L’époque étant au raccourci et à la synthèse prémâchée pour les masses bourgeoises facilement rassasiées, la compilation reste encore le meilleur cheval de Troie pour incuber l’intérieur d’un auditeur qui ne sait plus où donner de l’oreille. Au petit jeu de la pépite dénichée dans un monceau de merde, les zozos d’Alter-K livre avec le septième volume de leur série « Seriously Eric », si ce n’est un été indien dans un monde où il n’y a de toute façon plus de saison, du moins une alternative à la radio.

Etant entendu – c’est le cas de le dire – qu’une station publique comme Le Mouv coûte au contribuable plusieurs millions d’euros à l’année pour l’entretien d’un robinet d’eau tiède tenu d’une main molle par des journalistes de presse écrite reclassés ici comme les ouvriers de Florange au Franprix du coin, la dernière compile « Seriously Eric » permet le temps de vingt chansons de découvrir vingt artistes inconnus ou presque sans avoir l’envie de vomir votre petit déj’ au dessus de l’évier.
Gonzaï étant partenaire de cette sortie, nous avons donc l’obligation d’en dire du bien. Plutôt que de tomber dans le publi-rédactionnel illisible, voici cinq morceaux à retenir dans cet acte de bravoure qui rappelle étonnamment le travail réalisé par la clique des compilations de La Souterraine, qu’on conseillera aux pauvres types engoncés dans un foulard vintage à qui l’idée même d’une nouveauté obscure donne des haut-le-cœur.

Alter K // Seriously Eric #7
http://seriouslyeric.tumblr.com

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The Yolks : Virgin Boy

Voilà ce qu’on appelle des rescapés. Surgis en 2007 en pleine apogée de l’indie made in Myspace – ils ont toujours un compte… – les Parisiens de The Yolks ont un look toujours aussi dégueulasse sept ans plus tard, sont beaucoup moins jeunes qu’au moment de l’élection de Sarkozy mais au moins avec Virgin Boy, les voilà qui signent la pop song parfaite. Un couplet, un refrain et un synthé pourri pour le coda… what else ?

Lorelle meets the Obsolete : What’s holding you

De Mexico, on connaissait la corruption, la pauvreté, les kidnappings d’Européens assez cons pour tenter le bronzage intégral dans la ville la plus unsafe au monde, et bien sûr ce très mauvais film des 60’s avec la Coccinelle. Avouez que ça pesait pas lourd. Avec les chicanos de Lorelle meetts the Obsolete, on tient enfin une bonne raison de s’intéresser aux favelas locales ; le bidonville du duo étant tapissé de krautrock épicé aux accents shoegaze psyché façon mariachi delirium. Un groupe à suivre, comme on dit au bureau stage des Inrocks.

Hello Bye Bye : Over

La technique est usée jusqu’à la corde – la lente montée façon Death in Vegas meets Ladytron couplée à un mix EdBanger pour faire danser les jeunes – mais le Over des Bordelais rappelle aussi furieusement les meilleurs titres de The Married Monk, en mode clubbing. Sommes-nous prêts à parier notre chemise sur le succès du groupe ? Non. Et pour ce titre alors ? Pourquoi pas.

Red Snapper : Village Tap

Alors que ce célèbre groupe dont on n’a jamais entendu parler s’apprête à sortir son septième album chez Lo Recordings après en avoir publié trois chez WARP, voici un remix du morceau Village Tap par le batteur Rich Thair (marrant pour un groupe qui se dit instrumental) et ça sent très fort des pieds ; ça pue autant la drum & bass 90’s que le fond de la hutte africaine. C’est fait avec trois marabouts de ficelle, ça tient debout mieux qu’un myopathe sous RedBull.

Secret Colours : It can’t be simple

Croiser l’orgue de Manzarek des Doors avec le son de la brit pop des années 90, c’est pas si simple. Sans dire que le groupe de Chicago ait l’audace de remettre des horreurs comme The Verve au goût du jour, il y a chez ce groupe auteur de déjà deux albums un goût de la perversion anachronique. Le morceau caste par Alter-K – les malins, tu l’as déjà entendu 1 000 fois et pourtant regarde-toi, tu tapes du pied comme un con. T’as bien raison.

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