Quelles solutions s'offrent au néo-hargneux du web ayant reçu l'infâme ordre de réécouter l'œuvre d'un groupe qu'il avait recouvert de sa bile méprisante pour se faire les dent

Quelles solutions s’offrent au néo-hargneux du web ayant reçu l’infâme ordre de réécouter l’œuvre d’un groupe qu’il avait recouvert de sa bile méprisante pour se faire les dents ? La sentence prononcée, l’exécution peut démarrer. Me voilà contraint d’accorder une seconde chance à un groupe en promo. Pire, forcé de commenter un disque dont la seule leçon à tirer est que la frontière entre baiser et se faire baiser est à peine moins fragile qu’une virginité en classe de neige.

Pourtant, slalomant de quasi-tubes en coquilles vides, l’évidence hurle aux tympans. Baiser, se faire baiser. Plus qu’une leçon, le nœud du problème. Karlsson, Winnberg (coupables d’invasion cérébrale planifiée avec la production de Toxic pour une blondasse ayant perdu son sex-appeal en même temps que son hymen) et Wyatt (Andrew, précisons) n’ont enregistré cet album qu’avec cette idée de va-et-vient en tête.

Déroulant l’album dans le sens du papier peint, le regard perdu dans le vide d’un énième groupe émail-fluo, l’auditeur peut même apercevoir des bribes du film dont cet album éponyme est officieusement la bande-son.
Dans un décor de station de ski trop paisible pour être crédible, une poignée de gamins mouillent leur combinaison au contact de la poudreuse lorsqu’ils chutent de leur luge. Le soleil se lève sur Animal. Comme chaque matin, le jour se dresse virilement et la vie revient. L’omniscience collée aux fixations, la caméra comme œil du cyclone crapahute les cimes perchée sur son télésiège. Dès les premières notes de Burial, la dégringolade s’amorce. La brume se fait épaisse, les ombres slaloment au bruit sourd de la neige qui fond. En chasse-neige dans les sous-bois, l’attention se focalise sur la touriste en combinaison goretex qui s’offre un chassé-croisé avec son moniteur de ski contre un séquoia, leurs cœurs s’accordant à la cadence de la syncope vaselinée de Silvia. La neige se fait moite, la piste Black&Blue est bien trop plate pour limiter l’ennui.

Fuir alors, ouvrir une porte et chercher refuge derrière l’écriteau vieillot Sans Soleil. Pour tomber sur l’image horrifiante d’un gérant de boutique photo-souvenirs qui joue avec le tiroir-caisse de sa femme. Sa moustache rebondit sur les touches d’un clavier pornographique. Il hurle, A Horse Is Not A Home, ils jouissent en chœur et trouvent écho dans la grotte du plus convenu des finals pop. 

Fuir, toujours. Ce disque est hanté.

Sa production dégouline de sentiments malsains, son érotisme à faire bander un bonhomme de neige pue la phéromone autotunée.
Le pire est à venir. Moulés dans des combinaisons fluo qui tranchent sur le titane du téléski, les trois affreux suédois nous atteignent de leur regard de travers, et agitent leur beat qui tache. Plastic Jungle. Sortez-moi de là, je ne baise qu’avec des humains.

Fuir, définitivement. Bonhommes de neige en érection, yétis en chaleur, combis rougeâtres de moniteurs ESF moustachus, tous ne répondent qu’aux ordres décadents de leurs maîtres popeux. Leur cœur de glace est bien trop sec pour nos défenses arrières. In Search Of déblaie la tension à la dameuse et la course-poursuite s’engage. Tirez-vous vite, Miike Snow dégringole des glaciers de la pop dans une avalanche de refrains réfrigérés. Derrière leurs gentils aspects d’esquimaux chocolatés, ils ne cachent qu’une irrépressible et furieuse envie de planter leur bâton dans tout ce qui glisse.

Miike Snow // Miike snow // Sony (Columbia)

http://www.myspace.com/miikesnow

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