Faut-il se transformer en Maître Yoda ou en Dark Vador pour chroniquer le dernier né de la saga Sakamoto ? Plus de trente ans au service de la musique et je me questionne sur ce qui pour moi pourrait très vite se transformer en non sens comme un méchant renvoi de gambas sur le cuir tout neuf de ma Lexus.
Non, Sakamoto n’est pas une marque d’accessoires pour la Jo Bar Team. Si la France a son Michel Legrand (Les parapluies de Cherbourg, Un été 42, etc.), le Japon s’enorgueillit de posséder dans ses rangs le célèbre musicien, compositeur, producteur et acteur Ryuichi Sakamoto, compositeur des B.O. de Furyo, Le dernier Empereur ou Un thé au Sahara, hein … La classe ! A côté de ça, quelques compos électroniques et la formation du trio japonais Yellow Magic Orchestra avec lequel il s’assure une reconnaissance internationale à la fin des années 70. Bref, une longue carrière musicale influencée par la musique impressionniste française d’un côté (Debussy, Satie, …) et Kraftwerk de l’autre avec des collaborations aussi diverses que fructueuses avec des artistes comme Iggy Pop ou Cesária Evora. Avec Playing the Piano, le vieux samouraï revient à ses premières Amours et veut me servir sur un plateau d’argent quelques sushis pianistiques de son cru dans une ambiance feutrée en totale harmonie avec le musicien qu’il a toujours été.
Flashback dans les soundtracks pour un hara-kiri sur tatami
Un retour aux origines cinématographiques avec Merry Christmas Mr. Lawrence (Furyo), The Sheltering Sky (Un thé au Sahara) et The Last Emperor. J’ai l’impression de me retrouver à Honfleur par temps gris, attendant sous la flotte l’ouverture du cinéma de quartier qui repasse Le Dernier Empereur. Y a plus triste que Venise, j’vous jure. C’est dans ces moments là qu’on s’en veut d’avoir laissé sa petite à Paris pour assister à un de ces festivals provinciaux qui vous font regretter d’avoir cru un jour que la Culture est ce qu’il y a de plus important au Monde. La musique coule comme des gouttes de pluie, trempé jusqu’aux osselets de mon oreille interne, je rabats mes lobes sur les compos électros du jap’onirique. Avec Thousand Knives ou Riot in Lagos la musique gagne en note ce qu’elle ne gagne pas en consistance. Je reste coincé là, suspendu au crochet d’un néo impressionnisme parkinsonien qui me laisse … tremblotant de froid. Je croyais bien en avoir terminé mais Mizu no Naka no Bagtelle et Bolerish véritables compos romantico ethero lénifiantes viennent faire émerger en moi la sombre idée d’un hara-kiri libérateur.
Avec Sakamoto, aucun risque de bloquer la pédale d’accélérateur …
Bizarre quand même, avec Debussy ou Satie, je ne m’ennuie jamais. Alors je me repose la question, était-ce vraiment nécessaire ? Maître Yoda saurait peut-être y répondre : « Maestro Sakamoto, pour son œuvre tu honoreras et sa musique onirique neo impressionniste tu apprécieras ». Ce à quoi pourrait répondre Dark Vador : « Non, Sakamoto, tu n’es pas le fils de Debussy et encore moins de Satie, jamais tu ne sauras user du côté sombre de la force ! » Pour ma part, j’hésite encore entre rendre les clés de ma Toyota ou me taper une ventrée de sushis.