C'est pas parce qu'on a joué dans un groupe qui s'appelait les amours qu'on a forcément la tête de Georges Beller ou de Tex. Tant mieux pour Simon Love, ex leader de The Loves, désormais en solo.

Décrire la musique de The Loves, c’est un peu comme tenter d’enfermer celle de Ween dans une catégorie bien définie : impossible. Des incursions punk, des angles bubblegum, quelques embardées glam…, On pourrait penser que le groupe se cherche encore mais il donne surtout l’impression de n’avoir jamais eu réellement envie de se trouver. Avec ce genre de furieux, la même histoire se répète, soit tu épouses la doctrine ambiante et tu vénères tout ce qui sort (y compris une compilation de faces B dont même la mère du chanteur se contrefout), soit tu accueilles chacune de ses sorties avec circonspection et pince-nez de rigueur.

A cette heure, le plus probable, c’est surtout que tu n’as jamais entendu parler de The Loves. Rien. Nada. Snickers. Absence de relais dans les médias spécialisés ? Sûrement. Et manque d’envie chez Simon et ses potes de se faire un peu connaître et reconnaître. Peut-être. Ou alors c’est à n’y rien comprendre. Puisque tout le monde s’en fout, Simon Love a décidé de sortir, ô surprise tant la trajectoire est plus vieille que Lou Reed, un premier album solo. Et c’est peu dire qu’il est passé inaperçu par ici.

Pourtant, comme Simon le balance d’entrée de jeu avec un titre à rallonge, It seemed to be a right idea at the time. En 12 titres, Love tire une ligne directrice. Sans entrer dans les ordres du pop convenue et archi rebattue, voilà Simon Stone responsable d’un disque qui aurait dû faire date mais qui a peiné à faire pschitt. Stone ? Son véritable nom. Et donc le patronyme rêvée pour reprendre de main de maître un classique de McCartney période « Ram », le fameux Dear boy. Mais une reprise à la sauce Harry Nilsson. Avant d’en venir à son coeur de métier (la musique), reconnaissons à cet homme le goût des chemises étranges et celui du savoir-faire dans le choix de ces titres. Au hasard, Sweetheart, you should probably go to sleep ou You kiss your mother with that mouth ? Imparables. Autre qualité indispensable dans le monde rigolo du pop-rock (ahahah), le look. Grâce à ses Chelsea boots étalées au premier plan de la pochette de son album et à son fauteuil en cuir tout défoncé, Simon gagne instantanément 40 points de top crédibilité chez les aficionados du genre.

Co-produit avec Mark West (ex-guitariste de Fanfarlo devenu depuis le chanteur de The lost cavalry), ce premier album contient à peu de choses près tout ce que tu ne trouveras jamais chez ton poissonnier. Tiens, un concept album qui sent le faisan ? Fichtre non, même si Love décrit son quotidien pendant l’enregistrement du disque, ce qui constitue une figure de style assez éculée. Pas vraiment important, puisque Love sublime tout ça et devient aussi magique qu’un premier amour en période bac à sable. Du beau (le fantastique et déjà classique Elton John, le perforant My Dick, caressée à la sauce Pogues), du powerpop du 21ème siècle (le délirant **** (is a dirty word) dont les violons rappelleront aux moins jeunes les larmoyantes errances de My Life story), des éclats de   la jeunesse perdue de presque feu Neil Hannon (The new Adam and Eve), ou encore un cri de guerre consensuel (Motherfuckers) hurlé en mode… ballade à faire chialer un routier sur une aire d’autoroute. La grande différence avec The Loves se situe peut-être là, l’arrivée en masse des cordes dans la musique de Simon. Et un ring qui respire enfin autre chose que la sueur des claquement de burnes résonnant au son des guitares « incendiaires et viriles » qui ne font plus bander grand monde.

Si malgré ces quelques lignes tu n’as toujours pas compris à quoi ressemble cette musique, c’est que tu es sous acide ou, hypothèse plus probable, que j’ai manqué de clarté. Alors reformulons, puisque la vie n’est qu’un éternel recommencement. Ce disque est pop, catchy, sexy et dangereux. Un truc un peu hors du temps. Mais pas trop. Comme un double whopper égaré dans un 5 étoiles. Toujours pas clair? Simon Love est le mâle. Alors faisons nous du bien et écoutons le. Histoire de changer un peu des très bons Kurt Vile, Ariel Pink ou Kelley Stoltz soutenus par les internets spécialisés que nous sommes tous du soir au matin, partout. Plus un rond sur mon compte en banque, mais si je pouvais, je collerais sans hésitation un sticker « Satisfait ou remboursé » sur la gueule de ce Love là. Si tu cherchais un songwriter capable de te convaincre en 45 minutes que tu es encore vivant, en voilà un. D’ailleurs Simon partage mon avis. La preuve ? Au verso de son album figure la mention « File under : Singer/Songwriter ». Normal quand on chante avec un tel aplomb : « You think I’m Stevie Wonder, baby, but I’m Marvin Gaye ». Ou encore : « Oh Elton John, look what you’ve done. You broke my heart, now we’re apart ». Futur grand. Et double pouce vert.

Simon Love // It seemed like a good idea at the time // Fortuna POP!
https://simonlove.bandcamp.com/

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