Décrit comme « un album brutal » par Nick Cave, « Carnage » est en vérité surtout létal. On eut été en droit d’attendre un peu plus de ce dix-huitième album publié le 25 février dernier par surprise ; peut-être pour prendre les auditeurs de court face à l’absence totale de créativité qui se dégage de cette bouilloire à thé.

Dans le monde d’avant, quand on pouvait se réunir à plusieurs le soir, il y avait toujours un ancien étudiant en langues étrangères en bout de table, le genre avec un physique de pilier de café de la rive droite, une écharpe en soie achetée sur Amazon, un pantalon mou et de longues phrases interminables sur la « complexité et la richesse inextinguible des textes de Nick Cave ». On serait tenté d’étendre ce profiling du psychotique en rajoutant qu’il est en général devenu vegan vers la quarantaine, a décidé de ne pas avoir d’enfant pour sauver la planète et qu’il s’est mis au piano le weekend dernier en achetant des partitions d’Erik Satie. En synthèse : un vrai mec bien chiant comme on est heureux de ne plus en rencontrer depuis le début de la pandémie Covid-19.

Bref, voilà : bienvenue dans « Carnage », premier album de Warren Ellis et Nick Cave en tant que duo, sans les Bad Seeds.

CARNAGE - Nick Cave

A vrai dire, on ne sait pas trop ce que les deux ont foutu pendant tout ces longs mois de confinement. Des parties de Jenga endiablées, du macramé en maison de retraite… peut-être ont-ils tout simplement bu trop de thé parfum monotonie ? Le fait est que « Carnage » est un disque en trompe l’œil qui porte terriblement mal son nom. Nick Cave aurait annoncé la sortie d’un film intitulé Wild karatekas doing death et tout cramé avec un trailer montrant des grabataires en train de jouer à la pétanque au ralenti qu’on ne serait pas tombé de plus haut.

Le carnage dont il est ici question, c’est surtout le reniement d’une grande partie de la carrière de Cave. Alors que « Ghosteen » était conçu comme un tombeau lumineux, une sorte de diesel long au démarrage mais cachant en fin de route un titre éponyme bluffant, sublime, justifiant à lui seul les prêchi-prêcha mormons d’un musicien trop longtemps en excès pour ne pas avoir envie de revenir au point mort, le ralentissement s’est ensuite accéléré.
D’abord, il y a eu cet interminable concert en solo piano (le film-disque Idiot Prayer, 2020) et c’était à se demander si la somnolence n’était pas l’un des nombreux effets pervers du Covid-19 ; période pendant laquelle « Carnage » fut justement en gestation. « Cet album est le fruit d’une collaboration intense sur une période où tout a été très vite explique Ellis dans la notule promotionnel, les huit chansons ont été tombées d’une traite en deux jours et demi et après, on s’est simplement dit : ‘’faisons un album !’’ ». D’autres ont envahi des pays en moins de temps, et pour un résultat plus efficace.

Nick Cave reveals new album, Carnage

En design, on parle de « simplexité » pour la capacité des créateurs à rendre compréhensibles des choses alambiquées. Avec Cave, progressivement, et au fur et à mesure que sa discographie (depuis « Push The Sky Away ») devient plombante, c’est l’inverse. Du « chiantertainement » où la notoriété du crooner d’escalator permet de fermer les yeux sur tous les cartons jaunes : la pochette d’abord, l’ambiance « musique de supermarché chantée par Bono » ensuite, et finalement ce chant de pleureuse murmurante qui semble être devenu sa signature définitive.

Alors certes, comme avec « Ghosteen », l’œuvre de Nick Cave exige plusieurs écoutes, des passes et des repasses pour laisser la voix de fantôme infuser, puis tomber sur les bronches. Mais on serait bien malhonnête d’applaudir l’épure d’un album simplement sans idées ni souffle et dont le peak time dure environ 2 minutes et 30 secondes, sur Old time (c’est la piste 2, vous gagnerez du temps). Quant au reste : le bruit d’un fer à repasser rempli avec de l’eau bénite, mais trop calcaire.

A propos de cet album, les Inrocks évoquent une « poésie rimbaldienne ». Peut-être ont-ils passé trop de temps sur les bancs de la faculté à côté du mec trop chiant décrit en préambule ; peut-être serait-il temps de se faire nettoyer les oreilles avec une perceuse électrique. Et les plus lucides de se souvenir qu’il fut un temps où Warren Ellis et Cave formaient le meilleur duo en ville. Ca s’appelait Grinderman, c’était le son d’une révolution, d’une urgence. Deux mots qui finalement collent plus que jamais à l’époque actuelle. Dommage que les principaux intéressés n’entendent plus rien, vu le grincement de leurs déambulateurs.

Nick Cave // Carnage // Goliath Records Ltd

16 commentaires

  1. le 28.5.21 tu seras ou, petit scarabé, evite le record choppe , ainsi, ne va pas te pourvoir a depenser pour cet lp ou cd sur goliath rds,

  2. mon cher BESTER je t’embrasse de la planète Mars ( jeparle pas de marseilles LOLà) où je suis arrivé la semaine derniere ..ici il fait beau et chaud . je n’ est pas eue le temps d’ écouté le nouceau NICK CAVE je galére avec le wifi mais pour une foids je te fait confiance !!!!!!!!!!

    1. Pour info je ne fais plus commentaire sur gonzai depuis décembre 2020, donc ce branle couilles et un putain d’inposteur

      1. Pour info je ne commente plus les post de tous ces branle couilles d’imposters sui se font passé pour moi donc ces 2 commentaires sont des fakes

  3. Pas vraiment moins bon que les autres cet album.
    Pas meilleur non plus d’ailleurs.
    Nick Cave fait du Nick Cave. Rien de nouveau dans le monde d’après…

  4. Il y en a qui rêvent encore de leur banane gominée devant la glace…Cave a depuis longtemps brisé son miroir, et vous jette ses éclats, c’est désormais derrière le tain qu’il nous regarde, et c’est tant mieux.

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