Un sushi même en string, si c’est pas frais, ça sent la petite fille qui se néglige…
Sans doute n’avais-je pas été assez assidu lors des cours de scotchage d’amplis le poing levé vers trois heures du matin dans la forêt de Brocéliande, peut-être est-ce parce que je n’ai jamais validé mon UV «Bérurier Noir» dans mon apprentissage de la musique actuelle, ou surement car je suis persuadé d’être l’incarnation morale du Bon Goût…
Toujours est-il que l’écoute du nouveau Sexy Sushi m’a revélé une nouvelle passion : le lancer de disque.
«Non mais mec, c’est que du fun, tu ‘ois…»
Bon, que les choses soient bien claires, je ne suis pas de ceux-là. De l’humour, il en va comme de la musique, il faut le faire avec talent. Et de toute façon, je n’écoute pas un disque pour rigoler. Sous prétexte de la rigolade, on fait passer les pires choses par des «rhooo, non mais c’est pour rire» et des «c’est pas grave», attention, je ne parle pas de fond là. Je n’ai même eu le courage d’écouter les textes, pour tout vous dire. et puis, en général ça ne m’intéresse pas, il y a des groupes que j’écoute depuis des années, sans jamais avoir compris un traitre mot de ce qu’ils baragouinaient. J’aime trop la forme pour la pourrir avec le fond.
Bref, revenons à nos nantais. Car ils le sont. Il y a une sorte de hype attitude à être nantais en ce moment, et je ne dis pas ça parce que j’en suis, ça doit être le passé colonialiste de la bourgade qui lui donne un petit côté exotique qui attire la presse hebdomadaire spécialisée. Ca ne me dérange pas bien au contraire, cependant le projecteur ne pointe pas du bon côté de la Cité… j’y reviens.
Pour en revenir au poisson cru, l’association de la chanteuse de Mansfield.Tya (duo de chansons tristes et un peu chiantes mais somme toute très agréables à boulotter les jours de dépression légère) et d’un membre du collectif VALÉRIE, déjà responsable du pas beau MINITEL ROSE (sur lequel nous reviendrons pas… ils ont déjà mangé chaud ici) ou bien du truc ANORAAK (sans commentaire), enfin tout ce que je déteste en électro ras des paquerettes et ambiance 80’s à outrances.
VA-T-ON PAR EN FINIR UNE BONNE FOIS POUR TOUTES AVEC LES ANNÉES 80, BORDEL ?!
La réponse est évidente : Peut-être à la prochaine génération, mais c’est pas sûr du tout: il pourrait y avoir un revival 2008/2009 qui ne serait en fait qu’un ressucé des eighties. Et oui, le souci (j’aurais pu mettre le sushi à la place et j’aurais complètement décrédibiliser le truc autour du mec qui n’écoute pas de la musique pour se marrer donc non) est bien encore et toujours dans cette addiction au pire des années 80. Et cela depuis l’artwork de ce Tu l’as bien mérité (c’est le nom de l’album, hein, j’y reviens aussi à ça) :
LES ENFANTS DE GUY PELLAERT SONT DES FILS DE PUTE.
IL N’A ENGENDRÉ QU’UN RAMASSIS D’AÉROGRAPHEURS QUI PEIGNENT À LA CHAINE DES JAQUETTES COMME SI ILS PIMPAIENT DES CAMETARS À BASE DE GONZESSES À POIL ET DE COUCHERS DE SOLEIL FLAMBOYANT. VULGAIRE.
D’Ed Banger à cette immondice d’Empire of the sun en passant par Metronomy ou La Roux, les ptits Guy s’en donnent à coeur joie et réssucite la mauvais goût pictural de nos parents. Ordures ! J’ai mis des années avant de pouvoir occulter ce tableau malfaisant perché au dessus du lit de mes géniteurs mettant en scène un femme aérographié se languissant et luisant sous un soleil rouge.
Je ne jetterai plus jamais une oreille sur un disque, aussi excellent soit-il, avec ce genre de graphisme en facing. Je préfère priver mes esgourdes de bons sons plutôt que de me cramer la cornée.
La pochette de Sexy sushi est clairement de cette famille graphique, en plus vulgaire peut-être, quoique. Il irait certainement très bien sur le flanc droit du camion d’un punk à chien en route pour un technival sur une terre à vaches ou à moutons d’ailleurs. C’est assurément du poste de ce même camion que pourrait s’échapper les notes de l’album des sushis et non des enceintes de ma Harman Kardon.
«Dire du mal du microcosme culturel nantais, tout en voulant l’intégrer un peu plus, c’est se tirer une balle dans le pied, Fred…» me suggérait un ami alors que je lui annonçais mon intention d’écrire ce papier.
C’est vrai.
Je reviens donc sur mon histoire de nantitude : Pourquoi est-ce que la lumière n’éclaire (presque) jamais les bons.
Belone Quartet (des amis de Mansfield Tya d’ailleurs je crois) vient de sortir un disque absolument sublime, 1802, et son chanteur en solo, The Heathy Boy, a réussi à me déprimer positivement. Les groupes qui envoient le bois comme Papier Tigre et Fordamage ont à la fois de belles pochettes et des bons morceaux.
Pas besoin pour tous ceux-là de souligner au fluo leurs mélodies pour provoquer des émotions (rire compris) ou même de barioler leurs artworks pour aguicher le chaland.
Décidement, le projectionniste (celui qui tient le projecteur) est un con, voilà.
Pour conclure, pas la peine de m’envoyer un texto, je ne viendrai pas à la soirée.
Ah oui, j’allais oublier…..Toi aussi, tu l’as bien mérité.
Illustration: Terreur Graphique
23 commentaires
Bah euh, à la lecture de l’article ça confirme finalement surtout Sexy Sushi est dans la provoc’, ceux à qui ça plait écoutent, et ceux qui n’aiment pas vont allez jusqu’à écrire un article dessus. Je pense qu’au contraire dans leur jeu ils ont tout bon, un anarchisme total parfois plus sérieux qu’il n’y parait.
Mais tu dis que tu ne t’es pas interessé aux textes, alors que justement le plus grand intéret des morceaux réside dans les textes, une cascades d’expression à devenir plus ou moins cultes. On est un coup dans le défouloire, un coup dans le cynisme profond. Quand t’écoute Sexy Sushi c’est sûr que ce n’est pas pour les envolées musicales, c’est plus pour te défouler, le côté électronique « façon 80 » va aussi dans ce sens d’ailleurs.