté jusqu’à la piste 3.

Pour en arriver à « Not. Psych ! », il y a donc un parcours du combattant qui ressemble étonnamment à un concours d’enfilage de hot-dogs en Bavière ; des dizaines de disques qu’on ouvre depuis plusieurs mois en se demandant à quelle sauce on va être mangé, avec dans la plupart des cas une indigestion avant même d’avoir enfoncé le Cd dans le lecteur, à force de devoir se taper des bios écrites par un manchot sur des groupes pratiquant l’indie rock avec des moufles. Exemple de mailing reçu la semaine dernière :

Les mélodies sont aériennes mais ciselées. La voix est étrangement profonde mais chaleureuse. Les bordelais de Friends of Mine brodent une pop enlevée sur des guitares rock et des basses rebondies. Ils façonnent une ambiance légère qui fait rêver de weekends à la plage, de soirées enivrées et d’amitiés interminables.

The-Growlers-Not.Psych_-500x500Une fois passée la corvée des lectures, vient celui de l’écoute et des refrains mille fois entendus, des groupes qui se décrivent comme un ‘’crossover entre Björk, Radiohead et Jeff Buckley’’ – putain mais vous avez arrêté d’écouter de la musique en 1998 les mecs ? – alors qu’il suffit de cinq minutes pour envoyer leurs brouillons vomitifs directement à la case prison, sans passer par la case départ.
Le temps d’écrire ce petit précis de haine à l’attention des musiciens amateurs qui n’ont rien de mieux à foutre le dimanche que de préparer des enveloppes kraft pour des médias qui n’écriront jamais rien sur eux, l’EP des Growlers est déjà terminé. Sept morceaux à 3 minutes chacun, des morceaux qui rappellent Nirvana et ses comptines de petits chats écorchés, rien à jeter. Le son des cocotiers de Venice Beach, le goût des seins refaits, le bruit des guitares chinées dans les boutiques vintage de Los Angeles ; en bref l’Amérique comme on ne l’entend plus assez souvent, et suffisamment riche mélodiquement pour faire oublier la coquille vide et le fait que les Growlers, pas plus que leurs voisins de chambrée, ne changeront la face du monde. Auteurs de quatre albums en sept ans d’existence, les Californiens livrent avec ce nouvel EP réservé à l’Europe un plan Marshall où cheerleaders et moustaches sont livrés par avion à ceux qui prendront la peine de lever les bras. En soi, un début de remède aux fatigants tops de fin d’année et une réponse adaptée à la lassitude qui parfois gagne les trous du cul estimant ‘’qu’il y a pas eu grand-chose de bien en 2013’’. Sous les pavés, la plage. Sur la pile de disques dispensables, les Growlers.

The Growlers // EP Not. Psych ! // Fat Cat
http://www.thegrowlers.com/

6 commentaires

  1.  » […] les trous du cul estimant ‘’qu’il y a pas eu grand-chose de bien en 2013’’. Sous les pavés, la plage. Sur la pile de disques dispensables, les Growlers. »
    Enorme !
    A priori, ce EP est aussi dispo avec 2 titres supplémentaires sous le nom de « Gilded pleasures ».
    Et ça a l’air au dessus de la moyenne, effectivement. Comme le précédent. Parce que sinon, y a vraiment pas eu grand chose de bon c’t’année, hein ?

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