Envoyée très spéciale de Gonzaï au Hellfest 2022, Bebe Melkor-Kadior (à la fois guérisseuse intuitive, autrice, canal spirituel et même cover girl de notre numéro sur l’Afrofuturisme) en a profité pour prendre la contre-allée et est partie sonder certains des groupes présents au plus profond de leur âme, loin des questions faciles associées au metal. Premier volet d’un triptyque où l’on retrouvera également Regarde les Hommes Tomber et Hangman’s Chair, avec en ouverture un échange spirituel avec Gautier Serre, aka Igorrrr.

Nous sommes le samedi 25 juin 2022, jour de fête à Clisson, j’attends patiemment l’homme derrière le collectif musical indéfinissable Igorrr. J’ai assisté au set et je me sens chanceuse de pouvoir échanger avec Gautier Serre à ce moment-là, Igorrr n’étant pas en tournée. Le voilà, en toute détente, une bière à la main, accompagné par Elodie Sawicz, son attachée de presse de choc. C’est la première fois que nous nous rencontrons. Nous nous installons et embarquons dans un échange informel des plus rafraîchissants ; il s’agira de communication universellement, de perceptions atypiques et extrasensorielles, de religion et spiritualité, de science et de croyances.

 

Mon médium, ce sont vraiment les mots. Je pense qu’on ne peut pas faire ressentir ce qu’en ressent à quelqu’un d’autre. Mais on peut décrire d’une façon qui peut transmettre…

Gautier : Oui, plus ou moins : on utilise des outils. Mais les mots qu’on a dans notre tête n’ont pas forcément la même résonance résonance dans celle des autres…

On est toujours responsable du message qu’on émet mais jamais de comment il sera reçu.

Gautier : Igorrr, justement c’est très spécial, il n’y a pas de texte. Le chanteur et la chanteuse ont des onomatopées, des sons qui ont pour but de parler à l’autre comme un instrument de musique le fait. Comme un piano, comme un violon. C’est-à-dire que, pour moi avoir des mots avec des sens concrets ça passe par l’esprit avant de passer par le cœur. Pour moi, dans la musique que je fais avec Igorrr, c’est une pollution. J’aimerais parler directement au cœur, à l’énergie de la personne sans avoir une étape « intellectuel » en plus en essayant de traiter avec notre culture…

Essayer de mentaliser.

Gautier : C’est ça.

Ça me parle beaucoup ce que tu dis. Et c’est toi qui va suggérer ça aux chanteurs-on appelle ça du chant intuitif- dans une approche qui est déspiritualisée ? Quand on utilise ça comme soin, comme je le fais- j’utilise le son, ma voix et je canalise ce qu’on appelle des protolangages, langages chamanique, langages de lumière : c’est comme tu dis. Ça parle directement aux cœur et le mental ne peut pas l’expliquer mais ça active des fréquences selon une intention posée. Sauf que ce que tu me dis là, c’est fait dans une approche un peu plus impersonnelle…

Gautier : Musicale !

Oui musicale mais tu t’adresses à un très grand nombre c’est pas comme dans le cadre d’un soin où là ça va être très spécifique à une personne. C’est quoi l’intention ? Tu dis que tu veux transmettre des énergies, transmettre un sentiment, ce qui t’inspire…

Gautier : Une émotion…

Une émotion sans qu’elle soit polluée. Ton émotion est-elle très claire lorsque tu composes ou est-ce que tu es inspiré comme un canal ouvert qui va traduire ce que tu reçois ?

Gautier : Je suis inspiré avec quelque chose de suffisamment clair pour que je puisse le cerner, le mettre en musique et le partager comme ça. La musique c’est un langage international dans le sens où on n’a pas besoin d’être tchèque, anglais ou russe pour pouvoir faire passer quelque chose. Tu joues une belle mélodie au piano, la personne quelque soit le lien, sa culture, sa langue, elle va entendre globalement la même chose que toi. On n’a pas les mêmes oreilles, anatomiquement parlant, mais globalement, elle va ressentir les mêmes énergies. Après, moi je n’irais pas jusque ce que tu racontais avant : faire des soins, travailler sur les énergies. Je ne vais pas jusque-là. J’essaie juste de transmettre un message émotionnel sans être pollué par le psychique. Et la façon la plus directe et efficace que j’ai trouvée : c’est la musique.

C’est intéressant parce que tu utilises le mot « pollué ». Qu’est-ce que ça retire pour toi le fait que ça passe par le filtre du mental ?

Gautier : Pollué, en effet, c’est peut-être un petit peu dur. Par « pollué » je veux dire « changé » ou « interprété ». C’est-à-dire qu’on propose une photo d’une émotion et si on la traite par notre mental avant, on va y rajouter nos croyances, nos sensibilités, nos traumatismes, on va éliminer certains points de la photo et en mettre d’autres en valeur. On va l’adapter pour que ça nous corresponde, pour qu’on l’aime ou qu’on la déteste, pour qu’on puisse plonger dedans. Et c’est en ça que j’utilise le mot « pollué »…

On va interpréter selon nos propres bagages personnels, notre vécu, notre compréhension, nos définitions…

Gautier : C’est ça. Et c’est pas forcément correct. « Pollué » dans le sens ça peut rendre l’œuvre meilleure pour la personne qui la reçoit mais c’est pas forcément ce que l’artiste avait voulu dire.

Igorrr on Twitter: "There is a lot of distortion on the next album, Really. https://t.co/dtNIpNLsR5" / Twitter

Au fait, ce que tu recherches c’est un mode de communication complètement intuitif. Il y a cette volonté de transmettre l’émotion de la façon la plus déliée, pure, telle que tu l’auras ressentie.

Gautier : Ouais, de la façon la plus précise possible.

Emotion précise, tu utiliserais ces deux mots ensemble ?

Gautier : Ouais ! Une émotion ça fait appel à beaucoup de parties de notre esprit, à différentes valeurs, different souvenirs, différents rêves, du coup il y a un processus chimique très complexe qui se passe, c’est chimiquement très précis. Une partie de mon travail c’est ça, c’est essayer de transmettre avec le plus de précision émotionnelle- j’ai jamais utilisé ce mot là avant, aha ! Mais ça me paraît cohérent.

Ce que tu dis est cohérent. Le fait que tu utilises le mot « précis » pour décrire une émotion… Qui est de l’énergie pure en mouvement…Qui va traduire d’une subjectivité qui pour moi n’est pas traduisible… Comme on disait au début : on ne peut pas transmettre une émotion telle qu’elle est. Donc ton objectif en tant qu’artiste c’est de canaliser, d’être une espèce de canal qui va transmettre une émotion, telle que toi tu l’as perçue, à une autre personne ?

Gautier : Une espèce que canal, ouais ; chaque type d’émotion artistique, qu’elle soit orale, visuelle, olfactive c’est un canal pour transmettre quelque chose. Quand je me mets en mode artiste c’est ce que j’essaie de faire. Je ressens quelque chose que j’ai besoin de partager et j’essaie de le retranscrire, de le modéliser de la manière la plus précise possible pour que la personne puisse le recevoir sans être polluée par sa propre interprétation. Du genre « s’il a mis un Sol dièse ici c’est à mon avis qu’il a voulu exprimer ci ou ça. » Non, justement prends-le tel que c’est. Après c’est mon fantasme personnel de vouloir partager un truc parfait -enfin personnellement  parfait- mais moi ce qui m’importe c’est que la personne kiffe, le reçoive, que ça lui fasse plaisir : c’est ça qui me fait vivre.

Tu dis « quand tu passes en mode artiste». Pour toi il y a une différence dans ton mode d’être entre le moment où tu vas mener ta vie mondaine, quotidienne et le moment où tu vas te mettre au travail, à la création. Il va y avoir une différente façon d’être et de percevoir les choses ?

Gautier : Oui après de manière générale je pense que malheureusement j’ai, comment dirais-je, une sensibilité exacerbée sur beaucoup de choses et ça c’est tout le temps. Mais il faut bien vivre et du coup quand je fais du travail pragmatique, je pousse sur le côté tous ces trucs qui ne correspondent pas à ce que j’ai besoin de faire. Donc je mets un peu ma personnalité de coté pour entrer dans un autre mode.

Donc tu es pleinement en conscience du fait qu’on revêt des personas.

Gautier : Oui et je travaille sur moi-même pour faire ressortir d’autres capacités.

Donc tu es dans un moment de dépouillement pour pouvoir entrer dans cet espace où tu vas créer- en tout cas au niveau de ce que tu devrais, ce que tu penses être- tu essaies de mettre tout ça de côté histoire de pouvoir créer de la façon la plus juste possible.

Gautier : Ouais. Quand je me mets en mode artiste ou quand je me mets en mode technicien. Comme par exemple là depuis deux ans je construis mon nouveau studio, et avoir une sensibilité musicale ici, quand tu monte des murs, ça ne sert à rien. Il faut comprendre à la place l’acoustique, la maçonnerie, l’électricité, qui sont des choses très pragmatiques.

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C’est du pratico-pratique.

Gautier : Voilà, c’est du truc très pratique. Donc la sensibilité musicale n’a aucune place là-bas, ça mène à rien. Justement c’est quelque chose qui te ralentis donc quand je dis me mettre en mode artiste c’est quand je ne suis pas en mode « autre chose ».

Pour toi être artiste, c’est être la source de l’inspiration ou c’est plutôt être un réceptacle de l’inspiration ?

Gautier : Je suis sensible aux énergies extérieures et moi mon truc se fait tout seul. Mon travail intérieur c’est de canaliser ça. J’ai toujours  des centaines d’idées de riffs, des centaines d’idées de films, d’images, de trucs. C’est quelque chose que je veux canaliser, réduire : mon travail il est ici. Quand je passe en mode artiste c’est une manière de dire « quand je me laisse aller à être moi-même ».

C’est marrant parce que je trouve que ta réponse c’est un peu un « oui » ! Je te demande : tu passes en mode réceptacle d’une inspiration qui serait peut-être d’origine extérieure à ta psyché ou en es-tu la source ? Et tu m’as un peu répondu «oui ».

Gautier : Je te dis oui pour te dire que c’est pas complètement faux, je suis réceptif à ça mais avant tout, je suis un volcan d’idées et c’est surtout ça le truc.

Ces idées… j’aimerais connaître ton ressenti, ta perception sur l’origine de ces idées, de tout ce qui te traverse, de tout ce qui est en permanence en train de bouillonner en toi. Parce que ça se voit, ça se voit dans ton œuvre, que tu es tout plein de suggestions, que tu es tout plein d’influences et tout plein de germes qui ne demandent qu’à être travaillées. Tout ça se ressent. Ça se perçoit même énergétiquement que tu es all over the place

Gautier : Là maintenant, tu le ressens ?

Ouais ouais. On sent que tu as plein de pensées en même temps et que tu tries, un peu en arborescence.

Gautier : Ah, oui oui.

Et que tu choisis ce vers quoi tu vas tourner ton attention. Je fonctionne pareil du coup je suis assez sensible à ces énergies.

Gautier : Le moindre mot est une explosion de possibilités.

Ce qui m’intéresse c’est toi, ton interprétation de cette perception de tout-ce -qui-est que tu as. Parce que ce n’est pas la même pour tout le monde :il y a des personnes qui pensent de façon linéaire et qui vont choper une pensée l’une après l’autre, qui sont capables de se focus sur une seule chose à la fois, qui vont être inspirées en faisant des fixettes : une seule source  d’inspiration pour des longues périodes de travail. Il se trouve que tu fonctionnes pas comme ça. T’es-tu déjà posé la question de « est-ce que ça vient de moi? est-ce que c’est mon cerveau avec mon vécu et mes personas etc ou est-ce que j’ai cette sensibilité là qui dépasse mes perceptions des cinq sens et qui fait que je reçois des informations? »

Gautier : C’est une question à laquelle je pourrais pas répondre parce que j’en sais rien. Ce que je vois c’est que pour moi ma façon de penser est normale. Mais quand je vois les autres je les trouve pas normaux et du coup il y a tellement de gens qui ne sont pas normaux et tellement peu de gens qui sont normaux que je me dis que les pas-normaux c’est des gens comme moi. Mais j’ai ce besoin très   puissant de composer de la musique de…d’exorciser j’allais dire… de sortir des choses qui se créent et j’utilise le média de la musique pour les partager parce que pour moi c’est le plus précis, le plus complet. Mais d’où ça vient, ça j’en sais rien. […] Je ne suis pas croyant, je ne suis pas croyant du tout. Je vois qu’il y a des énergies, je vois qu’il y a quelque chose mais je ne suis absolument pas croyant. Les réponses que la religion apporte ne me conviennent absolument pas et du coup ce n’est pas quelque chose dont je puise quoique ce soit.

Moi qui suis sensible aux énergies, qui travaille avec les énergies de façon consciente, je trouve que ta musique va stimuler ce qui a besoin d’être stimulé de façon individuelle chez chaque personne. Un peu comme le langage de lumière dont je te parlais.

Gautier : Si on qualifie ces énergies de positives et qui ont besoin d’être stimulées ça veut dire que toi et moi on a une sensibilité commune. Mais ma musique stimule aussi des choses chez d’autres personnes qui n’ont pas du tout envie d’être stimulées. Mais oui c’est un truc très intérieur comme tu disais. Dans Spirituality Distorsion il y a un morceau qui s’appelle Lost in Introspection, on parlait exactement de ça, c’est un voyage à travers nous-même. Se laisser aller, se perdre dans les détails de notre propre sensibilité. Mais oui le côté spirituel d’Igorrr parle de ça et c’est pour ça que je ne veux pas utiliser de mots avec un sens commun pour ne pas nous bloquer dans cette recherche intérieure.

Ne pas influencer le processus des autres…

Gautier : Oui c’est ça, ne pas influencer. Être réaliste, avoir le courage de voir les choses telles qu’elles sont sans se protéger par nos propres croyances.

Sans se mettre des barrières aussi. Souvent quand on fait ce travail d’introspection que ce soit du développement personnel ou spirituel on doit rapidement faire un choix entre s’accrocher à ce qu’on aimerait découvrir ou être d’accord avec le fait de trouver la vérité peu importe la forme qu’elle aura. Je trouve qu’il y a ça de très stimulant dans ta musique : cette capacité à se retrouver et être dans une certaine forme de justesse, peu importe qui on est, parce que c’est vraiment vaste. Ça parle à tout le monde. Je vous avais vu au Trabendo il y a trois ou quatre ans mais aujourd’hui c’était différent. J’étais dans la fosse et je me suis rendue compte- c’est peut-être l’énergie du Hellfest et le fait que ça rassemble beaucoup de personnes, de communautés différentes dans les sous-genre de metal-  je sentais que ça plaisait pour des raisons différentes à chaque personne autour de moi parce que selon ce qui se passait musicalement les réactions se répondaient. Ça jouait aussi de la musique avec les corps.

Gautier : La musique d’Igorrr c’est ça, c’est une musique qui s’exprime, qui se ressent avec le corps et s’absorbe par l’esprit. C’est une musique assez physique. Quand tu exprimes ce que tu écoutes ça peut être une musique assez sportive. Au Hellfest oui, on était face à un public qui était très très actif, très nombreux, là c’était plus que plein on voyait les gens qui débordaient depuis la scène. C’était très fort. Il y a une communication qui a été très intense.

Je marche un peu sur des œufs. Tu vas me dire « je suis pas croyant » et en même temps « il y a eu une communication très intense ». J’ai envie de demander : à quel endroit ?

Gautier : A l’endroit où tu balances du son, tu vois la personne réagir, elle te renvoie donc quelque chose physiquement, tu le voies donc elle communique avec toi. Et donc ça fait un aller-retour. Comme une communication avec des mots, mais avec de la musique.

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Je voudrais savoir : est-ce que tu considères Patrick comme ton familier ?

Gautier : Comme quoi ?

Comme ton familier. Tu ne connais pas cette expression ? Les familiers, ce sont les animaux pour les guérisseurs ou les sorcières qui tiennent compagnie, qui inspirent et aident au travail. Comme Salem dans Sabrina l’apprentie sorcière. 

Gautier : Je n’ai pas cette référence mais la connexion que j’avais avec Patrick est plus simple. C’est un être vivant qui a la sensibilité la plus opposée à la mienne au monde. Et pourtant on arrive à trouver un moyen de communication que je comprends et qu’elle comprend. C’est très simple à la base : ça part de graines puis une gratouille ici [le menton]. Des choses très simples qu’elle kiffe, que je kiffe et du coup c’est ça qui m’a permis de trouver un pied d’égalité et de communication avec elle. Malgré le fait qu’on soit à des années-lumière de se comprendre en profondeur il a quand même un truc, il y a quand même un chemin. Donc voilà ma relation, si on peut appeler ça comme ça : c’était un être vivant d’une espèce très très différente de la mienne mais il y a quand même une communication possible. Elle est maladroite de ma part et elle est maladroite de sa part mais il y a quelque chose qui s’est construit avec le temps, une confiance mutuel, et j’ai trouvé ça magnifique.

C’est un peu ce que tu recherches constamment à travers toutes tes démarches. A la fois musicalement et puis même dans la façon que tu as de faire de la musique, tu vas créer de la communication pour créer de la musique. En tout cas c’est ce qui s’est passé avec Patrick et c’est un peu ce qui fait, l’identité, les débuts d’Igorrr. Patrick pour moi c’est un peu l’égérie d’Igorrr. Les vidéos que tu postais… et puis elle est partout quoi, c’est la tête d’Igorrr. Donc beaucoup de personnes se retrouvent dans cet aspect de communication aléatoire mais qui va créer quelque chose de finalement harmonieux, qui finira par faire sens. Plus on y met la volonté, plus on fini par y trouver du sens.

Gautier : Si on y trouve du sens, c’est pas moi qui le crée, c’est moi qui le trouve mais c’est pas moi qui le crée. Le sens il existe, il est là. Si je prétends à créer ces communications qui ne sont pas communes, c’est pas pour me moquer, c’est parce qu’en vrai je trouve ça beau, donc j’essai de les souligner et les sublimer.

Carrément. Par contre je ne pense pas qu’on ait ce sentiment-là. Je pense que les gens prennent Igorrr au sérieux.

Gautier : Il y a un côté humour quand même. Second degré.

Bebe : Et du coup c’est important, je pense, à travers la musique de donner l’autorisation à ces personnes dans les musiques extrêmes de lâcher du lest…

Gautier : Mais oui et puis il a des codes qui sont établis depuis très très longtemps dans cette musique-là, des codes qu’on connaît par cœur qu’on maîtrise parfaitement depuis longtemps. En plus du fait que c’est une musique déjà bien connu, la musique parle juste à un seul de nos sens- y’a pas l’odorat, y’a pas le toucher, y’a pas le goût- donc il faut qu’elle soit un minimum poussé sinon moi j’ennui. Si j’écoute de la musique que je connais déjà, j’ai envie d’aller sur autre chose parce que c’est pas stimulant, ça apporte rien. Aujourd’hui, avec des milliers d’albums qui sortent chaque moi, il faut vraiment que la musique soit très très bien faite ou apporte quelque chose de nouveau et stimulant, sinon ça n‘a pas suffisamment lieu d’être pour moi. Le fait de maîtriser ces codes et d’aller au-delà, de les confronter à d’autres codes comme la musique baroque, l’électro… C’est quelque chose qui me stimule. Ca fait beaucoup sens pour moi. J’adore la musique électronique, je trouve ça passionnant, j’adore la musique des Balkans, j’adore la musique baroque. Le metal : je suis un metalleux depuis que je suis petit mais je ressens chaque musique, vraiment. Et les confronter un peu comme Patrick avec le piano, c’est très très beau. Quelques fois c’est disharmonieux, c’est maladroit et quelques fois tu as des moments de grâce. En fait il y a tellement peu de gens qui travaillent sur ces trucs-là que je me suis découvert un monde petit à petit.

C’est toi-même qui le déploies, ce monde.

Gautier : Oui parce que je voulais, quand j’étais petit, écouter cette musique-là.

Bebe : Tu crées ce que tu aurais voulu entendre.

Gautier : Je crée ce que j’aurais voulu entendre. Si je ne suis pas inspiré, je fais pas de musique. Si je suis inspiré ça peut arriver à n’importe quel moment. Au milieu de la nuit je me réveille parce que j’ai vu une symphonie et j’essaie de pas faire de bruit pour ne pas réveiller ma copine et je sors je vais dans le studio, j’ai mon matos… Quand je suis inspiré je vais faire de la musique et quand je ne suis pas inspiré je ne fais pas de musique, mais j’ai pas de rituels.

Tu n’as pas de façon de faire particulière qui facilite… Rituels dans le sens : des choses que tu refais, pas forcément qui ont un sens spirituel ou ésotérique mais vraiment des façons d’agir qui vont… donner naissance au fait.

Gautier : Quelque fois je commence par les batteries comme ça s’était passé sur Very Noise et quelques fois par les guitares comme ça s’était passé pour Downgrade Desert ; quelques fois c’est le kanoun, comme ça s’est passé sur Overweight Poesy. Ça peut passer par n’importe quel moyen.

Donc c’est une question de te laisser guider par ce que tu entends, ce que tu perçois ?

Gautier : Ce que je vois surtout, ce sont des couleurs, des émotions qui se matérialisent par des couleurs, des formes géométrique, des maths, des trucs comme ça. Il y a aussi des structures, c’est un peu comme un « tableau » un tableau que j’essaie de mémoriser -et même des semaines après l’avoir visualisé – réussir à le rendre de la manière la plus véritable possible.

C’est une approche vraiment synesthésique au fait.

Gautier : Je suis synesthésique.

Ça répond à pas mal de questions concernant l’origine de ton inspiration.

Gautier : Non, je ne pense pas.

Pour moi, oui !

Gautier : Pour moi c’est juste un moyen, un outil que j’utilise pour arriver à exprimer tout ça mais pas pourquoi. Pourquoi je suis synesthésique j’en sais rien du tout.

Conversation enregistrée le samedi 25 juin à Clisson.

Remerciements à Elodie Sawicz, à Ticketswap et au Hellfest pour l’accueil et l’organisation.

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