(C) Mattias Launois

Hasard des calendriers, le duo familial de Ropoporose profite du confinement pour publier ces jours-ci son troisième album « Dark Star », directement influencé par le réalisateur à qui l’on doit la création du film d’horreur d’intérieur. Du Covid-19 aux zombies, une véritable réussite artistique qui dépasse de loin le simple exercice de style.

John Carpenter, on le sait, a eu son petit quart d’heure de gloire. Les aiguilles de la montre se sont d’ailleurs arrêtées puisque ces 15 minutes ont duré bien longtemps si l’on tient au statut culte qui plane au dessus de sa tête depuis les années 80 et qui, nostalgie oblige, ont poussé d’abord la jeune génération à s’en inspirer musicalement au début des années 2010, puis le vieux à lui-même rebranché ses machines pour deux albums pas mémorables avec son fils, en 2015 et 2016. Le paradoxe étant que ses musiques restent plus fortes quand elles sont bricolées pour ses propres films que lorsqu’elles sont posés sur des disques qui tournent moins vite que les tables de spiritisme.

La vague de hype étant passée, les Vendômois Pauline et Romain ont découvert sur le tard Dark Star, premier long-métrage de Carpenter, y trouvant assez de matières et d’ambiances pour avoir envie d’utiliser cette flippance pour la confection d’un troisième album éponyme. Il en résulte « Dark Star », le disque ; soit 25 minutes de musiques instrumentales évitant l’écueil de l’hommage absurde à base de synthétiseurs et préférant jouer avec l’idée de ré-création. Les neufs titres, plus inspirés par Beak, la BO de Simon Werner a disparu de Sonic Youth que par Zombie Zombie (également auteurs d’un disque tribute à Carpenter), sont de toute beauté et tirent à côté : avec des guitares, sans claviers ou presque, « Dark Star » touche instantanément les organes les plus fragiles et démontre que le rock en sourdine peut également avoir son mot à dire quand il est question de suspendre le temps.

Posé sur disque après avoir tourné sur le même format en ciné-concert, le « Dark Star » de Ropoporose s’avère être un bon shoot pour qui veut planer sans frémir dans ce qui ressemble à une espèce de western solitaire dans l’espace. Pour Carpenter, passé expert dans le confinement filmique (The Thing ou Assaut, remake du Rio Bravo d’Howard Hawks,), c’est une belle dédicace, et un peu moins pataude que toutes les covers écoutées récemment par les apprentis graphistes qui peuplent la scène électronique. On louera également le fait que le duo n’ait pas attendu que Carpenter, 72 ans, soit momifié ou transformé en zombie pour revisiter son œuvre musicale avec de belles images mentales qui restent fixées dans le cerveau, même après la fin de cet objet musical non identifié.

Ropoporose // Dark Star (sortie vinyle en juin 2020)
https://ropoporose.bandcamp.com/album/dark-star

 

 

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