Attention, terrain glissant : que penser de la prestation de Saez aux Victoires de la musique ? Que c’était rock ? Que c’était pathétique ? Que ça jouait mal ?

Attention, terrain glissant : que penser de la prestation de Saez aux Victoires de la musique ? Que c’était rock ? Que c’était pathétique ? Que ça jouait mal ? Que Noir Désir est de retour ? Qu’il commence à nous gonfler celui-là avec sa mèche dans les cheveux, ses poèmes, sa guitare et ses leçons de morale ? Pourquoi ne pas parler plutôt du fantôme de Bashung dans son costume trop grand et ses santiags immenses ? Parce que c’est trop triste.

Non il ne s’agira pas ici de faire un compte-rendu des Victoires de la musique ; j’aimerai bien faire « pas trop long », y a match dans une heure. Et puis tellement de choses à dire… Bon, en vrai, non, juste deux trucs dont je veux vous parler : Bashung malade jusqu’aux coutures recoit en direct les honneurs de ses pairs et quand son voisin l’aide à se lever j’ai envie de tourner la tête… Priscilla et moi, on en avait parlé avant, on se disait que c’était couru d’avance, que vu son état, ils allaient forcément lui donner, que ça allait dégouliner dans le poste et que Bashung méritait autre chose…

Voilà. On y est. Et j’ai envie de chialer. Ses réponses sont dignes, drôles et lui seul a le courage de dire « cette tournée qui aurait pu s’arrêter à tout moment » tandis que les autres, tous les autres refusent de dire « on sait tous que tu vas crever ». Nagui lui parle d’amour, son visage plus maigre que jamais me parle de mort ; la vie est une sacrée putain de blague et j’espère seulement pouvoir rigoler jusqu’au bout. Vite, une clope.



Bon maintenant, l’autre truc. Saez. Je vous l’ai dit, y a foot dans une demi heure et on va pas y passer la nuit. Mais quand même. Le Saez déboule dans son costume de Kurt Cobain, pour interpréter, dixit Nagui « un morceau spécialement écrit pour ce soir ». Ca commence assis sur une chaise, la guitare pas branchée, un cahier de notes à la main et le bonhomme se met à lire : « la jeunesse est au shit à la C à la colle… », ouh comme il y va, bouchez, messieurs dames, les oreilles de vos enfants… Premier réflexe ? Le sceptisime. J’ai jamais aimé Saez, son côté révolté et j’ai-tout-piqué-à-Noir-Désir-, cette suffisance, cette arrogance, la provoc facile, encore ce soir : mal rasé, jean déchiré, les mèches dans les yeux, démarche nonchalante. « Tu surjoues mon gars », ai-je envie de lui dire. Mais bon, je regarde l’émission depuis le début, le calice jusqu’à la lie, ce genre de trucs… Ses paroles sont un peu naïves, la ligne de guitare, mille fois entendues mais je sens monter comme une rage, une vraie. Et surtout, ce début de double menton, juste au dessus de la chemise à carreau (je ne supporte plus les chemises à carreau !) m’évoque un jeune homme pas trop bien dans ses baskets et pas si dandy que ça. Quoi qu’il en soit, monsieur pose sa guitare et le combo derrière se met d’un coup à envoyer un bon vieux trois accords ; sale, hirsute et ma foi presque rock. Morceaux choisis de la diatribe saezienne jetée à la figure de la France du samedi soir :

« Evadez évadez évadez moi… Embrasons embrasons embrasons nous »

« Pour foncer dans le tas des barrages de police »

« Tu rentreras chez toi annoncer à ta femme, connard, que tu n’as plus rien »

« Allez brûlons la bourse »

« Moi j’attends le procès de ceux qui s’amusent avec des milliards »

« Démocratie ? démocratie mon cul ! »

« Je ne vois que la rage de ceux qui n’ont plus rien, la tête au fond des chiottes, à chercher l’oxygène, à chercher l’oxygène »

« Un jour le peuple se lèvera ».

Brûlons la bourse. J’ai bien entendu (tout le monde a bien entendu) ça. Disctinctement. Saez appelant à brûler la bourse. En direct. A la télé.

Avant toute chose, deux précisions :

1. Rock et politique n’ont jamais fait bon ménage, c’est entendu. Et pourtant, il vient de là.

2.Au départ, les Clash, un des groupes les plus engagés de l’histoire du rock (je parle de ceux qui, comme Saez samedi soir se sont adressés à des millions de personnes) était un boy’s band. Pour la plupart ces punchlines sont faciles et non, à ma connaissance, Saez ne milite pas dans un parti radical gauchisant. Le coup de pub pour booster son triple album, déjà disque d’or ? Bof. En jouer gentiment un morceau, comme tous les autres artistes, aurait suffi. A t-il la légitimité pour dire des trucs pareils ? Pas moins que n’importe qui avec des yeux et un cerveau qui fonctionne. Rajoutez -peut-être- une âme un peu plus sensible que la moyenne. Rajoutez un micro. Rajoutez une audience se comptant en millions de téléspectateurs. Rajoutez le direct made in service public qui n’allait pas couper ça, sous peine de se faire traiter d’ORTF.

Neuf minutes de rage et de colère. Un peu maladroites, un peu naïves et qui, si elle ne viennent pas du fond de ses tripes, anihile tout ce je viens d’écrire. Mais je l’ai cru suffisamment sincère pour qu’il parle aux miennes. Avant que le show ne must go on immédiatement après. Allez, brûlons la bourse.

Avec tout ça, j’ai raté mon match.





39 commentaires

  1. Ah ouais merde me suis gouré, c’est l’autre ersatz de stafilocoke Doré qui se l’est chopé! plates excuses à Alister mais ce n’est que partouze remise vu son talent et ses cheveux qui sentent bons! Et le fiston « comme un manouche sans guitare » Dutronc, l’est bien lui aussi hein? C’est comme un oncle sans couilles et bien on l’appellerait ma tante (elle est bonne celle-là!) comme un Bester sans Gonzai, comme une bière sans Bukowski…and to be continued…

  2. « je vous demande de (ne pas) vous arrêter » c’est la prochaine chanson de Johnny Holiday écrite par Bertou Cantat mais chut c’est un secret…

  3. et le dernier des BEVILACQUABOULEVARD hein? Même pas nommé pour son chié-d’oeuvre sur des textouilles du ZELLER! Moi j’dis qu’il faut bowiecotter les défaites des victoires et aligoter NAGUI!

  4. Non mais en vrai, le truc qui sautait à la tronche comme une mine sous le pied d’un petit enfant, ou une pub de Julien Doré sous le syeux d’une mère au foyer, tous deux innocents, c’était le comportement REPUGNANT de Nagui et quelques autres face à Bashung.
    L’homme est fabuleux et ses derniers actes (album, tournée) talentueux, et donc saluables et pourquoi pas sanctionnable de quelque prix que vous voulez. Mais aller tenir le bras du monsieur, hurler comme un parent débile devant les miracles minuscule de son bébé, et répéter en boucle on vous aime à un type que l’on sait mourrant est avant tout un manque de tact et de pudeur.

    Un peu de savoir-vivre face à ceux qui ont un savoir-mourir. Merde.

  5. Donc, si je comprends bien tout le monde était devant son petit écran avec sa clop au bec et la migraine, à regarder ce que tout le monde savait déjà !!!! Mais elle est où la révolte, elle est où la mort en direct !!! Vous êtes un peu donc tous complices dans cette histoire, non ? Bon, c’est pas grave les gars et les filles, vivement l’année prochaine !!! avec hommage à Higelin !!!!!!!!

  6. SAEZ est chiant, pire, pénible. Il n’est que le pur produit du système actuel généré par la politique des maisons de disques, radios et tv. Le pire n’étant pas la connerie car elle est excusable mais la médiocrité qui elle, ne l’est jamais.
    Que Saez « monte » son propre label, reverse ses droits sacem aux bonnes oeuvres, rende sa musique gratuite et vive d’un autre boulot. A ce moment là il pourra être crédible et respectable. Il n’y a pas pire que les riches parlant des pauvres. Saez est connu dans le milieu du spectacle (car c’est du spectacle et non du rock) pour être très « casse-couille », loin du bon gars qui pleure du malheur des autres, Môsieur est exigeant, très exigeant, très con . Pas pour son public ni pour son entourage mais bien pour lui et son égo. Des pompes dans le cul étant petit ne lui auraient pas fait de mal et lui auraient appris la politesse.
    Sa tirade du début était très mauvaise, sa prose lycéenne boutonneuse ne peut effectivement qu’esmoustiller le fan club.
    Au niveau artistique cette pale copie de N.D porte à rire. Mais Damien est aussi écrivain ….. Et c’est une autre histoire…
    En un mot le petit Damien n’est franchement pas indispensable …. Passons noue en.

  7. Ca me fait marrer bien fort les gens qui flingue en disant le contraire de ce qui EST.
    Tout ça pour répondre au dernier commentaire en haut de page.
    On a le droit de ne pas aimer Saez, sa musique, et tout.
    mais faudrait un peu se renseigner sur le reste avant de critiquer le reste.
    Parce que Saez n’est pas le « pur produit du système actuel généré par la politique des maisons de disques, radios et tv » dans la musique où il est signé sur un petit label, Cinq7, même si ok, celui-ci appartient à Wagram. Mais le truc c’est que le mec a aussi sa structure d’édition si je crois bien, 16ART. Enfin voilà tout ça pour dire, à quelques approximations près, que le type construit une forme d’indépendance par rapport au modèle bêta du type inféodé à une major.
    Après, je le redis, on a le droit de pas aimer sa musique, ça c’est autre chose. Mais sur ce coup-là qui du commentateur ou du musicien se vautre dans la médiocrité, hein ???

  8. Je voulais aussi dire que c’est marrant parce que le lendemain dans le papier que L’humanité consacrait aux Victoires de la musique il était question de tout sauf de Saez. Mais c’est peut-être mal vu de critiquer le gouvernement si on n’a pas sa carte au PCF.

  9. J’ai regardé comme vous cet énergumène s’agiter dans tout les sens, sautant, hurlant, crachant son mépris à la gueule de la France-Du-Samedi-Soir, comme un serpent crachant son venin sur une proie déjà immunisée. Car il faut se le dire, Saez aurait pu arriver sur le plateau sous acide, à poil, faire les gestes obscènes les plus grossiers connu par l’homme depuis que la vulgarité existe, le public serait resté de marbre, et je mets à parier toute la dose de nicotine dont je dispose qu’il y aurait même eu des applaudissement poli. Si ce n’est une ovation générale, après tout, ceux qui dans le public ont vraiment réalisé ce qui était entrain de se passer sous leurs yeux de porcelets ébahis pendant la prestation de Damien se comptent sur les doigts de la main.

    D’accord, ce jeune homme à frôlé les records dans le domaine du pathétique, et je ne pense pas être le seul à avoir sérieusement envisagé de massacrer ma télé à coup de hache bon marché à l’écoute de sa voix. Mais doux jésus, Saez, tu m’as mis sur le cul. La rage qui faisait vibrer ta voix, la haine qui animait tes propos, propos si engagés, engagés dans tes gestes et tes mouvements, Saez, tu m’as soufflé. Jetant l’image type du chanteur beau-gosse-bien-habillé-musclé auquel je m’attendais [Peut être vêtu de noir pour ta part], écrasant les remerciements béats au public amorphe que je croyais inévitable.

    Le seul problème, c’est de savoir que même une prestation de ce rang un samedi soir à la télé ne fera bouger personne, ne changera rien. Allez, brûlons la bourse. Oui, mais prenons nos économies d’abord.

  10. Tss… tss… un gars dont le nom est si proche de Suez ne peux pas être contre la bourse… Attention les banquiers jouent aux rockers !

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