En novembre 2018, Rendez Vous, les génies de la scène post punk parisienne, sortaient leur premier album, « Superior State ». Un an et demi plus tard, on fait le point avec les orfèvres du live casse-genou.

À l’occasion de la venue de leur bébé, ils avaient fait l’honneur à Gonzaï d’un rendez-vous façon premier date ému. Si l’équipe courait déjà les salles de concerts depuis un certain temps et avait fait à son public les honneurs de deux EP (« Rendez Vous » en 2012 et « Distance » en 2016) aux sonorités eighties assumées (le côté sombre, pensez au combo sacré guitares saturées et synthétiseur), la sortie de « Superior State » allait quand même marquer un tournant dans leurs possibilités créatives et artistiques. C’est à cette occasion qu’ils allaient produire leurs premiers clips, allant des mises scènes résolument classes du groupe jouant sous les stroboscopes à des visuels poétiques hallucinés de chevaux sur une plage sauce seapunk glitchée.

Côté musique, le son de Rendez Vous s’est fait plus radical sur « Superior State » et les influences identifiables se sont multipliées. Au final, ce dernier allait satisfaire les attentes entretenues par six années passées à se forger une réputation. La promesse est tenue, blousons en cuir, grosses chainasses, visuels épileptiques et tout. Rendez Vous peut donc clore une année 2019 auréolée d’un succès critique et surtout public pas volé du tout, avec des salles de plus en plus en plus grandes.

Le travail de Rendez Vous est donc très riche, mais en somme, en parler avec eux, c’est très simple. C’est la preuve, si on se le permet, d’une démarche créative spécialement sincère qui donne envie de continuer à les suivre dans la décennie à venir. En attendant, et après l’avoir fait vivre pendant un an et demi, Rendez Vous amène « Superior State » « au terme de son cycle » le 29 Janvier prochain à la Cigale.

Ça va faire un an que vous présentez « Superior State », votre sur scène, est-ce que vous sentez que le projet a vécu et évolué sur scène ?

Oui forcément au niveau des morceaux. On les fait vivre une fois, et au fil du temps ils sont revisités en live. Certaines versions seront fidèles à celles de l’album et d’autres seront un peu différentes. Il y a aussi l’apport de Guillaume (Rottier, Ndr) à la batterie, qui n’était pas présent sur l’album.  C’est plus au début que ça se joue. Il faut trouver une formule live qui sera adaptée au morceau. Une fois que ce travail est fait, tu déroules sur la tournée.

Quand l’album est sorti, on a pu lire dans la presse que c’était un album de crise qui voulait se faire le reflet de son époque. Était-ce un parti pris conscient dans votre travail ?

Ce n’était pas au centre de l’élaboration de l’album non. C’était un reflet indirectement. Ce n’était pas à la base de l’écriture des morceaux.

Si on le compare à « Distance », le son est devenu plus radical et plus violent. En parallèle, vous avez reçu un vrai succès critique et public. Votre public a-t-il changé ? Est-ce qu’il s’est élargi ou est-ce qu’il s’est clivé avec l’évolution de votre style ?

C’est difficile de s’en rendre compte parce que l’essor du groupe a changé. On s’est retrouvés à jouer dans des plus grandes salles. Le public s’est élargi mais est-ce que le public des départs a changé, on ne s’en rend pas vraiment compte. Il y en a peut-être qu’on a laissés à la porte et on en a gagné d’autres.

« La musique a du mal à être entendue sans images. » 

« Superior State » a aussi été l’occasion de produire vos premiers clips. C’est une manière d’élargir vos possibilités artistiques ? 

La musique a du mal à être entendue sans images.  Nous, on adore l’image et c’est un truc qui nous stimule. Mais c’est vrai qu’aujourd’hui sortir des morceaux sans images est compliqué. Pour nous c’est important et on aimerait prendre plus de temps pour le faire.

Vous faite partie de ces groupes qui ont une identité visuelle très forte. Comment l’avez-vous construite ? 

C’est très large ! Ça va du cinéma aux arts plastiques mais aussi à notre environnement. Ce n’est pas forcément lié à la musique et pas forcément à la musique que l’on fait. On peut être influencé par des trucs plus techno, par des musiques qui sont assez loin de la nôtre.

Musicalement, on identifie une filiation à différents genres dans votre musique (ndlr : du folk au shoegaze en passant par le post-punk) c’est quelque chose qui vous tient à cœur ?

Les étiquettes, c’est quelque chose qui est pratique pour les médias, pour parler des choses et identifier les projets, mais nous aime vraiment plein de choses, au-delà des influences que l’on peut entendre dans notre musique. L’album permettait d’aller un peu plus loin et d’ouvrir un peu plus les influences par rapport à ce qu’on avait pu faire entendre avant. Si cela plait à des gens de nous identifier en tant que groupe post-punk il n’y a aucun problème… 

Il y a d’ailleurs en ce moment une scène identifiée post-punk qui se développe, est-ce que vous vous en sentez proches ?

Même ça, c’est assez éclaté. Il y a des choses que l’on fait qui sont clairement rattachées à ça. Ce n’est jamais quelque chose qu’on se dit, on ne tient pas nécessairement à toujours coller à ce style. On se souvient qu’après « Distance » on avait envie justement d’un peu plus brouiller les cartes. On avait tendance à être très rattachés à ce truc-là un petit peu eighties. Et c’était sûrement vrai d’une certaine manière mais ça nous a tout de même fait un peu chier, c’est un petit peu réducteur. Après on a plein d’influences qui viennent de ce style-là, on voulait brouiller les cartes sans non plus faire un virage total.

Vous faites quels choix pour montrer l’étendue de vos influences ?

C’est toujours intéressant. Le plus d’influences que tu peux incorporer, le plus intéressant ce sera. Quand tu prends le post-punk à la base : guitare, batterie, synthé, tu te retrouves avec quelque chose qui a déjà été fait il y a longtemps. Si tu t’influences d’autres choses et de trucs plus récents et variés, tu enrichis le truc. […] Peut-être que demain on fera un album plus électronique, avec moins de guitare, moins de basse acoustique et plus de basses électroniques, mais en tout cas il n’y a pas de trucs décidés.

Est-ce qu’il y a des choses auxquelles il faut s’attendre pour votre date à la Cigale, notamment si vous sentez que vous arrivez à la fin de l’album ?

C’est la clôture d’un cycle. Mais il y a un nouveau morceau et un vinyle qui sortira en janvier qu’on jouera certainement à La Cigale et qui pour le coup est différent que ce qu’on avait fait sur « Superior State ». Il rappelle plus nos premiers morceaux. Plus électronique, moins basse et guitare, avec plus de synthés.

Il y a eu un petit changement esthétique avec Last Top. Le clip est un petit peu différent des autres.

 Le morceau est très différent des autres assez planant et pas du tout agressif comme ceux qu’on avait clippés avant. Ça n’avait pas de sens de rester dans la même esthétique. On voulait faire quelque chose d’un peu psychédélique. On voulait faire un truc qui avait du sens avec le morceau. Le changement n’est pas général. C’est vraiment propre à cet ovni dans l’album. Il est plus calme, on n’a jamais fait un morceau aussi lent.

Vous faites quoi pour l’après « Superior State » ?

On va partir en vacances. On va un peu se poser et après se remettre à faire de la musique. On a envie et en tournée c’est compliqué.  

Qu’est-ce qui vous inspire en ce moment ?

On a vu Girl Band y’a pas longtemps. Ils ont un truc qui est intéressant, qui tranche bien avec ce qui se fait en ce moment. Ils sont en format assez classique arrivent avec quelque chose d’assez violent et en même temps qui est assez contrôlé, très singulier.

À propos de la violence, elle a une part importante dans votre musique et votre esthétique l’esthétique de vos visuels.

C’est un mélange des deux. Sur scène on aime l’énergie d’un truc assez agressif et d’un vrai échange avec le public. Cet échange on le trouve par quelque chose d’assez violent. Mais c’est aussi esthétique, et même si on disait qu’on ne cherchait pas nécessairement à se rattacher au post-punk dans plein de choses qu’on écoute, il y a toujours cette esthétique assez martiale et violente, très rentre-dedans qui nous plaît. C’est un mélange de ça et du fait qu’on aime bien provoquer les gens pour qu’ils viennent à nous.

Ah, et il voulait dire quoi le titre de « Superior State » au fait ?

On s’était dit que ça sonnait bien ! Non à vrai dire on laisse les gens comprendre ce qu’il y a à comprendre. S’il y a quelque chose à comprendre.

Rendez Vous sera à La Cigale le 29 Janvier 2020. Toutes les infos ici.

Nouveau morceau Irina, sortie vinyle en édition limitée le 29 Janvier, disponible exclusivement à La Cigale le soir du concert.

2 commentaires

  1. Ils attendaient leurs heures les handicapés du groove, merde 30 ans sans s’avouer vaincu, sa impose un peu le respect.
    Moi qui croyait qu’il avait lâcher l’affaire les sniffeurs de Glue du samedi Apm dans la villa de Papa Maman..
    Grace à vous, leurs petit neveu RiriFifi qui êtes devenu journalistes culturel, hum, hum, ils tiennent leurs revanche, pas de Duran Duran eurythmics, et autres Depeche Mode pour leurs barrer la route cette fois-ci
    Après dix ans de DeMaroc ou TheeOsee, les gamins vont vous prendre pour des sauveurs
    La ténacité sa paye comme disait La Fontaine à neuneu!!!

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