1982 : Michael Jackson sort Thriller, la new wave débarque et la City Pop japonaise connaît son âge d’or avec l’album « Fly by Sunset » de Ken Tamura. L’un des trois a moins réussi sa postérité; c’est l’heure de faire une remise à niveau.

La City Pop, c’est quoi ? Surement pas un libre service de trottinette électrique, plutôt un genre musical. Un savant mélange de groove saupoudré de beats funky. Apparu entre les années 70 et 80 au Japon en plein boom économique, la City Pop fait écho à une envie de la génération X japon de vivre une seule chose : le rêve californien. Siroter un coke en bord de mer sous un soleil couchant, regarder l’horizon tranquillement avec un RTT durement acquis. Il n’y a qu’à se pencher sur la pochette de « Fly by Sunset » pour saisir toute l’essence de l’univers.

Chanceux, les insulaires profitent de ce qui se fait de mieux chez les Baby Boomers américains et la City Pop, elle, prend direct. Des synthés ravageurs aux solos de guitare de folie, un pont est créé entre l’analogique 70’s et le synthétique 80’s. A l’écoute de compilations du genre on reconnaît facilement la patte de Georges Benson ou de Earth Wind & Fire, peut-être ont-ils fait quelques concerts à Tokyo et contaminé la jeunesse locale… Cette pop sous influence qui n’oublie cependant pas ses racines, la folie japonaise qui nous fascine est toujours là. On peut alors s’étonner des dérives musicales d’artistes comme Ryuichi Sakamoto.

Ken Tamura va quant à lui prendre un chemin différent de celui de Ryuichi, il a écouté ces artistes, probablement dans des disquaires imports US et il va suivre le chemin de la filiation. Ken-san est un homme du monde. En japonais : un Nikkei. Un citoyen parti de son pays à la recherche d’un avenir plus funky; c’es un boat people de luxe. Disciple du compositeur Tsumami Kyohei, Ken recherche ce qu’il y a de meilleur dans le monde pour ses productions. Début 80, il part à Los Angeles avec son savoir de producteur afin de prendre de nouvelles influences. Il en sort donc le meilleur de la fabrication japonaise à saveur occidentale. Il résout aussi un problème inhérent à la City Pop : la langue japonaise. Ken chante la moitié du temps en anglais et sans accent à couper au couteau en céramique. En février 81 sort son premier album « Light Ace », puis en juillet 82 son merveilleux « Fly By Sunset ». C’est le carton plein et l’Ovni devient une référence pour les surfeurs japonais et disquaires.

L’album est un chef d’oeuvre doux et pale qui contient des perles rares. A la première écoute d’Odorinayo (踊りなよ) on sait qu’il y a tout ce que l’on veut entendre d’un disque de City Pop : des petites slaps basses, une voix japonaise suave et des onomatopées entraînantes. Les tracks s’enchaînent comme une soirée d’été et on finit par se dire que pour les vacances Okinawa peut s’avérer une option alléchante. La très funky Omaetonara (ふたりなら) confirme l’essai, on ne comprend absolument rien mais Ken sait passer l’émotion avec un solo que ne renierait pas Mac DeMarco. C’est divertissant, on hoche de la tête d’un air content (WanWan, aboiement en japonais) et c’est bien tout ce que l’on demande à la City Pop, pas plus : nous divertir. Maintenant, on espère bien que la City Pop reviendra bientôt et chasser cette horrible J-Pop représentant à tort le Japon.

A trouver sur : Discogs, chez les disquaires, sur des sites de hackers japonais. 浮気者 !

2 commentaires

  1. J’ai découvert la City Pop l’an dernier et j’y ai trouvé un plaisir musical que je n’ai effectivement pas au contact de la J-Pop bien qu’ayant continué à consommer de l’animation japonaise pour ado largement au-delà de l’âge requis. Je tourne principalement autour de Tatsuro Yamashita mais c’est toujours bon d’avoir d’autres pistes à explorer !

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