Ce recueil de pépites placé sous le signe du mélange des genres nous emmène sur les pistes de la pop garage brûlée au soleil de la côte Ouest Américaine avec les trublions de Dead Ghosts et leur bucolisme désinvolte plein de mélodies rappelant les brinquebalants Growlers. Mais aussi la fièvre africaine en provenance du Cap avec les Fizz Pops, side project de Johnny Tex, chanteur des Future Primitives dont le premier essai était déjà une signature maison. Leur pop nous place définitivement sous les tropiques d’une romance surf peuplée de vans Volkswagen, de drogues douce et de bikinis jetés sur la banquette arrière.
La fibre sunshine est aussi incarnée à sa manière par Anna, groupe tourangeau mené tambour battant par le farfadet Martin, frère d’un des musiciens de Volage, héritier d’un Jay Retard plus axé sur une ligne pop hybride, bien illustrée par la chanson Talk. Son excellent premier album est produit par Paul Rannaud de Volage, en témoignent les voix et les guitares heavy convoquant au passage le spectre Segalien et donnant envie de secouer la tête dans tous les sens et remettre les étoiles à portée d’yeux.
Les Genevois du Roi Angus sont aussi célébrés dans cette compile et on peut louer le bel effort de ce premier album en français, ancré dans une culture pop élégante nous faisant naviguer dans la poésie d’un Gainsbourg, d’un Alain Kan ou d’un Manset. Un romantisme intense se dégage des mélodies et des mots transformant la mélancolie en pur plaisir.
Dans un esprit plus riot girls et pour réveiller les masses avides de Décibelles, les Lyonnaises du même nom font littéralement décoller avec leur brûlot punk Glitter Sea pouvant autant rappeler Le Tigre pour la rage que Tilt pour le côté skate-punk mélodique portant fièrement les 90’s en bandoulière.
On reste du côté de la Suisse, déformation professionnelle à caractère géographique oblige avec les talentueux Adieu Gary Cooper, dans un style plus kraut-psyché auquel nous n’étions pas habitués de leur part. Leur chanson Marche sur Tes Mains, te fera road-tripper à la recherche des mondes perdus en mode dead man et fuzz sur l’autoroute Wooden Shjips, les râles vocaux de rockeur en plus.
Les turinois de Lame, émanation noisy des Movie Star Junkies, prennent part à l’aventure en nous faisant foncer droit dans le panneau au volant d’une Ford Mustang à l’assaut des routes de campagne de la Botte, pluie comme vache qui pisse en toile de fonds et mauvaise visibilité à la clé.
La sortie de piste n’est jamais loin avec le post-punk des Suisses Gros Oiseau, leur Sprechgesang à la Sleaford Mods et leur basse catatonique. En parlant de Mods, les Missing Souls de Lyon, groupe actuel le plus convainquant du revival 60’s, balance une sacrée trempe avec la reprise des Bruthers, Bad Way to Go, ses claviers hurlants et ses voix flirtant entre punk, country et garage déglingué.
La soul est aussi incarnée par la chanteuse Suisse Brandy Butler posant son feat sur Dickmatized des Duck Duck Grey Duck dans une veine stonienne simple et efficace. La polka malicieuse des Dead Brothers aux relents de bluegrass vient nous bercer délicatement pour nous préparer au final bluesy africanisant du suédois Bror Gonnar Jansson qui nous conte la magnifique desert song Pretty Polly et remet les compteurs à zéro.
Vous l’aurez compris, on ne sort pas indemne de l’écoute intégrale de cette compile. Ramdam #2 célèbre l’émergence d’une multitude de groupes blindés d’énergie et de créativité jetant des passerelles entre les scènes, les styles et les périodes et ne se cantonnant pas à des identités figées. Et comme à l’habitude, Casbah Records est toujours là pour murmurer à l’oreille des penauds.