Passer de la batterie au micro n’est pas vraiment le genre d’exercice à la portée de tous. Peu l’ont fait avec succès, et le traumatisme des années Phil Collins a certainement généré moins de vocations que les pâtissiers de Top Chef. Tout cela pour dire que Rottier, l’homme derrière les futs de Quetzal Snakes, vient de lâcher un morceau absolument parfait.

Appelons ça une thérapie du deuil. Alors que les Quetzal Snakes viennent d’annoncer leur disparition, Guillaume Rottier se met à la chanson. Pas n’importe laquelle ; sur son premier single estival on y entend autant Tame Impala en écho accéléré que Todd Rundgren passé dans la machine à laver. Disons-le franchement, ce seul morceau aurait mérité de passer à l’Eurovision pour défendre les couleurs françaises; c’est l’esprit même de la sainte pop en moins de 3’30. C’est à découvrir en dessous, et on en a profité pour poser quelques questions connes au principal intéressé afin de mieux comprendre sa réorientation.

Pourquoi fais-tu de la musique ? 

J’ai commencé la batterie vers 5 ans, aucune idée de comment l’idée est venue, et ça a toujours été plus ou moins le centre de ma vie depuis. J’ai jamais arrêté pour la simple raison que ça me donne un plaisir, et plus je travaille et j’avance plus le plaisir est grand. C’est comme descendre une piste de ski en faisant des beaux virages, c’est très agréable de faire quelque chose que tu maîtrises et comprends. En gros : c’est tout ce que je sais faire.

T’es tu déjà dit que tu aurais beaucoup moins d’emmerdes à être comptable, courtier en assurance ou graphiste ? 

Ouais je me le dis tous les matins en me réveillant à 13h.

« Je trouve ça plus touchant quand c’est un peu cassé »

Assez inédit qu’un batteur passe en front sur un projet solo. Te sens-tu quelques affinités avec Phil Collins ? 

C’est inédit parce que la batterie est un instrument à part qui ne demande pas de notion d’harmonie, et que c’est beaucoup de boulot et de temps d’apprendre un autre instrument, le solfège, etc… Du coup la plupart des batteurs choisissent de se concentrer sur leur instrument et c’est très bien. Personnellement je suis arrivé à un moment où je me sentais un peu bloqué, car j’ai toujours eu des idées de chansons en tête sans avoir les outils pour les écrire. Alors j’ai commencé à m’intéresser au piano et la guitare il y a 2 ans et j’ai pu commencer à écrire des morceaux, et j’imagine que c’est en ça que Phil, moi et tous les créateurs de musique avons des affinités.

Et plus sérieusement, qu’annonce précisément ce morceau ? 

Ça annonce que j’existe et que parfois j’enregistre des morceaux chez moi et que j’aime bien les mettre sur le web, pour voir.

Pour finir, comme tu es le 456.656ième artiste à utiliser de la VHS pour un clip, on finit par se poser des questions : votre génération a-t-elle besoin de rajouter du « grain » sur la culture digitale (Youtube, pour résumer) ? Avez-vous l’impression d’avoir perdu quelque chose avec la dématérialisation, que vous ayez besoin de rajouter du vintage sur l’écran ? 

Même si je suis pas fan de la HD et que je regrette en effet l’ère des vinyles, utiliser de la VHS n’est pas du tout un acte de contestation de la culture Youtube, en tout cas pour ma part. Je préfère juste quand c’est un peu pourri, je trouve ça plus touchant quand c’est un peu cassé. C’est aussi plus facile de se cacher derrière une vidéo avec du grain qu’une vidéo en 1080p, ça permet de faire des trucs qu’on n’aurait pas forcement assumé présenté autrement. C’est un truc de sensible.

Pas encore de page Facebook officielle, mais Rottier est dispo ici pour toutes vos demandes d’amitié. 

5 commentaires

  1. Excellent. Robert Wyatt pour le côté batteur, Beck pour la face indie-americana, Keith Moon pour la fesse de la lune, du lo-fi avec des choeurs & des hooks, des bouts de claviers & grattes comme chez Tom Tom Club, du sunday morning post-gueule de bois, ça velvet, ça chatouille, ça me chatouille, merci pour cette incroyable découverte.

  2. Lou Barlow en vacances d’été à Canterbury, en pyjama, en hamac… Et puis ce look: un hommage au batteur femme de la Factory ? Mon tube de l’été.

  3. c epistolaire et toute cette image kids de branleur, on vous l’a deja faite, mefiez -vous, investissez plutôt chez catbunnies-

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