« Too Slow To Disco Brazil », 19 titres funky venus tout droit d’Amérique du Sud, sélectionnés par un local et publié par un Allemand. De la came de qualité. Examen d’une émigration sonore choisie.

« Des compiles sur lesquels on peut presque danser ». C’est par cette phrase sonnant comme un avis de faiblesse que le DJ Supermarkt résume ses excellentes compilations. Une série de skeuds commencée en 2014 qui réunit le top of the top de la West coast disco des 70’s/80’s.

Trois opus plus tard, DJ supermarché décide de changer de boutique et d’aller se fournir dans un seul pays : le Brésil.  Un pays trop facilement associé aux poncifs de la prostitution en milieu forestier ou la carioca footballistique mais qui, paraît-il, à plein de choses à montrer. Pour cela, un invité spécial à la programmation a été convié, le génial producteur Ed Motta !

Vous ne connaissez pas Ed Motta ?

Pas grave lui aussi, mais vous devriez connaître Roy Ayers, Seu Jorge ou Gilles Peterson. Si oui, sachez que notre producteur-compositeur a travaillé avec tout ce beau monde. Neveu du monstre brésilien Tim Maia, cet homme a tout pour plaire et produire des sonorités de qualité AAAAA. Après écoute de ses titres Smile ou Mentiras Faceis, on suppose que le mec a bon goût. A noter : avant d’être un musicien comme les autres, Mr Motta est d’abord collectionneur de musique en tout genre et surtout l’heureux propriétaire de plus de 30 000 items musicaux. Impossible de trouver mieux comme homme providentiel pour nous faire découvrir les arcanes du pays jaune et vert.

Allo Rio, je vous confirme que vous avez de très très bonnes tracks. Ed nous liste un catalogue brillant de ce qu’il s’est fait de mieux en brésilo-disco. Genre avec un grand nombre d’artistes de qualité comme : Rita Lee & Roberto, Kiko Zambianchi ou Carlo Bivar pour les plus connus… Zikos qui doivent être considérés comme des stars à côté de l’Amazonie mais qui pour nous restent sacrément obscurs. Et pourtant on devrait les connaître car on dodeline fort de la tête lors de l’écoute de « Renascendo Em Mim » par Don Beto. On se voit déjà en décapotable rouge accompagné d’une blonde sur une autoroute californienne. Non, pardon sur la BR-101 entre Sao Paulo et Rio avec une brune pulpeuse. Cette musique c’est pour les poseurs mais pas que, la poésie est là, la Saudade du pays comme disent les locaux. Guilherme Arantes avec son Coisas Do Brasil est venu pour nous rappeler ça de sa tendre voix, un timbre qui se placerait sur bonne vieille bossa de l’oncle Jobim avec perfection.

https://youtu.be/_tdkZlbNyb0

Années 80 oblige, les moustachus ont une part belle dans la prog’, Junior Mendes est là pilositeusement et musicalement avec son titre Copacabana Sadia pour s’assurer du quota Magnum. Quant au genre roi des booms il n’est pas en reste, Biafra gère le slow de fin de soirée. Une larme coule quand on l’écoute, ça nous donnerait presque envie de pardonner Michel Telo, l’interprète du très casse bonbon Ai se eu te pego, le temps d’un tendre slow.

C’est ça la force de ce disque; arriver à faire aimer la musique brésilienne à ceux qui trouve qu’elle devrait rester dans un carnaval.

Au coeur de la playlist, un joyau : Guarde Minha Voz de Sandra de Sà. Un pastiche de Stevie Wonder saveur churrasqueria. Cependant cela n’a rien d’une pâle copie qu’on pourrait retrouver sur les marchés de Bangkok, le pianiste à lunettes peut être fier car cette chère Sandra a trouvé la tension parfaite entre l’influence Américaine et le groove naturel brésilien. Malgré tout, chassez le naturel et il revient en jazzant, sur Acordes E Sementes de Gelson Oliveira. L’influence Bossa n’arrive pas à se cacher bien longtemps, dès l’intro on dirait que Miles Davis est sorti de l’ascenseur pour lâcher deux trois notes. Ce n’est pas à notre déplaisir car c’est ça la force de ce disque; arriver à faire aimer la musique brésilienne à ceux qui trouve qu’elle devrait rester dans un carnaval ou dans d’un lobby d’hôtel.

Résultat des courses, un sans fautes pour cette compilation qui rappelle que le plus grand pays d’Amérique du Sud sait faire autre chose que du reggaeton.

Too slow to disco Brasil // compilation par Ed Motta sortie le 4 Mai dernier
http://tooslowtodisco.com/brasil/

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