Sur la pochette, deux enfants semblent s’enlacer les yeux fermés, comme pour se réchauffer d’un froid permanent qui emplit leurs cœurs innocents. Le fond rouge est teinté de pétales qu’on ne trouve pas ici-bas. Le fond est rouge, rouge comme le sang, rouge comme la haine et la chair. Un savant mélange de teintes peu rassurant, une toile de fond hypnotique qui coupe au couteau le contraste entre cette tapisserie et la peau nue de ce garçon et de cette fille, un monde sauvage qui encercle les nouveaux arrivants.

Au-dessus guette le symbole du vice, deux serpents descendant la couverture d’une trainée de ventre symétrique. Leurs langues fourchent sur l’esthétique ma foi clairement peu catholique de la pochette, et cohabitent avec les icônes de l’innocence. D’ailleurs, ces enfants sont peut-être morts, ils semblent du moins très proches du stade zéro de l’existence, celui de la fin et certainement pas du début. Sous nos yeux donc, encore une très belle réussite graphique du label Born Bad Records, qui redéfinit à lui tout seul la notion de rock. L’objet est enfanté par un étrange groupe intitulé The Feeling of Love. Sorti depuis quelques mois déjà, il était grand temps de s’aventurer sur les pistes branlantes et les accords inquiétants du groupe. L’album joue avec nos nerfs et notre tolérance à l’étrange, à coups de montées d’acide et de redescentes paranoïaques. On remarque que les titres s’enchainent harmonieusement tout en alliant des élans expérimentaux aussi contrastés que des enfants et des serpents. La production est parfaite, sale, et insiste sur une réverbération aussi réelle que les échos d’un squat abandonné. Rien de bien réjouissant dans l’imaginaire de The Feeling of Love. Oubliez vos préceptes sur la musique et même sur l’amour. The Feeling of Love, ce n’est pas l’amour à la plage. Rien ne semble vraiment parler d’amour ici.  L’amour est un vice, un traumatisme de l’enfance comblé par la rencontre avec l’autre. The Feeling of Love est un voyage désabusé pour les désabusés, au travers duquel l’inconscient s’ouvre à un réel freakshow de sensations jusqu’à présent ignorées ou cruellement enterrées. Cachées, comme l’homicide de deux enfants, qui ne nous quitte plus. On essayera bien alors de faire passer la grosse pilule rose que Born Bad nous fait bouffer avec quelques légèretés. Un titre du dernier album des Oh Sees, CastleMania, une collaboration Valentinoise avec le leader des Saints : H-Burns and Chris Bailey, une autre collaboration, Ty Segal et son pote Mikal Cronin qui s’attaquent aux requins dans l’album Reverse Shark Attack.  Pendant que les autres radios dorment, Rock à La Casbah investit la nuit. Des groupes étranges, des groupes sales, des groupes ramollis. Le tout réuni pour une danse impolie et nocturne.

Emission 328 – random session by rockalacasbah

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