Petit nouveau dans l’immense univers brumeux des beatmaker, Paul White est londonien, accessoirement créateur/sorcier talentueux d’un premier album, The Strange Dreams of Paul White. Remarqué très tôt par une partie non négligeable de la faune hip hop/electro britonne, son deuxième LP n’eut aucun mal à se faufiler dans les bureaux de Gonzaï avant d’atterrir dans mes oreilles obstruées par tant de décibels de metal et de punk brutal et inécoutable.

En bon dj à l’oreille affuté, Paul White dépoussière l’œuvre de ST Mikael, figure médiocre d’un psychédélisme Suédois 90’s quasi inexistant. De cette gadoue surannée d’acid rock anecdotique, Paul White a habilement retiré tous les vilains morceaux de passé nostalgiques bourratifs pour ne conserver que l’exquis noyau de talent concentré. Ajoutez à cet œil surhumain, l’intelligence de la modernité salvatrice gonflée au hip hop fou et frais des Mf Doom and co et vous vous rapprocherez avec bonheur de ce que Paul White and the purple Brain propose.
Ce croisement, pas si surprenant et quasi indigeste, est vigoureusement rattrapé par un violent charcutage de pistes découpant la totalité en 25 minuscules tracks n’allant jamais au-delà des 2 minutes 20. Ok c’est du déjà vu. Les Ramones, Minutemen et Wire usaient déjà de cette brièveté pour donner plus de vigueur juvénile à leur cocktail électrique. En lieu et place de l’éjaculation précoce que pourrait provoquer la reprise de ce format purement rock, le format 1’50 environ démontre, par un tour de force emprunté malicieusement à Madlib, que la complexité sonique de rouleau compresseur peut être appliqué à autre chose qu’aux sempiternelles pistes prog rock, electro et free jazz conventionnelles.

Et dans le gras de l’album, qué ya ?

Plein de belles choses. Le psychédélisme farouchement sixties, on en a parlé. Le hip hop de  fond mais parfaitement audible, on en a aussi parlé. Reste les merveilles d’interludes psychotiques qui rappelleront aux plus vieux d’entres vous les délires oubliés de Kim Fowley. Le sample à l’oriental, juste ce qu’il faut, faudrait pas non plus faire fuir le faf ouvert d’esprit qui passerait par là. L’ambiance délétère de rappeur de l’espace toxicomane.  Et de furtifs passages où Paul White fonce, tel Eric Woerth face à la magouille, dans une jungle mesquine et déglinguée.
45 ans de psychédélisme frelaté et 25 minutes éthérés de rap instrumental pour ascenseur terre/lune nous ferait presque oublier l’essentiel, Paul White and the Purple Brain est un disque puissamment perché (la pochette…). Woodstock est à deux pas, les échos de Timothy Leary « turn on, tune In, drop out »,  « turn on, tune in, drop out » atteignent à nouveau vos oreilles de post hippies morts nés et le sol se couvre de nymphes de l’électrique pays des dames.

En gros, le psychédélisme n’est pas (encore) mort.  Et le hip hop non plus. Jamais fatigué et (presque) jamais fatiguant, contrairement à l’envahissante masse de rocker  » jeunes vieux » s’évertuant à ressasser les même vieux riffs périmés. Jack White c’est de toi que je cause… Le hip hop représenté par notre ami Paulo insuffle un peu de vie à un sous genre (pas tout a fait) achevé par la cavalerie désordonnée 70s : bottes cloutés d’Ozzy, aboiements dégénérés d’Iggy et mellotron mélodique de Robert Fripp…

Paul White // Paul White and the Purple Brain // One Handed Music
http://paulwhitemusic.co.uk/

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