Shiiiiiii shishishi shu shu shou shou shuuuuuuu.
Bruxelles, ville européenne. Snus Ettan posé sur la table au bar, des suédois. En portion, probablement. Le löss, c’est pour les bouseux et les vieux. Chemise bien repassée, mèche impeccable. Même pas besoin de les écouter parler, ils le sont. Je pourrais pas dire combien étaient présents ce soir là, je sais juste que c’est ainsi qu’on se rend compte qu’on est à Bruxelles, Bryssel, ou encore Brussels, c’est selon. Public international, du cliché made in Belgium quand on est expat’.
Des suédois donc, venus voir Peter Bjorn & John. Moi aussi. Ils commencent leur concert sous des applaudissements timides, bien rangés tout le monde bien sage. Rayon bleu. Le bonnet du batteur, la lumière, Léon le Grand Bleu SPLASH ! La réalité comme une vague en pleine face, salée !
Peter Bjorn & John peu importe l’ordre sont insignifiants, attachants, transparents et sympas. Pourquoi alors taper sur des mecs qui n’écraseraient même pas un moustique en plein été et qui doivent trier avec doigté leurs déchets ? Parce qu’on a tous cru que faire un bon album pourrait suffire.
« Non ! Celle là, c’est juste pour les cartons ! Les enveloppes avec de la colle, c’est ici ». Ambiance…
Ce soir là, il n’y en avait pas. Ou plutôt si, tant que honte et ennui constituent pour vous des valeurs funky du divertissement. Et malgré cela, avoir’impression d’avoir vingt ans dans les éytiz une fois le concert commencé, ça laisse pantois. Hormis le manque d’entrain général, le groupe sait y faire en manipopulation, CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP CLAP bien en rythme, ça en réchauffe une salle, fait sourire en essayant de le cacher au voisin, comble la froideur de ce concert.
Froid oui, comme leur album Living Thing à la limite entre cold wave et indie lose, un trucqui aurait pu suffire à me convaincre que Peter Bjorn & John était un groupe au moins intéressant: « I feel it, can you feel it? there’s something in the air»
Le retour du bâton après le tube pour l’auditeur. L’envie d’aller plus loin, plus vite en se débarrassant du superflu. Sauf qu’au final, le disque tient difficilement debout, la faute au souvenir du groupe sur scène, au chanteur dansant comme Madness sans les mocassins. Karaoké monocouche plaintif sur beat pop circa 1987. Une vision romantique des spots sur la tronche par un groupe qui a malheureusement à peine l’air d’y croire sur une scène. Un énorme malentendu remuant ridiculement de l’arrière-train.
On aurait voulu que Peter Bjorn & John soit ce groupe fantomatique capable de produire une inventivité pop sobre et froide (ah! ces clichés nordiques!). Au lieu de grands héros classieux qui officieraient tout en (re)tenue, on se retrouve face à un college band qui joue au bal de promo. Des chiens fous, comme si, avant de monter sur scène, John, Bjorn et Peter avaient tiré au sort quel déguisement super ultra fun ils allaient porter :
« On dirait que toi tu serais le biker d’opérette, toi tu serais le commandant Cousteau, et moi je ferai le dandy en veste beige (quelle ignominie)«
Le problème, c’est que, comme une veste beige mal coupée, cet histrionisme leur va mal : Peter, Bjorn & John sont trop vieux, trop plats, pas assez charismatiques. Ce qu’on voulait, c’était être glacé par de la pop désincarnée.
A l’heure des semaines à dix milles disques, du retour au fétichisme de l’objet pour combler le vide qualitatif, l’éphémère d’un concert permet au moins de faire le tri sélectif sans se soucier de quelle poubelle utiliser. IN ou OUT. Pas d’alternative. Sortie de la salle en haussant les épaules. Ceux là sont OUT, sans rattrapage, collés au fond de la poubelle, secs comme un snus trop vite périmé par l’air frais d’une salle de concert non fumeur.
Peter Bjorn & John // Living thing // Wichita