Quand on parcourt les petites annonces des "magazines de rock", on sent bien que l'on ne se dépétrera jamais de la pourriture "buffiste" , du complot "pour le plaisir du blues"

Quand on parcourt les petites annonces des « magazines de rock », on sent bien que l’on ne se dépétrera jamais de la pourriture « buffiste » , du complot « pour le plaisir du blues » et du terrorisme du mauvais goût.

On se dit alors que le rock en France, déjà pour les adolescents, ce n’est pas chose aisée d’en voir qui prennent le bon chemin; il est plus courant de tomber sur des frustrés lynchant les bons groupes (et oui je pense aux Naast quand je parle de bon groupe lynché), ou encore des boutonneux victimes de la paralysie des « géants des nineties qui pensent que « le riff d’Un jour en France, tu vois, il fout des frissons quoi ». Pour les trentenaires, inutile de vous faire le tableau du prof de maths en sandale jammant sur Johnny B.Goode. Dans ce mélange indigeste qui, vous l’aurez compris, me laisse encore tout empli de pessimisme, il demeure de belles exceptions qui valent à elles seules la peine de vous dire que vous ne regrettez pas de ne pas avoir définitivement tourné la page en 2007 vers la fraîcheur du renouveau de la french touch, des labels à dessins fluo etc etc…

Parmi ces rares exceptions que l’on adore aimer, il y a Penelope, un groupe qui ne fait pas tapisserie. Groupe du Sud-Est – il y’en a des corrects – formé par cinq amis pour le plaisir de jouer; jusque là, qu’est-ce qui peut bien les différencier des « cowboys of ze desert » de Perpignan qui reprennent U2 ? Absolument tout: un nom, une image, une culture, des influences, et des prétentions nom de Dieu !  Prétentions musicales, esthétiques et mêmes morales, le fameux souci du détail: autant d’atouts fondamentaux pour faire un bon groupe, on ne le dira jamais assez.

Les membres de Penelope sont de ceux qui ont pris la voie d’un fétichisme presque maladif dans le choix des instruments, des sons, dans la façon de se vêtir. Cela explique pourquoi certains d’entre eux ont adopté la cause Mod, bien que celle-ci fut revivaliste en leur temps. Aujourd’hui, pour les gens comme moi (comprenez « gens de raison ») qui évaluent encore la beauté d’un groupe à son engagement dans une sorte d’existentialisme que les années 90 n’auront pas réussi à tuer, dans une volonté absolue de faire valoir le moindre détail de ses choix, Penelope fait figure de groupe à aimer, d’autant plus que leur musique est loin de leur faire défaut, au contraire ! Pour parler de la musique de Penelope, il faut comprendre que c’est un groupe que tout inspire: l’art, la vie, le passé, le futur, le présent, l’amour, et encore l’art. Il y a dans l’écoute de Penelope, ce sentiment que le son peut devenir vision, que les correspondances chères à Beaudelaire sont établies.
Entre fascinations « vintage » et volonté de créer un son qui colle à son époque, Penelope ne fait qu’un pas: celui de l’efficacité. Dans le EP Benefit of doubt, rien n’est outrageux, rien n’est de trop: chaque riff peut concourir à l’élaboration d’un tube, chaque ligne de basse fait honneur au son et à la suggestion de celles de Melody Nelson, l’orgue Hammond B3 habite les morceaux, plutôt que de les déguiser en farces « garage sixties » et les envolées synthétiques d’un arpeggiator de Korg MS10 servent toute la cause de la beauté. Pas du remplissage.

Vous l’aurez compris, Penelope s’inscrit dans une tradition bien française, celle-là même ouverte par des gens comme Air il y a une quinzaine d’années (seigneur, déjà !) et qu’il me semble bon / indispensable / logique et merde aux réformateurs, de préserver. Je ne vous parle là d’élégance, de culte du beau, et si les membres de Penelope ne pouvaient pas en 1998 affirmer en interview qu’ils écoutaient rituellement Gainsbourg dans un calme religieux et « une fois par an dans la nuit », soyez certains qu’ils en étaient. Silencieusement.

Penelope // EP Benefit of Doubt // Martyrs of Pop

http://www.myspace.com/penelopefrenchband




25 commentaires

  1. Ouais… mon avis:

    La musique est excellente. Le chanteur n’a manifestement pas l’anglais comme langue maternelle. Est-ce que ça veut dire que les frenchies devraient toujours chanter en gaulois?

    Bien sûr que non. Quand Niel de Divine Comedy chante dans notre langue, désolé mais ça s’entend qu’il n’est pas d’Avignon. Ben là, c’est pareil. C’est sûr qu’il y a des progrès à faire sur la prononciation. Mais « pourrave » et « faiblard »? Pas d’accord. Le chant est agréable sur ce morceau, il est même puissant sur les autres que j’ai entendu sur la page MySpace.

  2. Penelope, c’est un groupe qui compte un flic dans ses rangs.

    Ca empêche de fumer dans les loges et leurs petits copains dans le public voient d’un mauvais oeuil le speed qui tourne dans la salle.

    Rien de plus; mais c’est déjà beaucoup.
    Thank you

  3. Mike G ,
    et alors? on parle de musique là, c’est quoi le rapport avec fumer dans les loges?
    T’as qu’à aller voir des groupes de rock alterno dans des squatts, t’écouteras de la musique de merde, tu pourras sniffer du speed et fumer où tu veux, et tu te sentiras rock, voire même accompli.

  4. Il parait qu’il ya aussi des profs !!!
    faut être un crevard pour faire de la musique ??
    il me semble que le débat autour de la misère et la création relève du romantisme dixneuvièmiste… on va pas faire le tour des articles à ce sujet …
    bah c’est sur… ça implique la lecture…

  5. Bien d’accord avec VGE.

    Pour avoir écumé la scène « alterno-shorts treillis-chaussettes de foot » pendant une dizaine d’années, et avoir adhéré à cet état d’esprit (désolée, on est pas sérieux quand on a 17 ans)je n’ai qu’un conseil à donner à Mike G: Saute dans la DeLorean et retourne en 89 te défoncer à un concert des Bérus.
    Déjà tu seras content, et puis ça nous fera des vacances, que ce genre de discours consternant (« bouh, le méchant policier etc. etc. ») tu devrais le garder pour tes soirées-philo avec tes amis aussi décérébrés que toi.

    Et pour en revenir à la vraie discussion, la musique, Penelope est une bouffée de fraîcheur dans le marasme ambiant.
    Quant au chant, certes l’accent dérape joyeusement sud-est par moment, (est-ce un bémol ? pas certaine…)et pour les avoir vus en concert récemment, je ne retiens que l’énergie, la générosité et le plaisir d’avoir découvert un excellent groupe français. Enfin !

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