A l'arrière des grosses berlines musicales, on trouve parfois des queues de comète. De petits bouts de pare-chocs beaux comme une traînée de poudre métallique. Dans le parking

A l’arrière des grosses berlines musicales, on trouve parfois des queues de comète. De petits bouts de pare-chocs beaux comme une traînée de poudre métallique. Dans le parking des surprises du jour, Limousine, side-project de Laurent Bardainne (hémisphère droit de Poni Hoax, on y reviendra), est plutôt bien coté à l’ARGUS. Beau comme une DS, avec des ailes.

« Now no label ». L’information n’est pas surprenante, et pourtant. Il fut un temps où l’on aurait espéré que Miles Davis trône en portrait présidentiel dans toutes les mairies de France et de Navarre. Et puis le temps a passé, Eric Serra a pris le pouvoir, les blancs l’ont repris, le jazz s’est éteint. Miles aussi. Et « now no label » pour Limousine, donc. Pas que la musique du groupe parisien donne envie de claquer des doigts et de s’enfourner un tonneau de Jack Daniels en crapotant sur son cigare. C’est presque même tout le contraire, finalement. Ne pas bouger, regarder les synthés s’envoler, apprécier le silence. Fermer sa gueule, juste un instant.

Mesdames et messieurs, roulement de tambours. Au ténor sax et aux claviers, Laurent Bardainne. A la guitare, Maxime Delpierre, pour les autres claviers, merci d’applaudir Frédéric Soulard, sans oublier David Aknin, à la batterie. Ce big-band de poche, c’est Limousine, un drôle d’ensemble qui inventerait presque le post-jazz, mélange de poésie contemplative (pas très loin du travail de Guillaume Teyssier, sur la B.O.F. de La Femme Invisible) et d’électro noire pour les clubbers du dimanche après-midi. De longues descentes magnifiques comme Dude pour se reposer, reprendre son souffle, jeter un rapide coup d’oeil vers les autres musiciens, se sourire, ne rien dire, surtout soutenir le rythme, débrider les chevaux, laisser le groove monter jusqu’à l’irradiation finale. Jazz, en un mot. Mais tellement loin. Plus loin, on entendra la marche romaine sur The Reinder, entre John Carpenter et Spartacus. Ca donne quoi, quand un casque bleu rencontre des zombies?

Ca donne Limousine, « now no label ». La beauté de l’intention n’en est que plus belle. Petit bolide confidentielle dont on s’imagine le seul conducteur. Le seul amant, peut-être, éperdu de voyage 100% synthétique, avec des mots plein la tête, à défaut de les entendre. En attendant la sortie fin mai du nouveau maxi de Poni Hoax (voilà, on y est revenu) et de son très musclé We are the bankers, en patientant jusqu’au prochain EP de Paris (le groupe novö-punk de Nicolas Ker, vous suivez?), en espérant la conquête de l’espace avec Cosmos en bande-son, Limousine promet encore de belles nuits blanches. De celles qu’on traverse en admirant les volutes se disperser dans l’obscurité.

http://www.myspace.com/limousineband

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