Redescendre de cette Montagne Noire que je ne reconnais plus, et repasser une dernière fois le long du Lac Bernard avant d’embarquer. C’est un navire de la compagnie Jagjaguwar, nous allons traverser l’océan Atlantique et nous rendre au Royaume-Uni, à la rencontre du Peuple Loup.

Steeple, c’est le premier album de rock de Wolf People, Tidings (sorti plus tôt dans l’année) n’étant qu’une compilation d’ébauches et de singles. Pour l’enregistrement, les gars ont voulu s’isoler dans un poulailler, et je ne vous dirai pas pourquoi.
Alors que les premiers contacts avec ces loups semblent balisés, je me retrouve très vite propulsé bien plus haut que les 40 mètres du tumulus de Silbury. Je suis invité à une jam entre ciel et terre, ébranlé par la voix magistrale de Jack Sharp, druide en chef. Lui-même semble habité de toutes les légendes et porté par tous les vents du Pays de Galles.
Par la suite le conteur laissera sa place aux guitares infernales. Je suis alors au centre d’un cromlech, les ombres dansent tout autour, ce sont les démons ancestraux qui viennent mettre mes résistances à l’épreuve. Il s’agit de ne pas introduire n’importe qui dans le cercle Wolf People. Le rite se passe à la fois dans la douleur et l’apprentissage, puis les instruments me laissent un peu de répit. La lune disparaît et d’autres créatures se mettent à me pourchasser, Jack Sharp se charge toujours de me guider même s’il m’arrive parfois de douter de sa bienveillance. Il ne semble plus me remarquer, les guitares nous encerclent et rentrent dans une ultime transe. C’est un château rock qui est érigé sur les ruines d’un psychédélisme antique.

Puis Jack me propose un dernier conte, pour la route. Et c’est au petit matin que je plane une dernière fois au-dessus des terres galloises, apercevant ça et là les chantiers mégalithiques de la nuit passée.
Le tour de force de Wolf People, c’est d’assumer l’héritage psychédélique et d’évoquer une certaine musique traditionnelle sans jamais tomber dans les errances du premier ou dans le folklore que suggère le second. Les instruments divers sont au service des contes du barde, et le rock devient plus qu’une musique païenne, c’est un culte voué aux énergies créatrices du monde.

Le peuple des Loups n’a que faire de la suprématie outre-manche du Collectif Animalier ou de la Parade de leurs congénères de Montréal. Il œuvre pour un devoir de mémoire, pour que certaines histoires ne soient jamais oubliées, c’est par ailleurs celle du psychédélisme anglais qui continue d’être gravée dans la pierre avec Steeple. Pour que les suivants n’oublient pas.

Wolf People // Steeple // Jagjuwar (Differ-ant)
http://www.myspace.com/wolfpeople

1 commentaire

  1. Oui, cette album possède de loin les guitares les plus surprenante que j’ai entendus depuis longtemps : massive, lyrique…

    Grand 1er Album a voir sur scène, j’en suis sure.

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