Quatre blancs qui transpirent pour jouer comme des noirs, c’est toujours louche. Quand ces mêmes gringos s’envolent pour la Thaïlande histoire de pimper la bagnole jazz genre grosses jantes world music, ça frôle carrément l’insurrection. Et ça donne un nouvel EP pour Limousine, enregistré loin des salles de musique actuelle, loin des habitudes, et surtout, quoiqu’en dise le nom du groupe, loin du confort.

Appeler son EP « Boonghusa », même si la bio qui accompagne la sortie proclame qu’il ravira aussi bien les amateurs de la première heure que les néophytes curieux de tous horizons », cela demande un certain courage. Cela présuppose qu’on fasse confiance à l’auditeur pour ne pas confondre Chet Baker avec une marque de jean slim, que le grand public connaisse de la Thaïlande autre chose que les bars à mineures dénudées, mais aussi que le mélomane passé à côté du précédent album puisse être accroché au pare-choc sans que le groupe ait besoin de sortir la machine à punchlines. Voyez par exemple, « Pump up the jazz » ou « Une soirée au Phuket’s », c’était déjà nettement plus vendeur comme titre. Mais non. Avec la part d’innocence qui caractérise depuis leurs débuts les quatre membres de Limousine, eux partent du principe qu’il suffit de souffler fort dans leurs instruments pour se faire entendre. Ils n’ont pas forcément tort. Reste que l’EP « Boonghusa » dit à la fois tout et rien.

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Rien parce que comme d’habitude, la musique de Limousine est instrumentale, ne s’encombre pas des artifices en vogue (vocoder, chanteuse aussi conne que ses deux seins, refrains neuneu) pour transporter l’auditeur en terres inconnues, sans avoir besoin de trois indigènes avec une plume dans le cul pour transporter l’auditeur à dix fuseaux horaire. Tout, parce que justement cet EP le groupe s’est décidé en 2012 à partir l’enregistrer au nord-est de la Thaïlande, une région où tous les mots semblent compliqués et imprononçables (normal le lointain c’est toujours plus complexe). Histoire de faire encore moins simple, et tombés sous le charme de la musique locale – le Mor Iam, rien à voir avec le décès prématuré d’un des membres du groupe marseillais – les voilà qui se mettent en tête de faire dans le jazz exotique avec des instruments qui, je vous le donne en mille, donnent l’impression d’être sortis d’un dictionnaire pour bègue : le Pin (guitare thaïlandaise), le Ponglang (xylophone thaï) et le Khaen (orgue à bouche) sont autant de plats qu’on trouve au menu du nouveau disque de Limousine, « Siam Roads », à paraître au printemps. En guise de préliminaire, l’EP « Boonghusa » rappelle inévitablement le jazz d’Eric Serra exilé pour raisons discales à l’autre bout du monde ; il comporte deux fulgurances et deux remixes (par Joakim et Polo & Pan) et le tout accompagnera parfaitement vos soirées entre amis, tous réunis dans un petit appartement à déguster un plat d’Asie acheté avec la fin de vos tickets restaurant.

Bon, trêve de plaisanterie, j’échange toutes les baguettes en plastique du monde contre les deux titres originaux de l’EP. Comme il serait un peu surfait de conclure ce papier avec une pirouette sur le nom du groupe (« avec ce nouvel EP, Limousine s’achète une ligne de conduite », etc., etc.), on invite tous ceux qui peinent à distinguer la Corée du Nord de la Thaïlande et Michel Petrucciani de Passe Partout à se pencher très sérieusement sur le travail de Limousine. Certainement l’un des groupes français à préférer le toutes options à la panne des sens. Etc., etc.

Limousine // Boonghusa EP // Ekler’O’Shock
http://www.ekleroshock.com/?p=1810

En concert le 5 avril au festival Banlieues Bleues
http://www.banlieuesbleues.org/accueil.php

2 commentaires

  1. Putain il se passe rien ! Et les vieux motifs clichtons cochinchine, et le groove qui bat de l’aile comme une pute à la 16ème turlute en quatre heures à chaque pathétique tentative de relancer l’inertie.
    Continuez comme ça les blancs, papa maman en ont encore sous le coude pour faire tourner les gros culs moisis de barbu-casquettes.

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