Après avoir perdu un pari à propos de Donald Trump (une histoire d'élection...) notre reporter casse-cou a souffert pendant onze heures d’affilée en écoutant pour vous chaque note enregistrée par le quatuor irlandais (marque déposée Apple). Récit d’une torture en temps réel.

Se taper chacun de leurs treize albums dans l’ordre (pas question d’y ajouter lives et compilations, je ne suis qu’un humain) équivaut à 667 minutes, soit 11 heures et 67 secondes. À cause du travail, il a fallu attendre un dimanche de janvier, celui de l’épiphanie (foutu ironie) pour que je subisse ma punition. L’intégrale est téléchargée illégalement parce que s’il y a bien quelqu’un à qui je me fous de filer du blé, c’est Bono. Je m’interdis la moindre pause et l’utilisation d’Internet. En pyjama dans mon lit, juste un carnet de notes, Windows Media Player et U2. Comme il fait -5 dehors et que ma vie est nulle, je me dis que ce marathon va pas être si horrible. J’ai à la fois tort et raison.

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12h Face au titre et à la pochette de « Boy », je me dis qu’il faudrait pas que je me fasse choper pour téléchargement de contenu pédophile.

12h08 Au moins, je n’aurais pas à écouter l’ignoble An Cat Dubh si j’étais en prison. Bono est le pire imitateur de Robert Smith au monde.

12h17 Out of Control. Comme l’impression d’assister à la répét du groupe de mon cousin à la maison de quartier du coin. S’il me demande des retours, je lui dirais que : « Le guitariste est pas trop mal mais qu’il faut virer le chanteur parce qu’il en fait des caisses. »

12h28 Quand tu fais tourner le micro-onde en écoutant A Day Without Me, t’es déjà un meilleur producteur que Steve Lillywhite.

12h36 L’impression d’entendre le même morceau depuis une demi-heure, c’est long. Une longue intro où chaque instrument fait son malin, de longs couplets où Bono fait son malin, un solo noyé sous des nappes d’effets où The Edge arrive parfois à être malin et puis tout recommence jusqu’à un interminable fondu de fin. T’as les cinq minutes de Shadows And Tall Tress qui démarrent que t’as déjà fini ton hachis parmentier.

12h43 Alors « Boy », dans le meilleur des cas, c’était du mauvais Television et dans le pire, du mauvais Cure. À la fin du déjeuner, j’enchaîne avec « October » et, déjà, les coupes de cheveux sur la pochette, ça va pas être possible. Filez-vite un bonnet à The Edge !

12h44 Gloria, cool une reprise de Them ! Ah non, ce sont juste les égosillements d’un enfant de chœur en pleine castration. Avec un refrain en latin ! L’enfer.

12h57 Rejoice. Au moment où The Edge trouve le son caractéristique de U2, Bono est en pleine schizophrénie et tente un millier de choses à la fois. Jamais je l’avais entendu chanter aussi n’importe comment (un peu comme la formulation de cette phrase, note de l’éditeur). Parfois il se croit dans un stade, parfois il te murmure à l’oreille, souvent il te les casse. Cet homme est intenable, qu’on lui prescrive d’urgence de la Ritaline.

13h05 L’instrumental October, on dirait le générique d’un soap mais au moins, pas de Bono à signaler pendant deux douces minutes.

13h07 Je le paye très vite, parce que revoilà l’excité qui crie Jerusalem. Neuf fois.

13h16 Les quatre dernières pistes tournent dans le vide alors que je m’inquiète d’une fissure dans le plafond.

13h20 « War » débute donc sans que je m’en aperçoive et j’ai pas honte de dire que ça fait un bien fou d’entendre Sunday Bloody Sunday. Un bon vieux tube qui fait remonter des souvenirs du cours d’anglais en 5ème, quand ta prof te sensibilisait mollement au mouvement d’indépendance irlandaise.

13h27 Même effet avec New Year’s Day qui me rappelle quand j’avais huit ans parce que leur best-of était la seule K7 dans la voiture de mon père. Même que le premier DVD que j’ai vu, c’était un de leurs concerts. Par contre, j’avais oublié que le morceau durait 5 minutes 36 alors que 3 auraient suffi.

13h33 L’intro de Like A Song… « Écoute Larry, notre album, il dénonce la guerre alors j’aimerais bien que ta batterie, elle sonne comme la guerre, tu piges ? »

13h38 Drowning Man. Mais qui a le temps d’écouter une ballade quand c’est la GUERRE ?!!

13h42 The Refugee. Et après tu t’étonnes du score de Marine.

14h03 En fait, « War » il sert à rien comme album parce que dessus, t’as juste deux trois tubes déjà sur les best-of mais les best-of ça sert à rien car t’en peux plus d’avoir entendu les deux trois tubes sur RTL2 et Super U. Du coup, tu passes à « The Unforgettable Fire » (le feu que l’on n’oublie pas, titre bien pompeux), enregistré dans un château, avec le château en question sur la pochette et un duo d’as à la prod, messieurs Brian Eno et Daniel Lanois. Ça promet d’envoyer du lourd.

14h12 Et ça tient ses promesses : cinq minutes d’intro super lourdes suivies de Pride (In The Name of Love), un tube super lourd. Il est vraiment trop tôt pour boire ?

14h15 J’ai bien aimé l’intro bizarre de Wire qui ressemblait presque à du Wire. Jusqu’à ce que vous-savez-qui se pointe.

14h24 Le traditionnel instrumental de milieu d’album est devenu l’oasis dans lequel je panse mes blessures. Sauf que là, 4th of July, c’est juste Brian Eno qui se branle. Après, c’est Bad qui est une bonne ballade de Coldplay mais qui dure six minutes, au secours.

14h36 Les paroles d’Elvis Presley & America sont aussi ridicules que son titre. Bono est le mec insupportable à ton cours d’impro qui veut pas laisser la parole aux autres et délire tout seul pendant SIX PUTAIN DE MINUTES.

14h45 L’album se termine sur une berceuse, histoire de retourner le couteau. Heureusement, je vois de la lumière à l’horizon. « The Joshua Tree », le chef-d’œuvre d’americana vendu par camions entiers, bientôt trentenaire et toujours considéré comme LE classique ! Sur la pochette, Bono ressemble à Alan Rickman dans Harry Potter.

14h47 L’intro de Where The Streets Have No Name est la plus longue du monde. J’imagine que c’est pour faire monter la sauce en concert. J’en peux plus, perso.

14h55 Fun fact sur I Still Haven’t Found What I’m Looking For : cet été, j’étais saisonnier dans un rade de merde où la télé diffusait RFM TV toute la journée. Et je peux dire qu’à force de voir en boucle les clips de Kid United et Claudio Capeo, ça faisait un bien fou de retrouver les quatre Irlandais en train de faire les couillons dans les rues de Las Vegas. Même qu’un soir sans clients, je me suis servi une pinte et que j’ai trinqué avec Bono en le suivant sur le refrain. J’espère que ce ne sera pas le dernier moment de plaisir (coupable ou non) de cette journée pourrie.

15h En plein With or Without You, je repense à la première fois que j’ai embrassé une fille sur la bouche (bal-disco de Tiffauges, 2004) et ça me fait bander. Et j’ai envie de me branler. Et puis je me dis non, je vais quand même pas me branler sur du U2.

15h19 Il a fallu attendre Trip Through Your Wires pour que l’érection disparaisse.

15h44 Au beau milieu du médiocre Spanish Eyes, je réalise que j’ai téléchargé la version deluxe avec une heure de bonus et que je viens, à cause de ma propre connerie, d’ajouter un bon quart d’heure à ma sentence. Déjà que « The Joshua Tree », après les trois-quatre premiers morceaux, c’est tout naze… Si tu veux de la bonne americana eighties, tu fais comme tout le monde et t’écoutes « Nebraska ».

15h47 Le massacre ne faisait que commencer. Parce que la période américaine de U2, c’est aussi un putain de double album, pour de vrai cette fois. « Rattle and Hum » où Bono se croit héritier d’Elvis, Dylan et Robert Johnson mais commence sa démonstration en massacrant les Beatles. Helter Skelter sans la rage, juste mon désespoir.

15h52 Pendant Desire, je pète un câble en sautant sur mon matelas tout en beuglant le refrain avec la voix de Patrick Bruel. Conséquence : je suis épuisé et mon voisin manque d’appeler la police.

16h01 Reprise d’All Along the Watchtower. Mon poster de Dylan me lance un regard accusateur. Je lui réponds : « Te la ramènes pas trop Bob, la même année t’enregistrais Down in the Groove et il a fallu que Bono t’aide à écrire les textes d’Oh Mercy donc bon. »

16h10 Ayé, j’ai trouvé : Freedom For My People est le meilleur titre de U2. Il dure trente-cinq secondes et ce n’est pas Bono qui chante.

16h16 C’est à moitié des compos à moitié du live, alors je suis obligé de me retaper Pride (In the Fucking Name of Love Kill Me Now).

16h33 When Love Comes To Town. Pauvre B.B. King.

16h41 J’invente pas : y a un morceau qui s’appelle God Part II où Lennon se retourne dans sa tombe.

16h45 « Les gars, comme on fait un album concept sur l’Amérique, on a qu’à mettre l’hymne américain joué par Hendrix à Woodstock, ça plaira aux vieux hippies », dit Bono, sans réaliser que ces trente secondes d’extrait en disent plus long sur l’Amérique que les deux derniers albums réunis.

16h53 Un pote m’appelle pour manger la galette. Je peux pas, j’ai U2.

16h56 Et l’un de mes premiers points de rupture de la journée est atteint. Au bout des sept putain de minutes d’All I Want Is You, je ne ressens plus rien et fixe mon chat droit dans les yeux, cherchant un sens à l’existence.

17h Il paraît que « Achtung Baby » est leur meilleur album. Si, j’ai lu ça dans Magic au moment de la réédition ultra-deluxe-définitive. On va voir si ça se tient ou si c’est de la réhabilitation de hipster. J’ai déjà envie de tuer le mec qui a mis de la disto sur la voix de Bono (Lanois ? Eno ? Collabos).

17h07 One. C’était ma préf’ dans la voiture de mon père quand on roulait la nuit en écoutant son best-of. Depuis, 37 reprises de babos sur la plage et de candidats à la Nouvelle Star me l’ont ruinée à jamais.

17h16 Who’s Gonna Ride Your Wild Horses. Encore une fois, les bons plans de The Edge sont annihilés par le cabotinage de son chanteur. Ici à coups de lyrics débiles ponctuées de oooouuuh chalalala.

17h25 The Fly, t’as l’impression d’entrer dans une boite de nuit pas claire où un mec louche déguisé en mouche te tripote.

17h31 Imagine si l’intro de Mysterious Ways était ta sonnerie de portable pour le reste de ta vie. Partage ma douleur.

17h44 Bono. Bonobo. Bobo. Allô maman bobo. Voilà le fond de mes pensées jusqu’à ce que je me mette à crier sans explications et en boucle le titre de l’album en imitant un dictateur connu.

17h50 En train de me dire que Love Is Blindness sonnerait bien à mon enterrement. Achevez-moi.

17h55 Et c’est reparti pour les intro atmosphériques de trois heures ! Les étoiles sur la pochette de « Zooropa » forment une galette et me rappellent que c’est ma première épiphanie sans frangipane. J’ai envie de pleurer.

18h04 Attends, qui chante Numb ? The Edge ? Le délire ! Si j’avais voulu parodier Beck et la vague slacker de 93, j’aurais pas fait mieux. Ça a salement vieilli mais… J’aime bien ?

18h12 Je m’amuse sur mon panneau de configuration à changer la couleur de mes fenêtres.

18h21 Daddy’s Gonna Pay For Your Crashed Car. LOL. Je rêve ou ils sont en train de faire de la dance music ? QUE SE PASSE-T-IL ?

18h22 Non, c’est bon, c’était juste l’intro. Le reste du morceau est juste la même soupe que d’habitude avec un DJ qui bidouille derrière. DJ Eno ?

18h24 Some Days Are Better Than Others. À qui le dis-tu… Même John McClane m’envierait.

18h35 Qu’est-ce qui est pire que Bono ? Bono qui chante aigu sur Dirty Day. L’occasion d’ouvrir la première bière.

18h41 Pauvre Johnny Cash. En entendant The Wanderer, Rick Rubin s’est dit : « Le vieux est sénile, c’est maintenant ou jamais. » Et ça a donné les « American Recordings ».

18h45 À la fin, y’a une alarme, j’ai cru que c’était mon radioréveil et que tout ceci n’était qu’un cauchemar. Mais non, c’est juste Brian Eno qui a trouvé ça drôle. Va te faire foutre Brian.

18h46 Cela dit… Peut-être que c’est la fatigue mais… « Zooropa » est l’album de U2 que j’ai le moins détesté ? Celui où il y a le plus de moments où je me suis dit : « Ah tiens, ouais, pourquoi pas. » Il est bizarre et être bizarre, c’est mieux que médiocre. Dommage que je n’ai pas pu l’apprécier parce qu’il fait déjà nuit et que je viens de me taper du U2 PENDANT SEPT HEURES D’AFFILÉE.

18h48 1997, l’année d’ « Ok Computer », des Spice Girls et de « POP ». Qui fut un bon gros flop si mes souvenirs sont bons. Hâte de subir ça ! Allez, en route pour la Discotheque !

19h02 Mofo pour le coup, c’est de l’eurodance, de la vraie ! U2 est dans la place ! Yolo les djeuns ! Très bon morceau si vous êtes un agriculteur qui veut stopper net une rave party.

19h05 Je ne comprends pas comment on peut enchaîner trois morceaux vaguement dansants, vaguement électro, avec une liturgie geignarde comme If God Will Send His Angels dont même Elton John aurait pas voulu pour pleurer la mort de Diana. La seule cohérence d’ensemble ? C’est de la daube.

19h09 Staring At the Sun. JE PEUX PAS ! IL FAIT NUIT BANDE D’ENFOIRÉS ! Quand je pense que je suis en train de louper Hanouna pour cette parodie d’Oasis avec quatre ans de retard.

19h22 Le saviez-vous ? Miami, la pire ville des États-Unis, est également la pire chanson de U2. Je préférerais réentendre trois fois Gloria plutôt que subir cette purge. Deuxième bière.

19h27 Dans The Playboy Mansion, Bono se demande ce qu’il doit faire pour passer les portes de la villa Playboy. Au même moment, Hugh Heffner ordonne à sa sécurité de rester sur le qui-vive.

19h32 Vous vous souvenez quand j’ai dit que Miami était la pire chanson de U2 ? Je vous présente If You Wear That Velvet Dress.

19h37 Je vous présente Please. La compétition est de plus en plus rude.

19h42 Wake Up Dead Man. Même le refrain a de la peine pour moi. T’inquiètes Bono, je me lève, j’ai des fourmis dans tout le corps et besoin de frapper un mur.

19h48 J’entends les casseroles du voisin mais je n’ai pas faim, l’un des premiers signes de dépression. Après m’être dégourdi les jambes, je me recroqueville en position du fœtus et pleure pendant que Beautiful Day tourne dans le vide de mon existence.

19h53 « ALL THAT YOU CAN’T LEAVE BEHIND », c’est l’album du comeback ! L’album qui a pansé les plaies du nouveau millénaire ! Eno et Lanois aux commandes, à l’ancienne ! Bono qui active enfin son look lunettes noires ! Un trio de tubes d’emblée, bande-son de toutes les comédies romantiques sorties en 2000-2001 ! Tout en sirotant la troisième bière, j’essaye de roter en rythme avec les « wouuuouou » d’Elevation.

20h05 Kite. Sur mon carnet, je dessine un portrait de Bono étranglé par un cerf-volant.

20h13 Wild Honey. Dans tout ce marasme pop-rock FM, je n’entends même plus la basse de Clayton. Est-ce parce qu’elle est sous-mixée ou que toute cette merde m’a rendu sourd ?

20h24 Au beau milieu de When I Look At The World et de ma quatrième bière, je verse une larme car tout se mêle en moi : la Syrie, Fillon, Trump, l’insoutenable légèreté de l’être, le hachis parmentier de ce midi.

20h27 Les choses prennent un tournant encore plus sombre pendant New York. Par association d’idées mêlant l’aéroport de la pochette et le thème de la chanson, je me dis que, le 11 septembre, il y a forcément un passager qui écoutait U2 au moment où les terroristes ont pris l’avion en otage. Peut-être même Beautiful Day.

20h32 Nouvelle association d’idées à l’écoute de Grace qui me permet de résoudre un mystère. Bono chante que Grace est un nom parfait pour une petite fille mais aussi un mot qui peut changer le monde et à force de l’entendre débiter ses conneries mystiques et de voir des gosses sur les pochettes, je suis convaincu qu’il s’agit en vérité d’un prêtre catholique pédophile et que le monde irait mieux s’il était resté incognito dans une petite chapelle de Belfast. Ayé, je suis Charles Manson.

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20h40 Je détestais prendre le bus pour aller au collège parce qu’une fois sur deux, en 2004, tu te payais Vertigo à sept heures du mat’ à plein volume. La réentendre ce soir en ouverture de « How to dismantle an atomic bomb » est un point de non-retour. Je suis à deux doigts de capituler. Je commande une pizza.

20h47 En attendant le livreur, j’ai la bonne idée de faire un Solitaire. Que je perds. Même l’ordi n’a plus aucun respect.

20h50 Love And Peace Or Else. BONO ÇA FAIT SEPT ALBUMS QUE TU NOUS PARLES DE PAIX T’ES VRAIMENT QU’UN ESCROC J’EN PEUX PL… On sonne. Je suis sauvé. Paix et amour mes frères. J’ai même pas honte quand je paye le type alors que je suis en robe de chambre et qu’il me regarde bizarrement en entendant l’intro de City of Blinding Lights (qui elle me cassait les couilles lors du trajet de retour en bus).

21h11 La 4 fromages avec supplément fromage m’a refait. Trop drôle que je la finisse au moment où commence Crumbs From Your Table (les miettes de ta table en VF). Allez, je suis chaud les gars. J’ai fini le pack mais j’ai du whisky, du coca, le moral et la patate. Viens me chercher Bono.

21h18 Ils ont osé appeler un morceau Original Of The Species. J’en ai plus que marre.

21h26 La chanson-titre de « No line on the horizon » est, je n’ai pas honte de le dire, pas trop mal. Pendant la première minute, on dirait du Arcade Fire avec du cœur. Bon après, Bono gâche un peu l’effort en cabotinant plus fort que Clavier dans Les Visiteurs. Et à cette heure-ci, après tout ce que j’ai subi, ma capacité de jugement n’est pas du tout fiable. Balancez-moi le dernier Justice, je serais capable de danser, c’est vous dire.

21h35 Moment of Surrender. Je le redis : changez de chanteur, de producteur et raccourcissez les morceaux de trois minutes, vous aurez quelque chose de potable les mecs.

21h43 Par exemple, je ne suis pas contre la première minute de Unknown Caller. Après ça se gâte. Comme si un Bono ne suffisait pas, le voilà qui abuse du doublage de voix. J’ai plus l’énergie.

21h52 Get On Your Boots. DU ROCK AND RAUL ! Sérieux, The Edge fait pas que de la merde sur cet album et j’entends enfin la bonne vieille basse d’Adam Clayton mais bon, je picole trop là, je raconte n’importe quoi et même que j’ai encore perdu mon SOLITAIRE C’EST PAS POSSIBLE !

21h56 Ce moment gênant où tu écoutes Stand Up Comedy mais où tu préférerais écouter Kev Adams.

22h00 FEZ/Being Born est mieux que le King of Limbs de Radiohead. C’est dit.

22h06 Je pleure à nouveau à l’écoute de White As Snow parce que je sais la fin proche et que, si je suis un peu honnête avec moi-même, je sais que rien dans ma vie ne sera aussi intense que cette expérience, que ce tête à tête avec la bande à Bono. Quand je me lèverai demain, tout me semblera fade, plus rien n’aura d’importance. Je ne suis qu’un tas d’os qui attend la fin du monde.

22h15 Cedars of Lebanon. Je baigne dans un océan de quiétude où rien ne peut plus m’atteindre. Ce relent de pizza ne fera pas de moi un mortel car je flotte au dessus de la masse et ne regarde plus en arrière. Je n’ai plus de bières mais rien ne pourra m’arrêter. Je serais le meilleur dresseur.

22h18 Franchement, je sais pas si c’est parce que je vois le bout du tunnel mais « No Line on the Horizon » est la chose la moins horrible qui me soit arrivée aujourd’hui avec « Zooropa ». Presque de la relaxation niveau CD d’ambiance acheté à Jardiland.

22h20 Ne possédant pas de smartphone, je n’ai pas eu l’honneur de recevoir « SONGS OF INNOCENCE » en cadeau sournois. Tout ce que je sais, c’est que son titre et sa pochette sont une preuve supplémentaire dans mon dossier de pédophilie. Comment ? C’est le fils de Larry Mullen Jr.? Larry Mullen Junior Junior ? À oualpé avec son padre ? Bon, qu’on en finisse.

22h23 Le miracle de Joey Ramone. Je serais l’un des ayants droit, je porterais plainte.

22h29 California (There Is No End to Love). Les voilà qui profanent les Beach Boys maintenant ! Que fait la police ? Que fait Brian Wilson ? La sieste, sûrement.

22h38 Lors d’une journée normale, j’aurais presque pu supporter les 5 minutes 20 d’Iris (Hold Me Close). PAS AUJOURD’HUI !

22h40 1963-1970 : Les Beatles imite les Beach Boys qui imitent les Beatles. 2005-2014 : Coldpay imite U2 qui imite Coldplay.

22h44 À la fin de Volcano, il y a une chorale qui fait des chœurs. Ça pourrait très bien être projeté en boucle dans les hauts-parleurs d’Abou Grahib pour torturer les prisonniers. Ou à l’inauguration de Trump. Enfoiré de Trump, c’est de ta faute tout ça.

22h47 Sur la ligne d’arrivée, Bono réalise l’impossible : faire encore pire que ce que je croyais être le pire. Ladies and gentleman, je vous présente Raised By Wolves, élu pire morceau de toute la discographie de U2. Pour de vrai cette fois. Le refrain dit : élevés par des loups, nous avons été élevés par des loups. Je suis sur le cul.

22h51 Comment ça, Windows Media Player ? Danger Mouse est crédité ? Mais…

22h53 You’re Gonna Sleep Like A Baby Tonight. NON ! Je vais me pendre, je vois pas d’autre solutions.

23h00 ALLEZ ON Y CROIT ! Plus que deux morceaux. Toute ma vie m’a amené à ce moment. On tient le cap. Ce serait con de craquer maintenant. Pas après avoir gravi la plus haute montagne. Pas après avoir couru à travers les champs. Je trouverais ce que je cherche même s’il faut mourir.

23h05 Si près du but mais pourtant si loin… Le boss final est un duo avec Lykke Li. Priez pour moi.

23h08 Le silence.

23h10 La paix absolue.

23h15 J’ai In The Name of Love dans la tête.

Qu’est-ce qu’on a appris les enfants ? Déjà, ne le refaites pas chez vous. Ensuite, si quelqu’un vous colle un flingue sur la tempe en vous ordonnant d’écouter U2, choisissez « Zooropa ». N’achetez pas de hachis parmentier périmé chez Lidl. Ne confiez pas votre progéniture à Bono.

Et surtout, ne croyez jamais les sondages. Sinon, vous vous sentirez obligés de voter Fillon pour ne pas avoir à vous taper l’intégrale de Sting.

19 commentaires

  1. Très très Gonzai comme article : plein de méchanceté, de mauvaise foi, de références bien exactes et une démarche pas banale. De plus j’ai ri deux ou trois fois. De fait je l’ai lu et partagé. CQFD. Et soyez sans crainte : jamais jamais je n’approche d’un LIDL à moins de 100 mètres.

  2. C’est comme ton article Antoine: j’ai arrêté de le lire très, très rapidement…
    Le fameux U2 bashing, wouah, t’es sacrément burné dis donc!
    Et alors au niveau de l’humour et des blagues (répétées mais sans l’effet habituellement hilarant des running gags), tu repasseras.
    Alors oui; j’aime U2 et leur musique. Je me targue même d’être objectif puisque j’ai moins accroché à certains de leurs albums. Mais là ton papier sérieux, c’est juste une mauvaise blague pas drôle.
    Allez, sans rancune!

    1. seb, tu dis : « Alors oui; j’aime U2 et leur musique ». Par conséquent, penses-tu être le mieux placé pour ajouter « Et alors au niveau de l’humour et des blagues (répétées mais sans l’effet habituellement hilarant des running gags), tu repasseras. »? Non pas que ton goût pou Ioutou ne ternisse ton objectivité, mais aimé Ioutou, n’est-ce pas la preuve que l’on manque d’humour?

  3. J’ai pleuré de rire (Thomas, paye lui des vacances stp, il le mérite). Ensuite j’ai pleuré tout court parce que U2, bon sang… La purge ! Je sauve The Wanderer, seule tentative de ballade post atomique ruinée par Bonobo qui chie partout en fin de morceau. La plaie… Qui a t’il se plus pénible qu’un milliardaire humaniste ? Un milliardaire humaniste qui, heu, chante.

  4. Lol.
    667 minutes tu as dit? relol.
    Si si,Fillon passe,rerelol et re66 (F.F,how to dismantle an (FFF) atomic bomb)

    Yen a qu’ont perdu un pari où le gage était de défendre U2 dans les commentaires d’un article gage sur U2.

  5. Lieux communs, déjà lu, aucune nouveauté dans ces commentaires. Juste quelqu’un qui veut se faire mousser en se « payant » les vilains U2 qui jouent mal et chantent pas bien… ça fait lire. Nous sommes donc des millions à écouter de la merde, mais heureusement vous êtes là pour nous sauver… mais quand même, faut vraiment être con pour écouter U2 quand on n’aime pas U2. Je n’aime pas le boudin et je ne vais pas me forcer à en manger pour dire que ce n’est pas bon. Je laisse ceux qui aiment apprécier. Je dis juste que je n’aime pas. J’explique ça à mes enfants. Je ne veux pas en faire des intellectuels bien-pensants, donneurs de leçons. Le genre de ceux qui font couper la tête de ceux qui ne pensent pas comme eux pendant les révolutions. Et on peut aimer U2 et apprécier Television, si, si… Mais sur un point, je vous suis, ça fait du bien de se lâcher un peu.

  6. En même temps si en 40 ans ans U2 n’a jamais été réhabilité, c’est peut-être qu’il y a une raison (bongo ?). Tout le monde est réhabilité à un moment : Madonna, Moroder, Jarre (non heureusement lui c’est pareil aucune raison). Faut se faire une raison, vous êtes peut-être des millions à aimer U2 mais pour les gens qui écoutent de la musique ailleurs qu’au supermarché ou à la radio ben ça reste de la merde depuis 40 ans. Et c’est mal barré pour que ça change. Merci de ne pas ressortir les clichés intellos, bien pensant, etc… On va finir par croire que les fans de U2, en plus d’être sourds, seraient d’extrême droite…

    1. On peut aimer U2 et détester la radio et les supermarchés.
      On peut aimer U2 et les Pink Floyd. Vous pensez savoir mais vous de savez pas. Bisous.

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