Comme je le disais dans mon best-clicker sur le rock en France, le meilleur moyen de trouver de la musique loin du diktat médiatique est de se laisser porter par les réseaux sociaux, les opportunités aléatoires offertes par les algorithmes et l’écoute au pif dans le déversoir de musique qu’est votre timeline. Mais tout ceci peut aussi s’appliquer à la réalité : « tu fais de la musique ? Envoie, j’ai hâte d’écouter ça ». C’est exactement ce qui s’est passé pour Mamiedaragon.
Je vous passe une brève rencontre lors d’une soirée musique zarbi lunaire à la Meca, trop courte pour qu’il y ait de jolies légendes à composer autour. Sachez surtout que le lendemain matin, ma boîte mail hébergeait le lien bandcamp du gars en question. Et que ce fut une découverte heureuse.
Un renoncement absolu
Je n’arrive simplement pas à parler de cette musique, mais j’aimerais que vous l’écoutiez. Je voudrais bien le comparer à Debord, mais c’est toujours une mauvaise idée. J’aimerais parler de la lassitude, sinon la haine, que je ressens pour les gens de la musique ces derniers temps, les anciens comme les jeunes loups, tous édentés après avoir trop plantés leurs canines dans le parquet. J’aimerais parler de vanité existentielle à une époque dans laquelle on sent plus que jamais qu’on est seul à côté de 7 milliards d’humains, eux-mêmes seuls aussi. Qu’on se débat, qu’on trompe la mort, que tout ce qu’on tente ne sert à rien. Qu’on ne fera rien de crucial, rien de grand, rien de mémorable.
Parce que c’est ce qu’évoque cette musique. Face à une époque qui n’a pas de sens, elle fait un bien fou, elle soigne, elle réconforte. Elle est juste une pure expression de renoncement. Le plus simple, le plus animal, le plus désespéré qui soit. Tout ici est l’acte d’un enfant en colère, qui casse tout ce qu’il crée car le monde autour de lui ne mérite rien d’autre que des œuvres brisées.
Il y a deux trois punchlines qui touchent à la forme de ces morceaux que je suis cependant capable de lâcher, autour desquels j’aurais pu malhonnêtement bricoler un article cache-misère : mongolo-wave, indus handisport, nono-wave ou encore anti-art-rock. Mais à quoi bon ?
Prière d’accepter les excuses du rédacteur
Je renonce à vous expliquer pourquoi c’est le groupe/le gars le plus excitant que j’ai écouté ces derniers temps. Il y a tout un tas de concepts qui virevoltent dans ma tête, mais je ne parviens pas à les exprimer, les développer, les relier entre eux.
Veuillez ainsi m’excuser de vous exposer à un artiste sans explication définitive, sans trouver de quoi l’accompagner, sans plus d’éclaircissements ni sur qui il est, ni sur les bonnes raisons de l’écouter. Sachez simplement que je suis persuadé que c’est le genre de chose qui peuvent rendre le monde meilleur, en le mettant face à lui même.
Un jeu de mot vient. « Musique Actuel ». Mais je n’ai jamais lu Actuel. Je renonce.
https://mamiedaragon.bandcamp.com/album/et-puis-je-r-alise-n-e-h-vol-2