Don’t judge a book by its cover. Dans le cas de la nouvelle sortie de Scratch Massive, c’est un peu pareil. Le premier titre issu de la bande-son du film de la fille Cassavetes – une histoire d’actrice dans la quarantaine de retour dans l’impitoyable Hollywood – laissait a priori peu de place à l’illumination sur le Sunset Boulevard. Un clin d’œil appuyé à l’incompréhensible série de Lynch – ce que le groupe dément ci-dessous – et Tobias Buch chantant la moiteur des cocotiers sur fond de synthétiseurs empruntés sur le tournage de Drive, pas de quoi de relever la nuit pour encaster la bagnole sur le périphérique.
Viennent alors les onze morceaux suivants. Et l’on se dit qu’il n’y avait que deux Français pour redonner à Los Angeles ce parfum numérique et romantique typique des années 80 ; parfum qu’on retrouve jusque dans la pochette de la B.O. Qui d’autre pourrait s’extasier sur l’ombre d’un palmier dessiné sur un mur en briques puis en tirer des éloges à la lenteur telles qu’on les entend sur Days Out of The Days ? Du point de vue de la partition, la réponse est un long accord plaqué. Gorgé de synthétiseurs certainement dénichés chez un revendeur de seconde zone de L.A. – où Seb vit désormais – des morceaux comme The Frolic Spleen auraient parfaitement pu apparaître au générique Miami Vice sans qu’on parvienne à comprendre s’il s’agit là encore de la série originale ou de l’adaptation de Michael Mann. En clair, une formidable B.O. grands espaces où la sensualité d’un Principle of Geometry baise langoureusement avec toutes ces références qu’on entend sans pouvoir les nommer. Une impression d’hors du temps qui colle magnifiquement au titre du film. Et un processus de musique à l’image explique ci-dessous par Maud Greffray et Seb Chenut, juste après avoir écouté 356 fois d’afilée l’un des climax de cette B.O. bizarre.
Comment vous êtes-vous retrouvé à composer cette B.O. ?
On travaille avec Zoe Cassavetes depuis son premier film Broken English. Depuis on a bossé sur pas mal de ses projets vidéo, pubs etc. Nous avons un langage commun, une méthode basée sur une grande liberté concernant la musique, du coup Zoé nous laisse vraiment tester des choses et on n’a pas besoin de négocier des heures avec elle pour concevoir les différents projets : c’est toujours assez fluide. En fait nous avions déjà pas mal imaginé et découpé la musique sur le scénario écrit. On ensuite posé la musique sur les premières images qui se montaient, au fur et à mesure. On a trouvé le ton du film assez vite et une fois le ton trouvé, on l’a décliné. On peut écrire de la musique sur une base de scénario mais l’image apporte quand même plus d’inspiration immédiate.
Il plane un gros parfum de Twin Peaks sur la B.O., était-ce une référence consciente ? Turn Away, c’est un hommage caché à Julee Cruise ?
On adore Julee Cruise et Twin Peaks bien sûr. Le coté minimal et transe, le mystère. Maintenant pour la BO de Day Out Of Days nous n’avons pas pensé une seule seconde à Twin Peaks et Julee Cruise. Mais merci en tout cas !
A propos de The Frolic Spleen, il reprend une grille harmonique qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu mille fois, mais sans qu’on soit capable de dire à quel morceau il renvoie. Comment vous est-il venu sous les doigts celui là ? Quelle scène du film illustre-t-il ?
Avec les images à fond pour le coup. C’est un moment dans le film où l’héroïne touche le fond et erre sur Hollywood Boulevard devant ce bar mythique qui s’appelle « The Frolic”. C’est un moment de pure mélancolie, une espèce de plénitude. Il fallait donc à la fois amener de la tristesse en musique mais avec des touches d’optimisme pour souligner le changement de direction dans sa vie. Apres la compo, simplement, c’était de l’instinct.
Scratch Massive // Days Out of Days // (bORDEL/Record Makers)
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