Alors que le quatuor nage gaiement autour du bateau, encouragé par les hululements orgiaques des filles humidifiées par le succès soudain et cette coolatittude de tous les instants, les Black Lips ignorent que sous leurs nombrils rôdent les squales. Promis au succès depuis leur premier album, les Américains ont retardé l’échéance. Celle de se jeter à l’eau corps et âme, de se livrer comme appât à la grande industrie. Avec « Arabia Mountain », ils ont nagé dans le sillage d’un Mark Ronson pas assez affamé pour les dévorer. Le souffle de la bête est là, prêt à produire un album bankable sans spontanéité.
C’est au Ninkasi Kao à Lyon que Benjamin a rencontré Joe Bradley et Ian San Pé, respectivement batteur et guitariste. Ils nous expliquent avoir déjà fait un pied de nez au succès avec l’ultra-garage « 200 Million Thousand », et pensent bien digérer le tournant « Arabia Mountain ». Ils résument leur notoriété à une Cadillac et des chambres d’hôtels luxueuses, mais accepteront-ils de tout perdre ? Réussiront-ils à nager avec les fauves où se feront-ils plier comme tant d’autres avant eux ? La tragédie des Black Lips débute. Acte 1 : le succès.