Histoire de fêter la saint Irène en beauté, deux frères sortent un album intitulé « Deux frères ». Bien joué, puisque tout le monde en parle. Mais au fait, c’est quoi, PNL ?
22 mars 2019. 20h. Au DD, le nouveau single de PNL vient d’apparaître sur le net. Immédiatement, c’est la gabegie. Le monde se précipite dessus comme jamais. 48 heures plus tard, le clip tourné au troisième étage de la Tour Eiffel score 12 millions de vues. Au DD devient le morceau le plus streamé en 24 heures sur Deezer et le premier morceau de rap français à atteindre le top 30 mondial sur Spotify. Dantesque. A la fin du clip, le groupe dévoile la pochette du prochain album et sa date de sortie. « Deux frères » sortira donc le 5 avril 2019, jour de la sainte Irène. Bizarre, bizarre…Depuis, c’est la grande foire. Quelques jours plus tard, le magazine Tsugi balance par exemple sur le net la couverture du prochain numéro. Au menu une interview exclusive des frères Andrieux sur la tour Eiffel et un cd mixé par Djibrill Cissé en cadeau. Ok, on est le 1er avril, mais quand même…
Promo, boulot, dodo
Aucun doute, tout le monde attend PNL au tournant. Le succès du groupe, loin d’étonner, reste fascinant. Question promo, il faut dire qu’il a innové. Enfin c’est ce qu’on nous raconte car en vrai, il s’est contenté de quelques instas, de rares tweets et d’un Facebook live en forme de teaser la veille de la sortie d’Au DD. Un teaser soporifique, ovni digne d’un slow motion signé Ingmar Bergman. Pendant 8 heures (103h en ressenti), on y voit la planète terre se rapprocher à la vitesse d’un ado sous beuh. Quelques animations viennent couper la méditation des plus résistants : des clins d’oeil à Dragonball, aux albums précédents de PNL,…Rien d’incroyable donc, d’autant que Frank Ocean avait déjà fait un Facebook Live en 2009 pour « Endless » et ça avait duré…2 jours. Histoire de compléter cet « arsenal promotionnel », cet évènement PNLesque se voit donc complété de… deux ou trois misérables tweets. Et là, rien à faire, à chaque fois, la machine s’emballe. Les chiffres affolent, l’hystérie guette. Le compteur Twitter du groupe tourne plus vite qu’une cash machine à Vegas. PNL ne maîtrise pas le buzz, PNL est le buzz.
De quoi tu parles ?
Laissons la Twittosphère s’exciter pour tenter d’analyser un peu le phénomène. Car oui, PNL est un phénomène. Un peu d’histoire pour celles et ceux qui vivraient dans une grotte sans Wifi si ça existe encore. Depuis son album « Dans la légende » sorti en 2016, le groupe des Tarterêts – une cité de l’Essonne – fait la pluie et le beau temps dans le rap français. Avec une méthode imparable : ne rien faire, ne rien dire, se la jouer mystérieux au possible. Comment ça, ça vous rappelle quelqu’un ? Ah ben oui, on a oublié de vous prévenir mais pour faire simple, PNL, c’est un peu Daft Punk sans masques de robot et avec des sunglasses. Le groupe ne donne pas d’interview, ne fait pas de featuring, refuse les plus grands réalisateurs de clips. Aucune compromission avec le système. PNL refusera même de signer chez Def Jam, plus gros label rap de France. Bref, des types plus intransigeant que les Sex Pistols. Avec une méthode tenant en trois lettres : Q, L, et F. QLF, pour Que la famille. A ne pas confondre avec le KLF de Bill Drummond et Jimmy Cauty, donc.
Un groupe parodié ou une parodie de groupe ?
PNL…Le phénomène est maousse. Au point que des groupes (MMZ, DTF) se sont mis à « copier-coller » son style « cloud rap », sa morgue crue, sa mélancolie urbaine. Un peu comme Radiohead (Subcircus, Unbelieveable Truth, La compagnie créole,…) à la fin des 90’s. Les plus pervers iront écouter ces groupes sur une plateforme de streaming, les autres nous croirons sur parole. Autre marqueur évident du phénomène PNL, la parodie. Non, non, on ne vous explique pas ici qu’on a affaire à un groupe de plagistes ou de plagiaires, mais bien qu’il existe sur le net un groupe qui parodie PNL, un peu comme les Rabeats ou les Rolling Bidochons avec les Beatles et les Rolling Stones. C’est dire le level de famous du groupe.
Une belle histoire de culte
5 avril 2019. Quelques semaines après « Deux soeurs », dernier roman de David Foenkinos, PNL débarque avec « Deux frères ». Bizarre, bizarre…Au fait, PNL, ça veut dire Peace n’ lové, ce qui signifie Paix et Argent. Les deux frères en question, c’est N.O.S (Nabil Andrieux, génération 89) et Ademo (Tarik Andrieux, génération 86). Deux frangins d’origines algériennes et corses, qui ont grandi dans l’ombre de leur père, René. Un bandit condamné à 8 ans de prison pour braquage. Un homme qui créera une association pour aider les jeunes des Tarterêts mais finira par s’embrouiller avec Serge Dassault, maire de Corbeil-Essonnes et fils de Marcel. Un maire auquel PNL fait très souvent référence dans ses textes. Quelques extraits bien sentis : « Chez moi le maire est le nerf de la guerre », « Ici on veut la ville et boire le sang du maire »…Grosse grosse embrouille, puisque N.O.S et Ademo quitteront même les Tarterêts pour Brive pour y passer leurs années collège et lycée.
« Consonne, voyelle, consonne, consonne… »
PNL, fins marketeurs, roi du storytelling, fabriquants de culte ? Pas forcément étonnant quand on sait que Nabil serait passé par la case école de commerce. Après Brive, c’est le retour chez leur grand-mère, à Evry-Sur-Seine, puis le retour aux Tarterêts histoire de retrouver leurs racines. Evry-sur-Seine, dont est originaire le groupe DTF, composé de RKM et de RTI. Et là, je vous vois venir, vous vous dites que tous ces mecs doivent être super forts au jeu des chiffres et des lettres. Vous avez certainement raison. En plus, RKM est le cousin des frangins Andrieux. PNL est aussi très proche de MMZ, autre groupe des Tarterêts. Bref, définitivement QLF, les PNL. C’est sûrement pour ça qu’ils font jouer Casper, un autre de leurs cousins, dans presque tous leurs clips.
Et la drogue dans tout ça ?
Pour Mick Jagger c’est simple : « Tu commences par jouer du rock’n’roll pour baiser et prendre de la drogue mais tu finis par prendre de la drogue pour pouvoir toujours jouer du rock’n’roll et baiser ». Pour PNL, c’est plus pragmatique. Ademo et N.O.S ne s’en cachent pas dans leurs textes, la dope, ça les connaît. Ademo fera même de la prison pour trafic de drogues. Il le dit lui-même dans un vieux morceau: « 3 ans ferme plus six mois révoqué, je fais appel mais il y a pas de réseau. L’été 2010 ça sera au hebs ». A leurs débuts, le blé récolté semble leur servir à enregistrer et à tourner des clips. Et sûrement à acheter des Pringles, mais ça, on en est moins sûr.
« Le rap ça me plaît pas, je le fais parce qu’il y a peut-être un billet »,
Les Paul-Lou Sulitzer du rap
Ce qui est certain, c’est que N.O.S et Ademo ne font pas du rap par plaisir. Ces mecs sont avant tout là parce que le rap en 2019, c’est une grosse machine à cash. Une approche de la vie finalement assez proche de celle de Claude Guéant, amateur lui aussi d’argent liquide. En plus assumée cependant. Illustrons ce propos par quelques punchlines prises au hasard dans leurs textes : « Le rap ça me plaît pas, je le fais parce qu’il y a peut-être un billet », « Je charbonne pas pour la passion, Igo le but est lucratif », ou encore l’explicite « Si je pose ma voix sur l’instru c’est juste pour ramener un billet ». A y réfléchir, nos deux frangins semblent donc avoir dégoté un job alimentaire. Comme 99 % des français, sauf que le leur paye bien.
Une histoire de pochette…
L’oseille c’est bien, mais ça ne tombe pas tout seul. Faut bosser, gros. Notamment le visuel, dans une époque très portée sur la chose (on parle de l’image, là). Rewind. A sa sortie, le premier album du groupe, « Que la famille », n’est pas vendu dans les bacs. Des exemplaires circulent quand même de main en main. Il finira par être double disque de platine. Sur la pochette, un coeur énorme. Dans ce coeur, une photo. Celle de N.O.S et Ademo quand ils étaient plus jeunes. Puis les temps changent, les deux frères des Tarterêts grandissent. Leur degré d’exigence aussi. Pour faire la pochette de « Dans la légende », PNL propose au peuple de France via un statut Facebook de lui faire des propositions car dixit une citation – approximative -, « C’est aux fans de faire notre pochette ». Les propositions affluent de partout, mais le gagnant du concours est…Fifou, un professionnel de la profession. Un graphiste reconnu du milieu rap (il a déjà fait des pochettes pour Lacrim, Fianeso, Kaaris,…) qui ne se doute pas encore du merdier dans lequel il vient de poser sa souris sans fil. Sans jamais rencontrer le groupe, Fifou va proposer plus de 500 pochettes différentes.
Chaque jour, il a Ademo au téléphone et travaille sur des micro-détails de ce qui finira par devenir la cover définitive de « Dans la légende ». Laissons la parole à Fifou chez nos collègues de Booska-P. Un Fifou qu’on devine fatigué : « Je connais beaucoup d’artistes perfectionnistes, mais là, franchement…C’est quelque chose de légendaire ». Courage, mon gars, car seul le résultat compte. Une belle pochette, c’est cool pour vendre un album, surtout quand il finit par être disque de diamant comme « Dans la légende ». Mais si le mixage frôle l’excellence, c’est encore mieux. Là aussi, PNL sait s’entourer. A se demander d’ailleurs si ces deux-là ne se reconvertiront pas en chasseurs de têtes quand ils chercheront un nouveau job alimentaire.
C’est qui Magimix ?
Le magicien du mix porte lui aussi, ô surprise, un blaze en 3 lettres. Oui, l’homme derrière l’enregistrement, le mixage et le mastering de « Le Monde Chico » et « Dans la légende » s’appelle NK.F, Nikola Feve dans le civil. Son camp de base ? Le studio Sismic à Clichy. Et son rôle dans le projet PNL est conséquent. Voire essentiel. Une importance telle que le groupe a dévoilé sur Instagram le 5 mars dernier une photo du bonhomme en le qualifiant de 3ème homme, un titre jusqu’ici détenu par feu Orson Welles. Les amateurs le savent, NK.F n’a rien d’un inconnu, on le trouve aux manettes d’un nombre conséquent d’albums de rap français, de « Rien à branler » de Lorenzo à « La fête est finie » d’Orelsan en passant par « Ipséité » de Damso ou « Commando » de Niska. Bref, en voilà un qui ne doit pas être au 35 heures.
Et alors, il est comment ce nouvel album ?
J’en sais rien. A l’heure où j’écris ces lignes, seul le leak est disponible et je fais la grève du leak depuis Napster. Leak my ass. De toute façon on s’en fout, le mystère autour du groupe a désormais supplanté sa musique. On pourrait passer des jours à disséquer PNL, à analyser ses clips image par image pour y trouver des indices, des pistes, des références… Ademo indique-t-il le sens du vent quand il se gratte le nez ? N.O.S a-t-il déjà porté des mocassins à glands ? « Deux frères » sera-t-il le dernier album de PNL ? Combien de thèses à venir sur le groupe dans les universités ? No idea. Ce que je sais, c’est qu’il est minuit, que nous sommes la saint Irène et que j’appuie enfin sur Play. Curieux de découvrir le résultat.
PNL // Deux frères // QLF records/Musicast
7 commentaires
çà tourne en ROOOOnd chez vous presque tjrs les mêmes papiers d’artistes’ c comme chez magic le ‘père fondateur’ c retrouvé chez les inmondes inrocks & vous caen vous partez ‘bosser’ tous chiez teleramafalalama?
GOMMES OF CONNES
DUJANG PRANG
Qui retoque LALOIPINEL?
NON! Franck Zappa n’est pas aux APL !NON
Black Block sur les Champs/e. PNL suceurs aux toilettes
DTF ET MMZ COPIEUR????? Informez vous ils ont grandi ensemble dans le meme quartier cest normal quils aient a peu près le meme style!!! Ils sont tous qlf cest normal, ils allaient ensemble au stud ptn informez vous merde, comment est ce que cest possible des dires des conneries pareilles quoi!! Dtf et mmz copié collé🤣🤣🤣 non mais?