Sous le soleil du mois d'août, il alluma sa dernière Marlboro. Un bout de papier et un vieux stylo à la main, il attendait que les mots viennent, confiant. Il observ

Sous le soleil du mois d’août, il alluma sa dernière Marlboro. Un bout de papier et un vieux stylo à la main, il attendait que les mots viennent, confiant. Il observa longuement l’eau dans laquelle baignaient ses pieds : il écrirait une chanson bleue. Ensuite, il plierait bagage et rentrerait à la maison.

C’est jamais plus compliqué que ça, à condition d’avoir l’œil. Faut avoir les tripes aussi, cela va sans dire. Ignorer de quoi demain sera fait, tout en gardant l’intime conviction que le futur sera coloré. Il ne suffit pas d’avoir une toile blanche et un bon pinceau, il faut avant tout avoir l’idée.

– Pourquoi vous faites de la musique ?
– Parce qu’y a rien d’autre à foutre.

Alors, c’est quoi l’idée ? Casser les oreilles du voisinage pour tromper l’ennui ? Dégueuler dans un micro pour tomber les groupies ? Mettre un peu de piment dans une vie trop fade ?

Non, en fait, ça relève de l’aventure. Elle est là l’idée : se lancer dans la musique, c’est prendre des risques. Faut en avoir dans le pantalon pour arriver à quelque chose de bien. Les petits minets s’évertuant à reproduire les Libertines, le Brian Jonestown Massacre et plus récemment les Black Lips, on s’en fatigue vite. Il faut résolument en avoir une sacrée paire pour s’écarter un minimum des sentiers battus par les aînés, et tout le monde ne peut s’en vanter.

Johan (guitare/chant) et Bastien (basse/chant) écument les concerts de la Ville Rose depuis déjà longtemps :

« On est toujours allés à tous les concerts de rock’n’roll à Toulouse depuis qu’on a découvert ce qu’organisait Lo’Spider. De là, on a monté nos propres groupes: les Rodeo Darlings et les Harry Rags. »

Ces esquisses durent quelques années, mais à fréquenter un public plus mature, ayant écouté bien plus de disques que la jeunesse estudiantine devant laquelle ils sont amenés à se produire, de nouvelles aspirations font surface. Rejoints par Paul à la batterie et Dennis au tambourin/chant, Shiva & the Deadmen voit le jour fin 2008, sous l’influence d’une scène et d’un public « garage », de ceux qui s’intéressent à autre chose que la soupe radiophonique servie dans la dernière pub pour Ipod. Le démarrage se fait sur les chapeaux de roues: composition, enregistrement des morceaux et premières prestations en l’espace de quelques mois. Des débuts prometteurs, certes, mais une identité qui reste encore à définir, nécessitant un réel affranchissement de l’effervescence musicale adolescente proliférant sur Myspace.

Johan et Bastien passent l’été 2009 sur les routes américaines en tant que membres provisoires de Jack Of Heart, pendant que Dennis se met à la guitare et lorsque l’équipe est à nouveau réunie, on redéfinit les objectifs :

« Pratiquer de façon basique ce qu’on écoute nous ennuie profondément. La musique est un art : rechercher, expérimenter et créer un apport c’est notre truc. Nous voulons donner de la couleur à ce qu’on fait. »

C’est ce désir ardent de création qui différencie les couillus des autres. Appartenir à une tribu (Jack Of Heart, Sonic Chicken 4, Plutones, ou autres Magnetix) tout en revendiquant une certaine singularité. Y parviennent-ils ? Il est sans doute un peu tôt pour l’affirmer mais disons que c’est bien parti.

Shiva & the Deadmen sortira prochainement son premier 45 tours sur le petit label toulousain Better Rock Than Roll Records. Epopées colorées, macabres amours, mélancolies nocturnes ou fougue juvénile le long d’un chemin parfumé d’encens. Ils ne sont plus enfants et ne sont pas encore adultes : quatre débraillés entre deux âges, c’est peut-être là que tout est possible.

http://www.myspace.com/shivaandthedeadmen

http://www.myspace.com/betterrockthanrollrecords



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