(C) Annick Wetter

Il a été le Young God suisse le plus bankable de la planète underground but chic puis de la planète pop-rock. Il a vendu deux millions d’exemplaires de son album Engelberg, et un million de Carcassonne. Bref, si à 50 ans tu n’as pas de disque de Stephan Eicher, c’est que tu as raté ta vie. Et si tu les a revendus à Cash Converters, c’est que tu n’as probablement pas de Rolex non plus (double peine). Juste avant son nouveau passage à l’Olympia pour trois soirs, interview exclusive avec le musicien suisse pour évoquer, le temps petit déjeuner tranquille, ses années synthétiques.

Vous avez fait votre premier Olympia en 1985, vous aviez 25 ans. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur vos jeunes années synthétiques ?

Ma « carrière » a commencé en Allemagne, avec le groupe Grauzone… Nous étions très jeunes – mon frère Martin 19 ans, moi 21 – et très méfiants à l’égard des médias. Il n’y avait donc pas de photos et nous faisions toujours des interviews dans l’attitude des dadaïstes zurichois du Cabaret Voltaire de la Spiegelgasse, nous les mettions en scène comme des happenings, ce qui était très mal accueilli par la presse et la maison de disque allemande. En France, par contre, j’ai trouvé des intervieweurs ouverts et curieux, comme des bookers et encore des maisons de disques (le Barclay des années 80)… La façon française correspondait bien mieux à mon attitude un peu sauvage et timide envers les médias. Tout comme mon accueil sur scène à l’époque, avec Les Transmusicales de Rennes, le Printemps de Bourges et ce premier Olympia, seul sur scène avec une Telecaster, un beatbox et deux synths…

Stephan Eicher réchauffe Grauzone

Peut-on parler de période « Sexe, Korg et rock ‘n’ roll » pour vous à l’époque ?

Si vous voulez, aha ! Aujourd’hui ça serait plutôt « Pilates, Médicaments et Olive Oil » !

Le grand public vous a découvert avec votre succès Two People in a Room. Réunissez aujourd’hui deux personnes que vous rêveriez de rencontrer dans une pièce, autour d’un café. Qui sont ces deux personnes ?

Mes parents ?

De quoi parleriez-vous avec eux ?

Du manque… (NDLR : Stephan a perdu ses parents à quelques semaines d’intervalle pendant la crise du Covid 19)

L’album d’où est extrait « Two People in a Room », I Tell This Night, a été classé N°23 par le magazine Rolling Stone dans son classement des « 100 disques essentiels du rock français ». Que cela vous inspire-t-il ? 

N°23, Oh, je ne le savais pas… Est-ce normal que j’ai un peu de mal ? (NDLR : N°23, juste devant le monument Amour Anarchie de Léo Ferré à la 24ème place, ce n’est déjà pas si mal, espiègle Stephan)

I Tell This Night pourrait-il bénéficier d’une réédition augmentée, comme ce fut le cas pour Les Chansons bleues, à l’occasion de son 40ème anniversaire l’an prochain ?

Une réédition avec les mixtapes qui l’accompagnent (Zorro S., The Dream Couple) serait une bonne idée… Nous avions déjà fait des rééditions avec les excellents labels Born Bad Records (pour Spielt Noise Boys) et WRWTFWWR (We Release Whatever The Fuck We Want Records) à Genève, pour le 40ème anniversaire de l’album de Grauzone… Merci pour ces idées…

I tell this night de Stephan Eicher, 33T chez grigo - Ref:22625520

Comme Amélie Nothomb, entretenez-vous une correspondance ou gardez-vous des liens d’amitié spécifiques avec certains de vos fans au fil des années ? 

Ce lien est toujours un peu délicat. Je copie la formule : « Stephan Eicher est un autre ». Mais oui, il y a forcément des liens…

(C) Annik Wetter


Vous allez vous installer à Londres cette année. Une destination logique finalement, pour le gentleman que vous êtes. Qu’allez-vous chercher là-bas, l’effervescence de La Dolce Vita, le club lausannois de vos débuts ? 

Il y a une énergie à Londres qui me semble très musicale, que je ne trouve pas ailleurs (Nashville est trop loin) et je suis adepte du « glandage », bref j’adore me promener dans des lieux nouveaux. J’ai habité à Berne, Lucern, Hambourg, Zurich, Lugano, Paris, Bruxelles, et récemment en Camargue et Genève. Là, Londres me sourit, mais Munich et Milano me laissent aussi des messages doux sur mon répondeur…

Choisissez le titre de votre autobiographie : Ni remords, ni regrets, Des hauts, des bas, 1000 et une vies, La Vie bleue, The Noise Boy ? Déjeuner en paix ?

Peut-être : « Faire c’est comme vouloir en mieux » ou « Lève-toi, essuie tes vêtements, ajuste ta couronne et continue ! »

Stephan Eicher sera en concert les 27, 28 et 29 février à l’Olympia (Paris) dans le cadre de sa tournée « Et Voilà ». Toutes les dates sur stephan-eicher.com.

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