Après un passage automne/hiver glacial et bien pourri, je me mis à rêver un instant que le printemps m’apporterait son lot musical d’allégresse et d’ardeurs retrouvées. Me réchauffant sous le soleil californien qui gonflerait mon slip Éminence par la simple évocation de quelques petits culs en string se trémoussant dans le sable d’Ocean Beach, le rêve allait être, une fois de plus, de courte durée.
Il y a quelques jours, se glissait dans la fente de ma boîte aux lettres Mazes, premier LP de Moon Duo. Bingo ! La plage, chaude et sensuelle, venait à moi comme une connexion en prise directe avec la Californication, le prêt-à-écouter bandant pour bien commencer le printemps. Je bandouillais un peu déjà lorsque j’ouvris la grande enveloppe – bien collée – en prenant bien mon temps pour faire monter l’excitation sur un air de Good Vibrations et de Sea, Sex and Sun. Le pli enfin grand ouvert, j’y plongeai un tentacule moite et tremblant à la recherche de la précieuse galette d’alu accompagnée de son habituelle notice de promo presse.
Première rencontre avec la cover de l’album et déjà première déception. Un labyrinthe noir et blanc m’imposait un chemin glacial au travers de ses angles droits coupants, un frisson d’angoisse mêlé de questionnements traversa mon bulbe tout à coup ramolli. Alors que je saisissais la notice presse en la dépliant fébrilement, j’aperçus le cliché qui tue, la photo promo qui ferait détaler un cheval mort… Le duo lunaire s’exposait, deux imbéciles les pieds plantés dans la neige : lunettes noires, barbe de bûcheron canadien et bonnet d’âne pour Ripley Johnson, coiffure de Barbie brune des cavernes pour Sanae Yamada. Je me mis à trembler, non plus d’excitation mais de froid. La lecture de la presse qui encensait leur psychedelic rock, hypnotic, wobbly et chewy ne fit que confirmer mes peurs. Alors, par pure conscience professionnelle, le bulbe vide et le tentacule mou, j’écoutai la chose plusieurs fois. Rien à voir avec les strings tant attendus. Une ambiance froide, slip molletonné et doudoune en poil de renne, m’imposaient les rythmes répétitifs de compos sans saveur. Ripley Johnson se faisait plaisir, branlait son manche de gratte comme un ours en rut, usant de tous les artifices pour me faire entrevoir sa virilité à grands coups téléphonés de phasing, reverb et autres riffs adolescents. A vrai dire, je m’ennuyais.
Moon Duo ne m’a pas apporté pas mon lot de chaleur printanière, je n’ai eu le droit qu’aux touche-pipi musicaux d’un couple sans libido. M(n)azes est à classer dans les ratés du moment, provoquant un ennui d’une intensité rarement égalée. Moi je voulais juste retrouver mes Good vibrations, mon Surfin’ USA, taper le cul d’une LA Woman bonasse dans le premier Hotel California venu … Puis repartir me déchirer to next whisky bar, and don’t ask why ! Mais le Californian Music Dream me semble bel et bien mort, vidé de sa sève par un psyché froid et monotone.
Moon Duo // Mazes // Souterrain Transmissions
http://www.myspace.com/moonduo
7 commentaires
« un ennui d’une intensité rarement inégalée » ?
waow !
Le poulpe, tu t’es juste trompé de « personne » !
Moi j’ai bien aimé cet album, son côté Primal Scream kraut rock. Faut juste le découvrir sans idées/envies préconçues…
Comme le dernier Radiohead tiens ! Faire place nette et en avant la musique. S’ouvrir à elle… 😉
Sylvain
http://www.parlhot.com
@Sylvain ***Faire place nette et en avant la musique. S’ouvrir à elle…***
Bah, aussi après mon message dans ta bal, j’aimerais bien savoir ce que c’est pour toi, vraiment, de « s’ouvrir à la musique », dans le contexte Moon Duo, franchement, je reste complètement dubitatif.
Je te le dirai seulement si tu me dis ce que signifie « message dans ta bal »
Les gars, les gars; la musique elle même est tellement subjective, une affaire personnelle. Vous ne pourrez que très rarement l’ aimer ou la détester pour les mêmes raisons entre gens civilisés.
@Léo : oui c’est vrai, complètement vrai, n’empêche que je ne lui dirai pas ce que veut dire « message dans ta bal ». Je suis un brutaliste (voir excellent article Gonzaï), je déteste passer du temps à éduquer les autres, pfff.
j’ai vu en concert à Manchester dans une église le projet parallèle de Moon Duo : Wooden Shijps…et c’était incroyable . Après faut aimé les choses hypnotique comme Can ou Alan Vega…C’EST MON CAS !