A force de tomber à terre sur chacune de leurs sorties, j’aimerais éclaircir un point: Non je ne suis pas salarié d’Alive Records. Et oui, 90% des productions qui sortent de ce label sont plutôt extraordinaires et méritent chroniques savoureuses.
Des groupes découverts sur myspace ou au détour de tournées européennes à l’arrache. Radio Moscow, Black Diamond Heavies ou SSM, pour ne citer qu’eux, se perdent même dans le massif central entre faux cafés concerts et cachets de pacotilles. Les Buffalo Killers tournent à rallonge en première partie des Black Crows pendant que Dan Auerbach, grand maître paticier, fouine et cherche des nouveaux talents à produire, Brimstone Howl, Soledad Brothers ou dernièrement Hacienda. La Nouvelle Star version Easy Rider. La grande roulotte d’Alive Records tourne à fond contre vents et marrées avec une étiquette : label rock n’roll de l’Amérique rurale du New Jersey au Nevada en passant par le Texas ou le Michigan. C’est d’ailleurs dans cet Etat que je poserai mes valises pour vous raconter l’album fantastique des Outrageaous cherry. La réponse dissidente au Universal Blues des Redwalls.
Comme les Flamin’ groovies première période, Outrageous Cherry cultive le no look, pas hippie, pas punk, juste rock n’roll. Né au début des années 90, le groupe enchaîne les labels et les albums (près d’une dizaine). Et avec le temps, la recette est devenue mythique. Un cookie de fin gourmet.
Cookies électriques et autres comptines de l’Amérique…
Dès les premières notes de I recognized her, je m’excite comme un gamin. Mon front dégouline de perles, c’est un son de malade digne des meilleurs rock n’roll du Bowie’72 ou d’un T Rex à paillettes. Une basse bien groovy qui cavale, piano bastringue et chœurs câlins, ça commence fort. Deuxième morceau : Anymore. La perle du disque, restons en 72 mais caressons dans le sens Lennon. Une ballade à te faire chialer, orgue ronronnant et batterie sortie tout droit d’une production Fab four’69.
It’s not rock n’roll (and i don’t like it). Les paroles parfaites. La mélodie teenage ricaine lignée Buddy Holly, Big Star, Weezer. Exquis. Comme si Weezer n’avait jamais eu un son grungy, imaginez l’album bleu. C’est un peu près ça, une merveille. Un solo de gratte acidulé sur le gâteau ajouté d’une prod à la Phil Spector. Je suis à terre. Nouvelle ballade : Feels like shadows. Grand piano, effet à l’envers et Lennon qui rode toujours. Ca me fait flipper.
Puis série de pop songs très bien composées. The longs belong to everyone, et surtout I wouldn’t treat my enemies the way you treat yourself et sa descente mineure. Autres gifles teenage. Claps, guitares fuzzy et énergie frissonnante. Horizon se pose planante, saupoudrée, d’un esthétisme bien senti. Get out while you can, maracas au point pour une baston rock n’roll dans les règles de l’art. A ce stade il n’y plus besoin de réfléchir sur le pourquoi du comment de ce disque, mon salon est devenu un vaste dancing ou déhanchements psychotiques en tous genres se produisent, car Outsider débarque sur les accords de You can’t alway get what you want. Enfoirés de première qui te font monter une de ces sauces dans un brouillon de guitares noisy, d’acoustiques grinçantes et d’une grosse caisse survitaminée. Malsain. Mais la marque de fabrique Outrageous Cherry, c’est avant tout la petite nouvelle pop électrique noyé d’influence beatles et de bonheur fifties. Memory fait office de dernier chapitre et résume très bien le disque.
Après dix morceaux qui auraient pu être -sans exagérer- dix singles, quoi de plus ? Simplement cette sensation qui me met mal à l’aise: Combien y a-t-il d’autres groupes comme Outrageous Cherry dans le Michigan ou ailleurs aux Etats-Unis qui sortent des disques parfaits du début à la fin ?
Mes cookies ramollissent. Alors je les mange goulument, savourant ce silence des grands maîtres, heureux d’avoir été là au bon moment sans avoir mis un pied dehors.
Outrageaous Cherry // Universal Malcontents // Alive Records www.myspace.com/outrageouscherry