En 2002, l’Anglais suivait les traces de son papa avec « Len Parrot’s Memorial Lift », un premier album réalisé à l’arrache avec une troupe de musiciens aguerris. Le résultat, quelque part entre les Beatles et Sparklehorse, n’a pas vraiment lancé la carrière de Baxter. Mais ça, on s’en fout. Allô mister Dury, how are you ? Tu te souviens bien de ton premier disque ? Quoi, pas vraiment ? Bon, on fait l’interview quand même ? C’est parti.

Il y a des artistes qui savent exactement comment sera leur premier album. Ils y pensent depuis des lustres et entrent en studio avec des idées précises en tête. Pas Baxter Dury. Enfin, pas le Baxter Dury de « Len Parrot’s Memorial Lift », son premier disque sorti sur Rough Trade en 2002. On rembobine la pellicule.

Len Parrot's Memorial Lift from Rough Trade UK on Beatport

Baxter vient d’avoir 30 piges. Il est (un peu) taré. « Je buvais et je faisais le con », raconte via Zoom l’auteur de Cocain Man. « Je venais de rencontrer une fille qui est rapidement tombée enceinte. Il se passait un tas de choses dans ma vie. J’étais un peu nerveux avec l’arrivée du bébé, mais aussi parce que pour la première fois, j’avais des responsabilités. » Si avant, Baxter a beaucoup fait la bringue, travaillé une seule soirée dans une boite de nuit et passé une semaine à vendre des montres avant de mettre le feu à la boutique — involontairement —, le bonhomme n’est pas du genre à avoir un plan de carrière en tête.

« Je suis une version pourrie et indie des Kardashian : j’avais un père connu et j’ai dit n’importe quoi pour obtenir un deal ».

Par contre, Baxter est un mec qui a de la tchatche. Et qui est doué pour faire croire aux gens qu’il est l’homme de la situation. « Il y un mot d’argot londonien, « blagger », et on l’utilise pour parler d’une personne qui ment sur ses capacités à réaliser quelque chose pour arriver à ses fins. En gros, un vantard. J’ai raconté des conneries à tout le monde, je jouais sur le fait que mon père était célèbre, et donc j’ai raconté des cracks. Mais il faut être créatif pour être un carotteur, parce que tu avances des choses que tu devras réaliser par la suite ». Dit autrement : « Je suis une version pourrie et indie des Kardashian : j’avais un père connu et j’ai dit n’importe quoi pour obtenir un deal. » Geoff Travis, le fondateur de Rough Trade, est sous le charme. Baxter file direct aux states pour apprendre à composer des chansons avec un mec. Le projet semble vague. Il finit par passer trois mois sur place, au Texas et au Nouveau Mexique. Il fait tout. Sauf écrire la moindre ligne.

Sans trop de difficultés, Baxter a désormais un label qui sort le carnet de chèques (l’Anglais estime que ses deux premiers disques ont coûté environ 250 000 livres sterling, une somme impossible à vérifier) pour l’enregistrement de son album, c’est-à-dire pour payer des musiciens, un studio cosy et toutes les dépenses à la con (allant des taxis aux sandwichs) que Baxter et sa nouvelle bande vont générer. Le Londonien réunit des vieilles connaissances, genre Geoff Barrow de Portishead et des petits gars talentueux (Norman Watt-Roy, un bassiste qui jouait avec son papa, Damon Reece, batteur pour Spiritualized et Massive Attack, Henry Olsen, etc.) puis s’improvise chef d’orchestre. « Les seuls musiciens que je connaissais étaient des mecs plutôt riches qui jouaient dans des groupes connus. Et là, je dois leur dire quoi faire. Ça demande une certaine créativité car je n’avais aucune chanson. Pour être honnête, je suis toujours la même personne aujourd’hui, je n’ai jamais changé : je suis toujours un gros menteur. » La vérité sort de la bouche de Baxter.

Comment un mytho de 30 ans sans expérience est-il parvenu à mener une troupe de vieux briscards ? Il ne se rappelle plus. Baxter ne connaît plus le nom du studio du West London où ils ont enregistré, ni le temps qu’ils ont pris pour mettre en boite les chansons, ni même le nom des morceaux de l’album. Ce qu’il sait par contre, c’est que « ce disque est un peu comme un tableau d’Andy Warhol : c’est de l’impro. Ça ne sonne pas comme un disque qui avait été planifié et qui avait une direction précise. C’est presque comme du jazz. Ce sont des bons musiciens qui jamment et qui trouvent des superbes mélodies. Et moi qui chante par-dessus en improvisant des bouts de phrases. » D’ailleurs, pour lui, l’idée même de se poser pour écrire une chanson est un acte trop sérieux. « J’indiquais une vibe au groupe plutôt que d’écrire un morceau et l’album prenait forme comme ça. Je ne me souviens plus très bien, ça fait 20 piges… J’ai toujours été bon avec les mots. »

Un faux génie ? 

Quand Baxter en parle, tout paraît simple. On résume : il avait des contacts chez Rough Trade. Il connaissait des mecs. En plus ils étaient tous musiciens. Ils sont allés en studio. Ils ont fait un disque. C’était fun. Et cherry sur le cake, ils étaient payés pour ça. Mais à part ça, l’Anglais n’a pas d’autres éléments à apporter. Ah si : « Cet album part d’une seule chanson : A Day in the Life des Beatles. On reprend la même progression d’accords car j’étais obsédé par ce titre. Donc ce disque, en fait, c’est une grosse reprise de ce morceau par des sept bons musiciens. C’était une expérimentation. »

Baxter nous fait une Baxter : « On pensait que j’étais talentueux mais feignant alors qu’en fait, je n’avais aucun talent et que je bossais très dur. Je suis un menteur pro-actif au lieu d’être un génie feignant. » Surtout qu’après avoir dit à tout le monde qu’il pouvait faire un super disque, l’Anglais doit remplir sa part du contrat. Il se fout alors pas mal de pression. Le bébé est en route. Il ne peut plus faire marche arrière. « C’est peut-être dans ce genre de situation que je suis le meilleur. Je peux être très malin quand je me trouve face au mur. Je suis bon dans les moments de crise », raconte Baxter.

Et pour un novice avec un daddy connu et presque zéro talent pour la musique, « Len Parrot’s Memorial Lift » est quand même un bon album. Les spectres des Beatles, de Sparklehorse, de Mercury Rev et, plus globalement, du soft-rock britannique 90’s, sont omniprésents. Il y a une fragilité, une vulnérabilité inhérentes à certaines mélodies qui percent directement le cœur (Auntie Jane, Beneath The Underdog, Len Parrot’s Memorial Lift). Pour un mec qui a tout inventé sans savoir ce qu’il faisait, l’album possède un certain charme, comme un vieux disque oublié qu’on adorait à 17 ans, et qui nous rappelle nos premières fois et les vacances d’été à La Ciotat. L’ambiance est cosy. L’album apporte un réconfort. Et 20 ans plus tard, il a même pris de la bouteille.

À la toute fin, alors que ça fait 30 minutes qu’il me dit plus ou moins la même chose, mais d’une façon différente (le mec est clairement doué pour raconter des cracks, aucun doute là-dessus), je lui demande quand est-ce qu’il a écouté ce disque pour la dernière fois ? « En 2002 », répond Baxter en rigolant. « J’ai dit que j’étais un gros menteur, mais en fait, je suis plutôt un improvisateur », conclut l’Anglais. Comment ne pas le croire ?

Baxter Dury vient de sortir un best-of de ses meilleurs titres, « Mr Maserati ».

6 commentaires

  1. & les farmer grouse en papier du ‘papa’ lançés sur la scème du rainbow, tété en culotttes courtes.

  2. dans solo sunny sur arte replay ou maedu soir y’a le sosie de nick cave, philippe katerine, ou je me creève le syeux!

  3. un ouvrier cé hélas là pour fermer sa gueule! a tout ces indés groops qui se la jouent sauveur du peuple, vous jouer dans d salles aides par les municipalités (rn) & vous braillez contre ce parti en dormant au mercure hostel… basta /forza du tour 2 france des craigniosses.

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