Acte 1 : Lisa découvre la soul sur une mixtape de son père. Acte 2 : Lisa devient chanteuse, choriste et chef de bande. Acte 3 : Lisa retrouve ses racines italiennes et publie ce bel album : I Rise

La voix de Lisa, parlée ou chantée, c’est la clartée absolue, dans le sens ou l’on entend chaque mot très distinctement, et on en comprend le sens, peu importe la langue empruntée. Si Siri avait cette voix, j’achèterais le dernier Iphone. Entendre Lisa chanter, sur scène ou en studio, disqualifie tous les télé-crochets et fait passer The Voice pour un concours de mimes.

Depuis longtemps elle agrège d’autres voix, des frères et sœurs d’armes, dans des aventure chorales comme « Let’s Get Together » ou des hommages à Aretha Franklin. Oui : elle reprend Aretha.

Même seule, elle est plusieurs. Pour son nouvel album, il y a Sandra Nkaké, qui a aidé à écrire et tenu la guitare sur les maquettes, et Jî Drû à la production. Comment produire pour une grande voix ? Soit on construit un mur du son, et on empile les amplis, soit on élague façon Ella Fitzgerald accompagnée par Joe Pass. C’est la deuxième option qui est choisie : les arrangements sont dépouillés comme un chêne en hiver. Il reste l’essentiel, et c’est beau. « L’art, c’est de gommer », comme dit Bester quand il renvoie mes papiers amputés des deux tiers.

Lisa, ton album s’appelle « I Rise » : « Oui, il y a l’idée d’un retour aux sources. J’avais envie de faire un clin d’œil à mes origines d’où le titre ‘Piazza grande’ qui est une place historique de Gubbio en Ombrie, ville de la famille de ma mère, dans laquelle j’ai passé une bonne partie de mon enfance et adolescence ».

Jî Drû, dans ta production tu donnes quelques coups de coude à l’auditeur, lui montrant l’ombre gigantesque de Morricone : « Je dirais que je suis un grand fan de Morricone mais avant tout un grand fan de sa relation à Sergio Leone et à la narration. Le lien musique/histoire/personnage est fondamental pour moi. Ce rapport aux arrangements part de l’idée de mettre en valeur les interprètes et les histoires. Le sujet est la mélodie et la chanson, la personne est Lisa, la production sert à mettre son timbre, sa spécificité, sa force et sa fragilité en valeur. Force et fragilité sont les deux axes que j’entends chez Morricone« .

Ces allusions répétées établissent un parallèle troublant entre Lisa et Edda Dell’Orso, la chanteuse iconique d’Ennio Morricone, qui vocalise sans paroles, pendant qu’Eli Wallach court entre les tombes.

Lisa tu as pensé à Edda Dell’Orso et Ennio Morricone en faisant ton album ? « L’Italie est présente dans mes influences mais plus de manière cinématographique : Fellini, Nino Rota, Antonioni. Musicalement des artistes comme Adriano Celentano sont très important pour moi. Mais dans la réalisation de cet album ce sont aussi et surtout au niveau des arrangements les influences de Jî Drû que l’on entend particulièrement. Adriano Celentano, ça reste du lien familial, culturel. Une saveur, une influence visuelle car ses chansons me rappellent plein de souvenirs en Italie ou des histoires de ma famille, des souvenirs de jeunesse de mes parents. On écoute Adriano Celentano exclusivement en famille, lors des repas ou des voyages. C’est un artiste qui me renvoie directement à l’esthétique des années 60 et 70 et qui me renvoie à mes parents, mes oncles et tantes en Italie. A l’Italie que j’ai imaginée et idéalisée comme Fellini ou Nino Rota, que j’associe au monde du rêve. Une sorte de brume douce et rassurante« .

Lisa Spada // I Rise

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