Les Testors meurent, vont faire de l’argent, et Sonny Vincent continue sa route, guitare sur le dos comme il l’a toujours fait depuis l’âge de 13 ans. Si Sonny a réussi à passer aux travers des mailles de la société, il a aussi malheureusement était filtré par l’histoire. Pourtant son travail ne s’est jamais arrêté, infatigable il rappelle ses potes et compose des disques monstrueux. Dans l’ombre et sous les projecteurs des plus passionnés, c’est ainsi que son histoire évolue encore aujourd’hui. Car Sonny Vincent ne s’est jamais trompé, il n’est pas mort trop tôt à cause des abus de sa jeunesse, concentré sur le dernier segment du slogan sex, drugs and rock’n’roll. Le rock’n’roll est un boulot, mais aussi une condition de vie dont il parle avec joie mais aussi amertume. L’histoire d’un runaway dont les fringues n’étaient pas le seul point de décalage avec la société. Une société qui lui a d’ailleurs tapé dessus, fort, très fort parfois : centre de correction, prison, hôpital psychiatrique. Le rock’n’roll est fun, la démarche est sérieuse et ces sombres heures font pâlir les drames du commun des mortels. Bosser avec Sonny, c’est vouloir dire quelque chose, cracher sa bile à la face du mec qui t’a pourri la vie, et non pas bosser avec lui quelque années plus tard comme Iggy Pop a pu le faire. Sonny Vincent est-il une antiquité ? Le personnage frôle parfois la caricature, une figure laissée pour morte par ses camarades de galère. Peut-être, mais la rencontre fût convaincante, le regard et le ton n’ont pas perdu en intensité. Parler avec Sonny c’est entrevoir ce que le punk fût à une époque, et non pas bander sur ce qu’il a été, nous, moi, qui ne l’avons pas connu à sa genèse. La force de Sonny, alors ? Peut-être de n’être jamais devenu une légende. Et d’être resté là, convictions et cicatrices en mains, pour mourir en dernier. Longue vie au roi.
Rock à la casbah#20-écoutez ici