2014 est une année de concrétisation de l’élan psyché qui a pris ses sources dans les backgrounds des garages californiens des 2000’s. Comme le jazz début XXème naissant dans les bas-fonds d’une Amérique noire oppressée, sauf qu’il s’agit là d’une renaissance. Sur fond de conformisme hipster certes, mais avec une spontanéité et un côté DIY qui mettent une claque à l’industrie traditionnelle du disque et font émerger le couple mutant Internet/live.
Face à la noirceur et à l’aspect mécanique d’un monde bien réglé, mais paradoxalement détraqué, les classes laborieuses du monde entier s’unissent pour planer ensemble au doux son des reverbs. Et l’Australie n’est pas en reste dans ce revival avec des fers de lance comme Tame Impala suivi de près par quelques perles comme les excellents Murlocs de Melbourne, révélation de mon année musicale. Une fougue et une maîtrise du blues à faire pâlir les anciens, une désinvolture garage teintée de grunge, une voix féroce, un harmonica digne des meilleures épopées du far west version outback. Ces mecs à la vingtaine balbutiante ont le sens des mélodies à la petite semaine interprétées comme si l’humanité vivait un week-end sans fin. La voix, freakbeat à souhait, virevolte entre Janis Joplin et Ty Segall tout en trinquant au Sky Saxon. L’album “Loopholes” fait naviguer à vue jusqu’à la West Coast en titubant entre les îles John Hammond, à hurler avec dans une corne de brume avec Howlin’Wolf. Une vraie petite tuerie.
Loopholes // The Murlocs
http://themurlocs.bandcamp.com/