Comme William Burroughs, Orson Welles ou Elvis avant eux, ils sont morts d’une crise cardiaque en 2016, année erratique qui aura soufflé un grand courant d’air froid sur toutes ces stars dont on n’avait pourtant rien à foutre. L’occasion rêvée de « konbiner » d’un coup deux grandes tendances du moment : l’hémorragie de RIP sur les réseaux et l’épuisante addiction aux tops. À vos pacemakers.

10. Pete Burns, leader de Dead or Alive.

Son nom ne vous dit certainement rien, et c’est précisément ce qui lui vaut la dixième place de ce top des arrêts cardiaques. Le sien (de cœur) s’est arrêté de battre le 23 octobre dernier, après que le leader de Dead or Alive (sic) ait pompé tout Depeche Mode pour son one hit Wonder You Spin Me Round. En vérité, tout le monde s’en fout. Devenu l’équivalent anglais des frères Bogdanoff après plusieurs opérations chirurgicales qui lui auront permis de devenir une atrocité asexuée au croisement entre Cher et Caitlyn Jenner, Pete Burns a conclu sa carrière en 2016 avec une participation à l’émission de télé-réalité Big Brother, où il termina cinquième. Pas de chance Pete, cette fois tu es dixième.

9. Frank Murray, manager de Thin Lizzy et des Pogues

On a tous un pote guitariste (raté) dans la trentaine capable de vous bassiner toute une soirée avec les Pogues ou Thin Lizzy (ça fonctionne aussi avec Sweet Smoke). Bon, Frank Murray travailla avec les deux et un rapide sondage nous apprend que tout le monde s’en fout aussi. La légende, celle qu’on imprimera sous la nappe à carreaux de cette petite table Ikea du rock’n’roll, retiendra que l’ami Murray travailla également avec The Specials et Elton John. Tant de mauvais goût fait qu’on est presque surpris qu’il ait vécu si vieux.

8. Nick Menza, batteur de Megadeth

Comme Molière, lui est mort sur scène (le 21 mai dernier). Sauf que Molière n’a jamais tabassé les tympans de toute une génération avec Megadeth, et qui plus est pendant sa pire période (de 89 à 98). Coup du sort pour Menza, son infarctus l’a stoppé net alors qu’il jouait avec OMH, un groupe fondé par un autre ex de Megadeth, Chris Poland. Une sorte de « méga mort », quoi.

7. Bob Walsh, bluesman

Comme le dit le proverbe, un bon bluesman est un bluesman mort (en fait ce dicton n’existe pas mais si quelqu’un pouvait passer le mot à Eric Clapton ce serait sympa). Tout cela pour dire que celui que certains (on ne sait pas qui) appelait « le patriarche du blues québécois » est lui aussi décédé d’un infarctus. Son seul tort, finalement, aura été d’être né au Canada. Conclusion : ciel dégagé sur vos timelines et pas beaucoup de #RIPBobWalsh.

6. Otis Clay, chanteur de soul

Un peu de justice en ce bas monde avec un infarctus réglé comme une horloge suisse. Otis Clay, auteur du célèbre Trying To Live My Life Without You, n’a certes pas connu la même carrière que son homologue Otis Redding, mais comme Wilson Pickett (lui aussi mort d’une crise cardiaque en 2006) il décède à un âge respectable pour un musicien. Notons tout de même que personne dans la salle n’est capable de citer un seul de ses morceaux, mais que selon Wikipedia « Clay demeurait un artiste populaire se produisant souvent en concert en Europe et au Japon » (souvent le signe de la fin de carrière pour les artistes américains). Mort 1, Otis 0. Bon, là encore c’est pas dramatique non plus.

5. Alan Thicke, acteur et « musicien »

Celui là, vous le connaissez certainement. Alan Thicke est l’ombre télévisuelle des séries américaines depuis le début des années 80, et son nom apparaît au générique de séries aussi incontournables que Quoi de neuf docteur, How I met your mother ou La fête à la maison 20 ans après. Autant dire une palanquée de chefs d’œuvres cathodiques qui justifient à eux seuls la pollution carbone générée par tous les hommages post-mortem qui ont fleuri de par le monde depuis le 13 décembre, date de sa mort alors qu’il jouait au hockey. Last but not least : Alan Thicke est l’auteur de la musique de la série Arnold et Willy, preuve que non, personne dans le monde ne marche du même pas. A ne pas confondre avec Robin Thicke, son fils. Et sans transition…

4. Frank Sinatra Jr, fils de

Le saviez-vous ? Frank Sinatra avait un fils. Nommé pareil que lui. Et qui reprenait ses chansons les plus célèbres depuis sa mort. Comme quoi, les cours de Françoise Dolto n’ont pas traversé l’Atlantique. Sinon The Voice aurait certainement pris le temps de sortir le chéquier pour plusieurs séances chez le psychothérapeute pour toute la famille afin d’éviter ce transfert assez morbide entre papa et son fiston. Arrivé à ce stade du top dont on commence à questionner le réel intérêt, on ne peut qu’élire l’infarctus comme grande tendance de l’année, loin devant le cancer (Bowie) et la mort mystérieuse devant un ascenseur (Prince). Les fans manquant d’humour (pléonasme) nous pardonneront cette digression, mais jusqu’au jour de sa mort Frank Sinatra Jr était surtout resté célèbre pour son kidnapping à l’âge de 19 ans, en 1963. Coup de bol, cette fois papa avait sorti le chéquier (240.000 dollars, pour être précis).

3. Paul Kantner, guitariste du Jefferson Airplane

Éminent guitariste du groupe de San Francisco à qui l’on doit Somebody to love et White Rabbit (entre autres), Paul Kantner se démarque dans ce top remboursé par la sécurité sociale par la synchronicité dont il a su faire preuve, en bon musicien, au moment de son infarctus : il est mort le même jour (le 28 janvier 2016) que Signe Toly Anderson, la première chanteuse du groupe qui décida en 1966 de tout plaquer parce que tourner à travers les USA en étant enceinte ne lui semblait pas responsable. Au moins une bonne décision dans ce monde d’abrutis.

2. George Michael, icône pileuse.

Pour un artiste, savoir réussir sa sortie est au moins aussi important que l’entrée de scène. Cette année, certains y sont parvenus (Bowie et son disque-épitaphe, Lemmy continuant à jouer à son jeu vidéo préféré après s’être fait diagnostiquer un cancer…) et c’est évidemment le cas pour Georgios Kyriacos Panayiotou, mort à l’insu de son plein gré pendant son sommeil, le jour de Noël. Une occasion inespérée pour un lip sync sur son titre Last Christmas, dont la rumeur prétend qu’il aurait été composé par Wham en 1986 grâce au machiavélisme de majors qui auraient prophétisé avec trente ans d’avance le déclin des ventes de CD’s et donc, l’importance d’un tube ringard à ressortir pour faire pleurer consommer les fans nostalgiques d’un mec que tout le monde avait fini par oublier. N’importe quoi.

1. Carrie Fisher, actrice de film Z

En tête du classement, et sans surprise, le départ too much too soon de l’héroïne à pompons de Star Wars, dont le plus grand mérite aura été de pré-mourir à bord d’un chasseur Jedi (pardon : un avion de ligne) presque pile au moment où Rogue One (épisode 38 en partant du début qui est en fait la fin) sortait en salles. Une belle histoire comme les aiment ceux qui ont pris douze RTT pour se lamenter sur cette triste disparition, mais qui ne doit tout de même pas occulter le fait que Carrie Fisher n’a pas foutu grand chose pendant quarante ans hormis jouer dans des navets (Austin Powers, Scream 3, Charlie’s Angels) et se droguer dans les années 80 pour tenter d’oublier la notoriété que lui avait apporté un triptyque désolant réservé à une bande de trentenaires à qui les parents (ceux qui ont vécu la seconde guerre mondiale) avaient confisqué leurs jouets (Carrie) Fisher Price.

Et donc, que nous apprend ce top inutile ?

A vrai dire, et comme le confirment tous les cardiologues contactés, absolument rien. Du moins pas plus que la question posée voilà quelques jours par le Mirror, qui titrait sans pouffer « Why are so many celebrities dying in 2016 ? ». La réponse est pourtant simple : parce que tous les ans, des millions de gens meurent partout sur la planète et que jusqu’à preuve du contraire, même les vieilles célébrités ne disposent pas d’une jauge de vie à trois cœurs comme dans Zelda. À regarder le mimétisme rampant (les mêmes blagues, les mêmes mots) et la course impossible de chacun pour sortir du lot, on se dit qu’il est, psychiatriquement parlant, inquiétant de constater à quel point tous les internautes du monde semblent s’être donné rendez-vous sur Facebook et consort pour se lamenter sur ce monde où pas plus les acteurs que les musiciens ne ressemblent aux vidéos figées qu’on voit d’eux sur Youtube. C’est ce retour en arrière, perpétuel et malsain, vers la société du divertissement du 20e siècle qui vous tue.

Et au cas où vous ne seriez pas au courant : la mort vous attend aussi. Vos chances de devenir célèbre s’élevant mathématiquement à 1 sur un million, autant vous préparer à crever dans le silence, et sans personne pour vous veiller numériquement. La bonne nouvelle, c’est que cela vous laisse d’autant plus de temps pour réfléchir au bon # ou à la bonne formule pour fêter les décès des dernières icônes en fin de vie. Citons – en vrac – Keith Richards, Paul McCartney, De Niro, Neil Young, Bob Dylan, Delon, Stevie Wonder, Lagerfeld (paraît qu’il va pas très bien…) ou encore Clint Eastwood. Sur ce, bonne année 2017. Et achetez-vous une vie putain.

13 commentaires

  1. Why are so many celebrities dying in 2016 ?

    🙂

    Parce que numerosymboliquement,ça le fait.

    #etonentendrapluslesjoueursdeharpedebabyloneenfinuntrucdanslegenreapocalypsedejeannot18ou19brefcesontdescomiquescesfmsjemedemandequandmemesilsnoussaventeternels.
    #prenezsoindevotrebatteurdamourpasquelabombeaneutronsestunemortderoi.

  2. l’auteur semble penser que la vulgarité et le cynisme sont des qualités sinequanone pour faire un bon article, je me rappelle que quand j’avais 15 ans, j’étais aussi con et méchant, est-ce lié ? ^^

  3. Pourquoi pas une photo de George Michel dans les mêmes pose et tenue que Carrie Pêcheur ?
    Vous êtes de vilains miso chez Gonzette !
    Amour et compassion cependant.

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