Après la secte hippie de son enfance et les frasques junky des Sex in Dallas, la petite fille de Mons-en-Montois fuit définitivement les mauvaises ondes, reprend son vieux mini Casio blanc à piles pour aller chercher au plus profond d’elle-même quatorze morceaux d’electro pop intimiste et expiatoire.

Event Horizon, c’est le point de non-retour, la limite à ne pas franchir pour ne pas me faire bouffer tout cru par le putain de trou noir qui me fait de l’œil depuis un certain temps déjà et qui pourrit bien ma vie. Event Horizon c’est aussi la bande originale du railway movie de Mohini Geisweller. Fuir est sa seconde nature, alors elle s’organise des escapades vers des destinations inconnues et compose derrière la vitre du Trans Europe Express de Kraftwerk ou du Midnight Express de Moroder des mélodies intimistes élégantes et lumineuses. Sa pop électro minimaliste exprime le retour à une naïveté baignée de spleen où s’entrechoquent les souvenirs de ses premières amours musicales avec le vague-à-l’âme électro d’un présent encore rempli de doutes.

Le poulpe est fasciné d’emblée, accroché aux premières mesures de Raw Forms, un halo de lumière remplit son espace sonore. Il y a des albums comme ça, qui te scotchent le cul au fauteuil, te font frémir les ventouses, le temps s’arrête et c’est le grand plongeon cosmique. Pas besoin de grands effets, les lignes mélodiques pures portent la voix mystérieuse et légèrement feutrée de celle que j’ai subitement envie d’accompagner au fin fond de la galaxie. Comme une porte ouverte sur la quatrième dimension, les spectres de Leonard Cohen (Toward), Simon & Garfunkel (April) ou de Moroder (No Recollection of this happening) ressurgissent élégamment du passé. Systole Dyastole et Plus rien me font rentrer dans l’intimité troublante de cette petite fille perdue dont la vie ne semble plus tenir qu’à un fil. Je reste dérouté et profondément touché par cette suite de confidences intimes qui me ramènent à mes propres contradictions, mes propres doutes. Event Horizon est un album quasi mystique qui impose le repli sur soi et invite à la méditation. J’en avais besoin en cette période trouble de mon existence de céphalopode. Avec Mohini, la lumière est au bout du chemin, la musique a aussi ce pouvoir guérisseur et expiatoire, je l’avais presque oublié.

Event Horizon n’a rien d’un album anodin, même si deux titres le rendent plus léger : Milk teeth et Paris 2013. Mohini m’a permis de fuir avec elle là où je n’osais plus aller.

Mohini // Event Horizon // Sony (Columbia)
(Sortie fin janvier 2011)

5 commentaires

  1. Merci Le Poulpe pour la découverte; j’aime beaucoup en n’écoutant que l’EP pour l’instant (et par la même occas’ en étant allée lire l’autre critique de Geisweiller, pas la même que celle-ci obviously) Et c’est vrai c’est pur et vraiment beau. Vivement l’album (sur l’EP les remixes de Ker et Koudlam sont bien aussi, ouaip)

  2. « Event Horizon est un album quasi mystique »

    Je t’en fouterais des albums quasi mystiques… As tu vraiment écouté Kraftwerk ou Moroder ?

    Tu ferais bien de demander l’intégrale des compiles Buddha Bar pour ton anniversaire, Mysticisme garanti.

    Ps : Qu’est ce qu’une ligne mélodique pure ?

  3. Il y a peu de génies musicaux qui savent transfuser leurs ondes en nous, elle va loin, très loin, Mohini me fait vibrer les neurones et me ramène aussi en surface, juste assez pour flotter et respirer l’air de la vie et créer à mon tour.
    Merci le poulpe

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