Alors comment contourner l’obstacle au moment de la sortie de « Ballroom », sixième album de Tahiti 80 ? En organisant un apéro blindtest bien sûr !
Justin Timberlake – Rock Your body
Xavier Boyer : N.E.R.D ! Euh… non, Justin Timberlake ! Don’t Be So Cruel je-ne-sais-plus-quoi… C’est produit par Pharrell Williams et c’est un super morceau. Ah non, le titre, c’est Rock Your Body finalement. J’ai repris ce morceau avec Tim Keegan il y a longtemps. Il avait une résidence au Pop-In et il invitait des artistes recommandables comme Emilie Simon ou Robyn Hitchcock. Depuis deux ans, on ne parle plus que de Pharrell Williams, ce qui est justifié vu ses succès survenus après une petite période de creux. Ce titre date de l’époque des Neptunes et de N.E.R.D dont j’adore le premier album. Je l’ai beaucoup écouté, et m’en suis inspiré. L’alternative, c’était des trucs comme les Strokes ou les White Stripes.
Un choix entre le mainstream ou l’underground ?
Xavier Boyer : Non. Des gens crédibles à l’époque disaient que les Strokes étaient géniaux mais je ne m’y retrouvais pas. J’avais une impression de déjà-vu alors que le travail de Pharrell Williams et Chad Hugo était plus novateur. Il y avait chez eux une volonté de modernisme et de métissage et c’est une idée à laquelle je suis très sensible. Ils venaient du hip hop, ont apporté avec eux leurs influences soul seventies tout en les confrontant à un songwriting plus proche de la culture blanche.
Timberlake chante magnifiquement, bien mieux que Pharrell Williams. Je crois que cette chanson a été proposée à Michael Jackson mais qu’il l’a refusée. Peut-être serait-il encore vivant s’il avait accepté… Il y a toujours eu des passerelles entre la musique noire et la musique blanche. Le R’n’B a été très innovant même s’il est tombé dans la caricature par le biais des clips et de l’image. Il reste des trucs très bien : Kanye West, même si sa musique est parasitée par plein de choses qui vont autour. Pour en revenir à cette chanson de Justin Timberlake, elle est parfaite, et se suffit à elle-même, bien meilleure que Get Lucky de Daft Punk par exemple.
A la même époque, Outkast a sorti son double album “Speakerboxxx/The Love Below” et on était tellement fan qu’on a voulu bosser avec deux mixeurs : Neil Pogue, qui a travaillé sur ce disque d’Outkast, et Serban Ghenea, qui a mixé Rock Your Body justement. C’était l’époque où on avait une maison de disques qui croyait en nous et était prête à mettre de l’argent : c’était Atmosphériques. L’album en question, c’est “Fosbury”. Le label nous a demandé avec qui on souhaitait travailler et a suivi quand on le lui a dit. Neil Pogue nous a rejoint à Rouen dans un studio minable au fond d’une cave, il y avait des coupures de courant tout le temps et il a fait son truc, super motivé. Le mixage final a eu lieu à Los Angeles aux studios Larrabee. Et la maison de disque nous a poussé, elle souhaitait qu’on voit plus grand. On y a travaillé en même temps que Snoop Dogg, ses potes jouaient au basket et des membres de Tahiti 80 achetaient leur beuh au dealer de Snoop. Et simultanément à ça, Serban Ghenea travaillait à d’autres morceaux de l’album sur la Côte Est. C’était les années 2000, voilà !
J’ai décroché de toute cette musique par la suite, je me suis senti overdosé.
Primal Scream – Movin on Up
Xavier Boyer : Primal Scream et c’est Movin on Up ! Je vais encore passer pour un vieux con, mais on reprenait ce titre avec mon premier groupe en 1992 et c’était vraiment le groupe de lycée, qui sonnait suffisamment rock pour que cela permette les solos de guitares. On n’avait pas tout à fait les mêmes aspirations, entre le mec qui voulait faire des reprises des Doors et moi qui écoutais Ride et Teenage Fanclub. Le groupe a duré au moins six mois, le temps de finir l’année scolaire.
Primal Scream est un groupe qui me parle beaucoup, notamment ce côté imposteur qui leur colle à la peau. De batteur debout de Jesus & Mary Chain, Bobby Gillespie devient leader d’un groupe dont le premier album sonne comme du sous-Byrds. Ensuite, Primal Scream devient un sous-MC5 avant d’être sauvé de la noyade par Andrew Weatherhall qui leur remixe un morceau sous-Stones. C’est remarquable et Weatherhall est quelqu’un avec qui nous aimerions travailler dans l’absolu. Je ne vais pas dire que ça s’arrête à ça mais les hybridations qu’il a créées sur cet album sont très réussies. Weatherhall avait fait un remix absolument génial de Soon de My Bloody Valentine : les breakbeats sont toujours aussi contemporains vingt-quatre ans après, cela nous arrive de le passer dans le cadre de DJ sets.
Pour en revenir à “Screamadelica”, c’est un album de mélanges qui est réussi. Là, on est en train d’entendre un morceau gospel et puis on va passer à autre chose par la suite : Higher than the Sun, puis un morceau house dont j’ai oublié le nom (NdA : Don’t Fight it, Feel it) et ainsi de suite. Ce qui me plaît dans ce groupe, c’est que ce sont des fans de musique, ils ont écouté plein de disques, et ils ont essayé de confronter toutes leurs influences. Sur l’album suivant qui est tout pourri, “Give Out But Don’t Give Up”, je sauve deux morceaux. Personne n’a envie d’écouter Primal Scream faire du rock sudiste ! Et c’est pourtant ce qu’ils font… J’aime bien “Vanishing Point” avec les boîtes à rythmes qui sonnent krautrock puis “XTRMNTR” qui, comme son nom l’indique, est très extrême. Ma préférence va à “Vanishing Point”, il suffit de voir le film ensuite (Nda : Point Limite Zéro est un road movie barré et indispensable sorti en 1971) et tu vois que ce sont des gens qui ont bon goût. Ils ont créé des choses en en mélangeant d’autres.
Est-ce qu’ils n’ont pas procédé ainsi parce qu’ils étaient incapables de créer différemment ?
Xavier Boyer : C’est un groupe totalement référencé et qui l’assume, ça ne me dérange pas. Ils sont vraiment capables du meilleur comme du pire. Sur le dernier album, ils ont fait un sous Movin on Up vraiment bizarre et qui ne fonctionne pas. Et bien je comprends ces mecs : c’est eux qui ont inventé ce truc-là, c’est leur héritage et ils peuvent tenter de se revisiter. Ils sont parvenus à transcender leurs influences sur certains disques, il faut le reconnaître. Quand on réécoute les premiers singles où ils jouaient aux Byrds – Velocity Girl par exemple – et bien on se rend compte que les Stone Roses s’en sont inspirés et sonnaient de la même manière. Il y a eu des ponts entre eux, Mani a joué de la basse pour les deux groupes, c’est le mec le plus sympa du monde, le Dorian Gray de la musique.
Il a pris cher quand même !
Xavier Boyer : Oui, bon, il a un peu vieilli… J’ai trouvé que son groupe de bassistes, Freebass, avait le meilleur nom possible pour un groupe de junkies. Pour en revenir à Bobbie Gillespie, il y avait à une époque toutes sortes de discussions pour savoir si tel rockeur était crédible ou non, s’il portait les bonnes fringues. Et bien le concernant, il a été batteur de Jesus & Mary Chain, bassiste pour The Wake, qui a été signé chez Sarah Records. Gillespie était crédible pour le coup, il était partout.
Je l’ai croisé à St-Paul-de-Vence : il attendait dans la rue pendant que sa femme choisissait du tissu dans un magasin. Il avait l’air de se faire chier et m’a paru comme un insecte qui aurait grillé au soleil. On dirait que les drogues ont entamé son système nerveux. Et bien il est sorti de sa torpeur quand je lui ai dit que Bill Wyman passait sa retraite dans le village. Il est devenu le sponsor de Ron Wood aux Narcotiques Anonymes depuis… Allez, morceau suivant !
Tahiti 80 – Big Day (Booka Shade mix)
Xavier Boyer : On dirait un remix de Tahiti 80 ! C’est quoi ? John Talabot ? Swayzak ?
Tu as le temps de réfléchir, le morceau dure 10 minutes !
Xavier Boyer : C’est Big Day remixé par Booka Shade ! A une époque, on a fait appel à des remixers connus, on s’est acheté leur notoriété, comme Swayzak, Talabot ou Simian Mobile Disco. Le problème, c’est que je n’écoute jamais ça chez moi ! Ici à fond pendant dix secondes, c’est différent, c’est bien et ça prend tout son sens.
Tu écoutes des musiques électroniques ?
Xavier Boyer : C’est marrant que vous me posiez la question. Toute à l’heure, je lisais LYLO en attendant un rendez-vous, et j’ai regardé si notre concert à la Maroquinerie était mentionné dans l’agenda. J’ai vu qu’un ‘E’ signifiant électro suivait “Tahiti 80” dans le programme alors que je ne considère pas du tout notre groupe comme électro, je n’ai pas cette culture dancefloor. J’aime la soul et le funk, et le remix que nous sommes en train d’entendre devient intéressant à mon sens lorsque les cordes apparaissent.
Sur notre ancien label, Atmosphériques donc, il y a eu un moment où il y avait beaucoup d’argent à dépenser – c’était ça ou payer des impôts – et on nous a offert un remix par Todd Terry de notre morceau qui avait le mieux marché, Heartbeat, en nous prévenant que si le résultat ne nous satisfaisait pas, le morceau ne paraîtrait pas. C’était il y a quinze ans et les moyens de l’époque ne permettaient pas de faire du time stretch aussi bien que maintenant. C’est le procédé qui consiste à modifier le tempo d’un morceau sans en changer la hauteur tonale. L’inverse de la voix de Lennon dans Strawberry Fields Forever par exemple. Déjà que j’ai une voix aiguë, alors si en plus on l’accentue… Et donc quand on a entendu le résultat, soit quatre pistes, c’est comme si on découvrait un mégamix des Village People. Cela ne fonctionnait pas : il ne suffit pas de prendre une chanson pop, d’y rajouter un kick et d’accélérer le beat pour que le résultat soit réussi.
On a évidemment demandé à la maison de disques de ne surtout pas sortir ce remix, mais vu qu’ils avaient déboursé 15 000 euros pour ça, ils en ont pressés dans notre dos. La mauvaise surprise : “mais attendez, c’est quoi ce truc dans les charts NRJ ?” Parfois quand on sort en club au Japon, les mecs nous le passent en pensant nous faire plaisir ! C’était un mélange qui n’est pas du tout réussi. On est sensible à l’épure, à l’écriture du son, le soundwriting. J’écoutais ce qui se faisait en électro il y a vingt ans, à l’époque de KLF… On a parlé de Simian Mobile Disco, j’aime bien ce qu’ils font, et c’est étrange qu’ils soient connus pour ce remix dégueu de Justice. Ou alors est-ce l’inverse, Justice qui est devenu célèbre grâce à ce morceau abominable. Ces gens sont multicartes et peuvent switcher en travaillant avec n’importe qui.
Wild Nothing – Chinatown
Xavier Boyer : Faut que je trouve sinon je vais passer pour un con, c’est ça ? Donnez-moi un indice.
Le titre de cette chanson est celui d’une de vos chansons.
Xavier Boyer : Heartbeat ? Je ne vois pas. On dirait un truc post Sarah Records. Ça sonne comme Real Estate ou Ian Brown. Je sèche, là.
C’est Wild Nothing. C’est un morceau qui date de 2012.
Xavier Boyer : Ah oui, on est bien bien après les Field Mice là, pour le coup ! Mon petit frère est fan de ça, alors j’ai écouté bien sûr. Cela me fait penser à Real Estate, dont le dernier album est horrible : on sent les influences et il n’y a pas grand-chose de nouveau. La nouveauté est rare en général, de toute manière. C’est mélodique mais je déplore le côté parfois “on joue pour les stades” de ce genre de groupe. Le refrain que l’on vient d’entendre est un gros refrain : cela ne joue pas sur la force de la mélodie mais plus sur une forme d’emphase. Et la question que je me pose est la suivante : est-ce parce que la musique rapporte de moins en moins que ces jeunes groupes cherchent à avoir un impact plus rapide ? Des groupes tout jeunes sont déjà pompiers, ils n’ont jamais rempli de stades mais ils ont les chansons pour. Il faut capter l’attention des gens, il y a obligation de résultat.
Je suis donc assez méfiant et difficile avec ces artistes. Et pourtant, Real Estate et Wild Nothing sont des groupes indie, ils se revendiquent d’autre chose. Ils sont partis de ce que proposait Sarah Records et ils ont bodybuildé leur musique.
C’est très juste pour un groupe comme The Pains Of Being Pure At Heart.
Xavier Boyer : Là, ce morceau de Wild Nothing me fait penser à Etienne Daho qui chanterait en Anglais. Ils veulent faire de la pop, mais le refrain est impossible à chanter. En tout cas, je n’y arriverais pas ! Voilà un groupe qui n’est pas du tout influencé par les Jesus and Mary Chain, par exemple ! Ce n’est pas très abrasif, c’est lisse. On a l’impression que c’est indé mais c’est mainstream à l’arrivée. Et je dis ça d’autant plus facilement que la musique de Tahiti 80 paraît bien lisse pour un certain nombre de personnes. Et j’assume que nous essayions d’écrire des chansons pop pour trouver la chanson pop parfaite, tout en sachant qu’on n’y arrivera jamais. On a été à une autre école : on ne cherche pas à rendre nos chansons subversives mais à y intégrer un élément perturbateur pour ne pas qu’on ait l’impression d’être complètement en train de glisser sur une autoroute.
Ce son de guitare là, on l’a entendu mille fois, ces groupes sont totalement interchangeables. On s’en lasse très vite. J’ai vu le making of du dernier album de Real Estate, je crois qu’il est enregistré dans le studio des mecs de Tortoise à Chicago. Les musiciens ont eu un petit succès avec l’album précédent avec quelques morceaux très jolis. Là, ils ont une semaine pour faire l’album et il n’y a pas de miracle bien sûr. Ils ont perdu en route leur innocence des débuts. Ça ne sonne pas trop mal, ça reste un générique par rapport à des tas d’autres disques du même genre. Ils ont fait un disque parce que c’est leur fond de commerce, mais c’est tout. Aujourd’hui, il faut produire pour ne pas disparaître.
Tu écoutes des trucs mainstream ?
Xavier Boyer : Sur notre page Facebook, on a utilisé les termes “edgy soft rock hard pop synth symphony” pour qualifier notre musique. Le soft rock, c’est cette musique américaine des 70s où on a l’impression que les mecs fument des joints sur leur yacht. La technologie de l’enregistrement analogique arrive à son paroxysme, c’est post-Beatles, et c’est très chouette : les Carpenters, les Isley Brothers. C’est amusant de voir que Fleetwood Mac est le groupe le plus revendiqué du moment et qu’il succède en cela au Velvet Underground dont personne n’avait acheté le premier album à sa sortie. “Rumours” de Fleetwood Mac, c’est un disque qui s’est vendu plus de 40 millions de fois. On n’est pas tout à fait dans le même rapport ! J’adore “Tusk” de Fleetwood Mac aussi, c’est remarquable.
Hüsker Dü – Pink Turns To Blue
Xavier Boyer : C’est Hüsker Dü, c’est un morceau de Zen Arcade ?
Oui.
Xavier Boyer : C’est un groupe qui a influencé pas mal de groupes que j’ai aimés. J’ai toujours détesté Sugar en revanche, c’est gras-du-bide. Je préfère les chansons de Grand Hart je pense. Cet album est génial : leur démarche me fait penser à celle de Lars Von Trier, au dogme que lui est d’autres s’étaient imposés. Les notes de pochette mentionnent des choses comme “on a tout fait en une prise excepté deux titres.” Il n’y a pas de retouche, chacun chante ce qu’il a écrit sauf sur une chanson peut-être. On était en tournée il y a un mois et j’avais acheté ce disque à un vide-grenier, je ne connaissais que quelques EP d’Hüsker Dü, notamment leur reprise des Byrds sous amphétamines, Eight Miles High. “Zen Arcade” est un disque abrasif, ce n’est pas très bien enregistré mais il se passe quelque chose. Les morceaux sont tous différents, il y a des interludes au piano, et le dernier titre est une sorte de jam progrock hardcore. Juste avant, il y a un morceau qui annonce les Foo Fighters qui sont quand même le groupe de rock le plus nul du monde. C’est middle of the road et il n’y a rien à sauver à part leur premier album qui était vraiment chouette, avec un morceau qui ressemblait aux Lemonheads, Big Me.
Pour en revenir à Hüsker Dü, on vit maintenant à une époque où tout le monde enregistre ses disques sur ordinateur et sur cinquante pistes. L’innocence de ce groupe à l’époque est impensable aujourd’hui à cause de la technologie.
INXS – New Sensations
Xavier Boyer : INXS !
Oui, ta musique me fait penser à cela !
Xavier Boyer : Il y a des trucs que j’aime bien chez ce groupe, ils ont écouté Prince et voulu faire du funk blanc à leur manière. U2 a essayé la même chose, et je trouve qu’INXS a mieux réussi que U2 avec “Achtung Baby” parce qu’il n’y a pas toute cette prétention artistique qui allait autour. Cet album, “Kick”, est rempli de tubes, ils ont réussi cela.
Leur chanteur était très sexuel !
Xavier Boyer : Oui, et il est mort d’une pendaison de crémaillère de la branlette…
Le David Carradine du rock…
Xavier Boyer : Voilà. On s’est inspiré de ces sons sur notre dernier album : les batteries des années 80 qui claquent et sont carrées comme des boîtes à rythmes. On a humanisé ensuite l’ensemble en jouant les charlestons et les cymbales en vrai, contrairement au kick et à la caisse claire. Là, ce qu’on entend sonne très froid mais il y a de l’âme là-dedans. J’imagine qu’à l’époque, on considérait que c’était le nec-plus-ultra de la musique digitale, c’est de la musique pour CD. Ça sonne comme U2 qui imite Prince, il y a quelque chose qui se crée par l’addition de ces deux éléments même si, au final, il n’y a pas grand-chose : une ligne de stratocaster et un kick. J’aimais beaucoup Need You Tonight sur l’album.
Fortune – Under The Sun
Xavier Boyer : Bon, c’est Français ? Cela me fait penser à ABC…
C’est Fortune.
Xavier Boyer : Je connais, ils ont remixé un de mes titres dans le cadre de mon projet solo Axe Riverboy. Je crois que leur leader est né dans la même ville que moi du Finistère : Morlaix. Bon, ce que j’entends là est bodybuildé. A une époque, tous les groupes copiaient Noir Désir, et aujourd’hui, c’est Phoenix la tendance. C’est abominable, c’est trop puissant, c’est un truc qui pourrait peut-être faire danser les gens en boîte mais qui écouterait ça chez lui ? On sent là encore une volonté d’avoir un impact pour marquer les esprits.
En réécoutant notre avant-dernier album, j’ai réalisé qu’il contenait des singles plus forts, plus accessibles que notre dernier disque où c’est moins visible, cela s’entend mieux. Et bien c’est avec « Ballroom » que nous avons eu les meilleures critiques en France, et de très loin par rapport à nos albums précédents. Comme si on avait tourné le dos à une certaine forme d’efficacité pop, qu’on s’était débarrassé de ce côté trop évident, et que les gens avaient découvert autre chose dans nos chansons : l’ambiance, les suites d’accords, la production, les paroles… On voulait peut-être tout montrer dès le début auparavant. Bon, les singles restent des morceaux de 3 minutes 30, mais ils sont probablement moins maquillés pour le grand public. Attention, je ne dévalorise absolument pas ce que nous avons fait avant.
Qu’est-ce que tu trouves efficace, en pop actuelle ?
Xavier Boyer : Une chanson pop que je déteste mais que je trouve efficace, c’est Gotye avec son Somebody I Used to Know. Il chante comme Sting et Phil Collins, le mec sort de nulle part et il cartonne. C’est une sorte de tour de force… Ce n’est pas un super exemple parce que je n’écouterais jamais ça chez moi. C’est le truc qui passera sur Nostalgie et plaira à ton grand-père, ta mère et tes enfants. Sinon, le songwriter indépassable, c’est Paul McCartney bien sûr.
C’est pas très contemporain McCartney…
Xavier Boyer : Attendez, je vous ai cité Gotye, j’ai joué le jeu ! Happy n’est pas une mauvaise chanson même si je préférais N.E.R.D. L’évidence du Young Folks de Peter, Bjorn & John est remarquable, c’est la pop populaire ultime ! Ça doit être l’enfer pour eux de faire des concerts : il n’y a qu’un morceau que les gens attendent. S’ils jouent Young Folks, les gens se cassent direct et le concert est terminé. La plaie !
Holland-Dozier-Holland – Why Can’t We Be Lovers
Xavier Boyer : C’est pas Teddy Pendergrass ? Leon Ware ? Je sèche…
C’est Holland-Dozier-Holland.
Xavier Boyer : OK ! C’est superbe… On dirait What’s Goin’ On de Marvin Gaye, ce sont les mêmes musiciens Motown qui jouent dessus de toute manière.
“What’s Goin’ On” est sorti un an avant ! Bon, qui finissez vos verres que je vous resserve !
Propos recueillis par Love Gérard, Albert Potiron, Rosario Ligammari et Romain Flon
Tahiti 80 // Ballroom // Hot Puma
http://tahiti80.com
5 commentaires
Les quadras ? Enfoiré !
« Les quadras »..putaing’..
J’ai hésité entre quadras et « les sexes humains », ne me demandez pas pourquoi. Un stagiaire qui se respecte est un stagiaire mal informé, c’est la règle.
Il est bon et beau ce Ballroom. J’étais pas retourné à Tahiti depuis Puzzle (1999 !).
Et là, ni gras ni artifices, de la pure pop qui mouille. Richard Swift à la co-prod, excellent choix.
Sous le sable, des bestioles et coquillages tout bizarres. Dans l’océan, des corps d’amoureux déchus.
Derrière l’évidence des morceaux, le trouble d’une soirée confettis passée à imaginer les filles nues.
Xavier a la dent dure avec Real Estate ; j’aime bien mais je comprends ; musique agréable de puceaux frissonnants d’un rien.
Par contre, le premier N.E.R.D. et Zen Arcade dans le sac pour l’île déserte.
Enfin, pas fait mention des Beach Boys, l’obsession visible de Ballroom. Mais bien digérée, transfigurée, comme chez High Llamas.
un quadra en brasse coulée
la caissière de g 0 tjrs avec l’un 2 ?