Le producteur d’électro américain, dont la musique tire ses influences du côté de chez Tangerine Dream, Vangelis ou encore Jean-Michel Jarre, sort un nouveau clip. L’occasion d’annoncer la sortie de « Endless Destiny » : un album centré sur une voix d’ordinateur. Bien plus beau que le son d’une saloperie d’assistant vocal Amazon ou Google (qui plus est, vous espionne sûrement).

Pas besoin d’attendre l’avènement d’une super IA aussi cruelle que Skynet dans Terminator pour voir l’humanité basculer pour toujours vers le cybertotalitarisme : continuer à s’insulter en ligne ou simplement commander des colis à la con devrait suffire. Avec Algorithm, Makeup and Vanity Set (MAVS) donne en tout cas un résumé assez sympa du bordel vers lequel nous sommes tranquillement en train de sombrer sur internet, entre trolls haineux, indignation permanente sur les réseaux sociaux, et surpuissance des géants de la tech comme Facebook ou Google.

Dans le clip, le client d’un simili-Amazon est mis à l’amende en utilisant le SAV du site, après avoir fait l’erreur d’insulter son chatbot. Posts racistes sur 4chan, porno pas très légal… Le bot, un poil susceptible, hacke l’ordi du troll pour y dénicher un paquet de secrets compromettants. Le tout en piratant les caméras de ses voisins, histoire de faire annuler le remboursement d’une livraison.

Selon MAVS, « Algorithm » joue sur « la façon dont on reçoit et consomme l’information » de nos jours, avec l’obsession de l' »engagement », de la vitesse et des indicateurs statistiques : « Le clip inverse un schéma classique de la science-fiction et du cyberpunk, qui est d’associer l’intelligence artificielle à un mal inhérent. Le clip met ça en parallèle avec les maux inhérents aux humains. J’ai grandi avec le fantasme dystopique de Skynet… Aujourd’hui, on se retrouve avec des algorithmes de sociétés privés, valant plusieurs milliards de dollars, qui exploitent le racisme et l’indignation, tout cela comme base de modèle économique. En plus, l’ensemble est très peu réglementé. Résultat : tout se transforme en une profonde division. »

« Je ne voulais pas utiliser de vocodeur, mais trouver un moyen pour que l’ordinateur puisse chanter des mots »

Pour ce qui est de la mise à l’amende du troll, Saman Kesh et Justin Daashuur Hopkins, qui ont coréalisé le clip, expliquent que « l’idée est de canaliser le sentiment de satisfaction qu’on a tous en voyant tomber le « méchant »« . Le tout en ajoutant une bonne petite dose de malaise latent, à la sauce cancel culture et paranoïa. Au passage, les deux réal’ racontent avoir créé le clip en plein confinement aux Etats-Unis, au cours lequel ils n’ont pas vraiment eu l’envie de se tourner les pouces : « Une pandémie mondiale, un racisme rampant, des tensions sociales et politiques, des connards autoritaires qui nous mentent effrontément, la vente de nos données et de nos informations personnelles au plus offrant… Merde quoi ! C’est un privilège de s’ennuyer. »

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Au-delà d’Algorithm, MAVS sort le 25 septembre prochain un nouvel album, « Endless Destiny », chez Data Airlines. Le producteur prévient d’ailleurs que le thème sera « un peu plus sinistre » que ses précédents projets : « C’est bizarre de passer une grande partie de sa carrière à faire de la musique dystopique et de voir ensuite le monde qui vous entoure rattraper cette dystopie. Je voulais vraiment faire un disque sur la façon dont nous sommes aujourd’hui devenus des produits [vis-à-vis de la technologie]… Toute ma musique est le sous-produit de ma relation avec tout un tas de machines. Le synthétiseur a besoin de moi pour être branché, pour appuyer sur les touches et tourner les boutons. Et les sons résultent de l’émotion que je ressens au moment de composer. C’est une relation simple. Quand on scrolle l’espace infini des réseaux sociaux et d’internet, les relations sont beaucoup plus compliquées mais impliquent les mêmes choses : des entrées, des sorties et un certain type de données transactionnelles. Je voulais faire une musique qui vive dans cet espace-là. »

Côté matos, l’artiste cagoulé a tout centré autour d’une voix synthétique en faisant surtout gaffe à « ne pas étouffer » cette dernière : « Quatre kicks, deux snares, des couches de synthés, un arpégiateur, et des lignes de basse… Le but était de tout construire sur la base d’une production dance simplifiée. Je ne voulais pas utiliser de vocodeur, mais trouver un moyen pour que l’ordinateur puisse chanter des mots. » Bonne nouvelle : parmi les ordis qui poussent la chansonnette, la voix dans Endless Destiny reste en tout cas infiniment moins oppressante que celle d’HAL 9000 dans 2001, l’Odyssée de l’espace.

« Endless Destiny » sort le 25 septembre sur le label Data Airlines. Plus d’info sur Makeup and Vanity Set sur son Bandcamp.

https://makeupandvanityset.bandcamp.com/

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