Il est des CD, des vinyles, des bouquins ou des gus que l’on choisit uniquement pour leurs jaquettes, pochettes, premières de couverture ou mines avantageuses. « They Worshipped Cats », ou le bébé du groupe Les Big Byrd, est numéro 1 dans cette catégorie. Contrôlant de son œil bionique les quelques soucoupes qui viennent compléter le tableau, Jésus semble nous indiquer que l’écoute de ce disque en vaut la chandelle… Allumons donc un cierge.

Il y a quelques semaines, le groupe Suédois, Les Big Byrd, sort un premier titre Back to Bagarmossen, co-produit par Anton Newcombe, un peu grassouillet, mais leader s’il en est du Brian Jonestown Massacre. L’histoire qu’on nous rapporte est rigolote : en goguette à Stockholm, les BJM et Anton en personne croisent Les Big Byrd chez un disquaire et vazy que ça commence à causer zic. La suite se passe à Berlin, dans le studio de monsieur Newcombe, où le premier EP et l’album entier sont bouclés. Bon, jusque-là, moi j’en avais pas encore entendu parler, n’en déplaisent aux plus fervents pratiquants… Après un premier clip weirdo  où une faucheuse empruntant la cape d’un vieux Scream et la gueule osseuse d’un quelconque squelette se balade à dos de skate, les Big Byrd nous livrent tout fraîchement leur album, « They Worshipped Cats », produit sur le Label A Records.

Pour les franchouillards que nous sommes, dur dur d’en prononcer le nom en public, à défaut de lâcher quelques postillons et bavouilles sur le voisin, nous en conviendrons. Mais il me paraît tout aussi évident de s’accorder sur une chose : dès la première note, on croirait s’enfoncer dans le fauteuil de la vieille R5 Sport de maman, lancée à toute berzingue sur l’autoroute direction Dieppe. Les premières secondes d’Indus Waves collent en effet tout droit sur une route qui file à 100 à l’heure, avant même qu’on ait pu allumer les phares. Ca m’en fouterait presque le tournis, en tout cas mon palpitant s’emballe et mes pieds claquent machinalement sur la moquette grise du bureau. Le morceau clinquant me rappellerait presque les rythmes tout aussi métalliques des Chemical Brothers en leur temps.

La suite est un enchaînement de notes tout aussi électriques, comme bricolées et piochées à droite à gauche, et parsemées des éclats de voix d’Anton Newcombe qui signe quelques featurings (deux au total). Entre la mélancolie des morceaux Just One Time et War In the Streets et outre l’aspect imprononçable de l’album qui rend quasi impossible d’en faire la pub à droite à gauche auprès des potos, « The Worshipped Cats » a la force d’un pendule d’hypnotiseur. Les écouteurs enfoncés dans les oreilles, j’ai raté deux appels. Avec un peu de chance, c’était la banque. N’en parlons plus.

Les Big Byrd // They Worshipped Cats // A Records (Differ-Ant)
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