La musique des C-Types se décode en langage C. Ressemble à la vie des hommes, tantôt classieuse, tantôt crasseuse. Avec Devil on 45 je traverse l’Allemagne dans la Cadillac chromée des teutons d’Hessen. Cheveux au vent, je croque enfin des cuivres démoniaques et croise les cordes de l’enfer.

Parfois, il n’y a pas à tergiverser. Si j’ai eu envie de chroniquer ce Devil on 45 en forme de revival rockabilly survitaminé, c’est bien pour la fraîcheur qu’il procure. Notamment par l’utilisation des cuivres qui, enfin, éclatent et rugissent. Et oui, car à trop écouter de groupes qui dégueulent leur trop-plein de bière dans leurs cuivres soporifiques, je m’étais bêtement mis dans l’idée que Jean-Claude Borelly avait finalement du talent et que, quelque part, l’orchestre du splendide était culte. Qu’il me faudrait désormais, sans broncher et pour longtemps encore, subir la trompette en sourdine sur fond de mélopées interminables d’Alexi Murdoch et des Delano Orchestra ou, pire, les renvois de bandas cuités à la sangria des Revolver USA. Le mou lénifiant étant devenu la norme cuivrée d’un monde musical pulmonaire, il me fallait reprendre des forces démoniaques pour enfin cracher mon venin. Les C-Types m’offrent aujourd’hui cette opportunité dans laquelle je m’engouffre avec un certain plaisir. Leur musique 60’s a un côté crasse et un côté classe, leurs cuivres puissants et clinquants accompagnent des cordes endiablées sur fond de caisse claire et grosse caisse sur excitées. Avec eux, je prends une bonne bouffée d’air pur à l’arrière d’une Cadillac décapotable traversant l’Allemagne sur une route 66 imaginaire qui relierait le lac de Constance au Cap Arkona.

Costard-cravate ou chemise à carreaux ?

On peut effectivement hésiter. Faire l’éloge des C-Types, c’est se confronter à ceux qui n’y entendront qu’une énième tentative de faire revivre un genre éculé juste bon à aiguiser l’appétit de vieux rockeurs aux bananes grisonnantes. Mais à bien y entendre, leur rock’n’roll archi classique peut se consommer indifféremment cornichon/corned beef ou caviar/champagne. Pour cela, il ne faut pas avoir peur de retrouver ses bas instincts. Savoir apprécier la bandouille du matin avant de partir pour Carpentras offrir champagne et caviar à une call-girl à bord de sa Cadillac en ne sachant pas encore où enterrer le cadavre qui encombre le coffre. Devil on 45 c’est du Tarentino spaghetti, un James Bond en santiags arborant la banane de Leningrad cow-boys lâché en pleine  forêt noire. Personnellement je les trouve plus classe que crasse et m’en remets totalement à eux pour retrouver ce qui me manque. Les C-Types se décodent en langage C. C comme « cuivres démoniaques » ou « cordes de l’enfer », j’ai choisi ma façon de les consommer, très loin des coassements interminables des groupes aux poumons calcinés.

The C-Types // Devil on 45 // Hazelwood Vinyl Plastics
http://www.myspace.com/thectypes

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