Le groupe de Brooklyn vient de sortir « New York City », un neuvième album qui joue au flipper avec les Stooges et les Saints.
Le plus dur, en musique, ce n’est pas de sortir des albums potables — n’importe quel gus avec un ordinateur, quelques pédales, une carte son et une guitare peut signer sur un label. Non, le plus difficile, c’est de durer dans le temps sans 1/ se faire oublier par des fans qui vous traiteront sans vergogne de has been, 2/ tomber une routine musicale confortable mais chiante pour l’auditeur et 3/ prendre la décision de se reconvertir via une formation proposée par Pôle emploi.
Mais The Men s’en cogne royalement. Le groupe américain spécialisé dans deux choses que les jeunes ne connaissent plus — le rock’n’roll et le punk — parvient contre tous les pronostics à durer, et chose rare, à évoluer. Chose encore plus rare car ça n’arrive jamais : sur « New York City », leur neuvième album, ils n’ont jamais été aussi bons. Pourtant, The Men est l’exemple parfait du groupe qui n’a jamais été excellent ni mauvais. Le genre de formation qu’on connaît d’une oreille, qu’on confond avec d’autres groupes et qu’on finit inévitablement par oublier après avoir lu une chronique sans intérêt dans un magazine rock feuilleté chez le dentiste — ou ici sur ce site mais 99% de chance pour que vous ne l’ayez pas lu.
Dès les premiers accords de Hard Livin’, le titre d’ouverture, on bascule à Brisbane dans les années 70. Chris Bailey (The Saints) les regarde du coin de l’œil, inquiet et effrayé. Pourquoi ? Car le gang de malfaiteurs réalise un braquage parfait en vous prenant en otage. Impossible d’appuyer sur stop. On refait même la queue à la fin du service pour avoir du rab. Le groupe balance quelques notes de piano boogie à la fin pour vous achever. Ça fait seulement 3 minutes et 27 secondes que ce disque à commencé et déjà, ça sent le coup de sifflet final, les shorts déchirés remplis de boue, les visages cramés et les courbatures. Piece of Mind (avec des guitares plus lourdes) et Echo (du PIL sous speed mixé à du proto-punk) s’enchaînent sans vous laisser une seule seconde pour boire une gorgée d’eau.
De toute façon dans ce match, il n’y a pas de mi-temps : vous terminerez sur les rotules avec les jambes qui tremblent. Hein, quoi, pourquoi ? Parce que The Men en a décidé ainsi. Sur Eye — on a vérifié et non, ce n’est pas une reprise des Stooges — The Men rend un hommage assumé à Iggy Pop et surtout à Ron Asheton avec des guitares qui pèsent six tonnes et une férocité dont on avait oublié l’existence dans le rock depuis la consécration de The Dø aux Victoires de la musique 2015. Pour faire court, « New York City», c’est le meilleur album de 1975 de février 2023. Un disque comme on en fait de moins en moins, rugueux, véloce et primitif, produit dans le simple objectif de vous mettre une belle et grande claque dans la gueule.
La suite de l’album ? Des morceaux en sueur, des solos de guitare à l’ancienne qui se jouent avec les doigts (Round The Corner, le deuxième hommage aux Stooges de l’album) et des tubes rock’n’roll qui s’éclatent comme un étudiant paumé en année sabbatique qui vadrouille en Grande-Bretagne (Through The Night), en Australie ou encore à Detroit. Pas de répit, pas de pitié, pas d’excuse non plus : The Men s’impose en jouant des coudes mais en respectant les règles du jeu. Le seul bémol, c’est cette dernière chanson intitulée River Flows qui s’embourbe dans une mauvaise direction (du rock FM sous fond d’Americana lessivée) sans réussir à s’en sortir honorablement. Pour « New York City », on ne parlera pas d’un chef d’œuvre, mais d’un putain de bon disque de rock’n’roll. Et mine de rien, il s’agit d’une espèce en voie de disparition.
L’album « New York City » sort le 3 février sur Fuzz Club Records.
5 commentaires
youais gary glitter est sorti de taule!
who kill the friendly guilty ?
ou est votre ‘joue de mots » dans le titre, c dimanche j’ai pas de cervelle!!!
they stranded , what ?
on sauve en turquie, on cr_ve dans les rues de france…………