(C) Emmanuel Éthier

À eux cinq, Eliane, Félix, Melissa, Laurence-Anne et Kenny forment “un collectif d’art punk”. Au milieu de leur folle tournée, Gonzaï a pris le temps de causer avec les trois premiers membres histoire de comprendre l’engouement autour de La Sécurité.

35 dates en 46 jours ! Une belle tournée de zinzins. Ce printemps-ci, les Canadiens de La Sécurité ont redécouvert l’Europe. De Berlin à Saint-Brieuc, la troupe s’est mangée du concert en masse. L’occasion parfaite pour mettre en lumière leur palette de skills sur scène mais aussi en dehors. Dessin sur chandail, danse, sérigraphie, réalisation, et j’en passe. Interview avec un groupe pluridisciplinaire à l’esprit en totale contradiction avec son nom.

 

Salut La Sécurité. Vous vous définissez comme un collectif d’art punk. Ça veut dire quoi ?

Eliane : C’est rafraîchissant ! Vu qu’on a des talents autres que la musique, c’est fun de combiner toutes nos ressources. À savoir Melissa et moi, mais aussi Félix. Il a déjà fait un dessin sur l’un des chandails.

Félix : Ouais ! J’ai fait un dessin.

Ah ouais… Trop bien. Et à part le dessin, j’ai cru comprendre que Melissa s’occupait des artworks, Eliane de la chorégraphie et des clips. Et, qu’au sein même du groupe, il vous arrive d’échanger vos instruments…

Félix : Au départ, en se réunissant autour de ce projet, on ne s’est pas rendu compte que tout le monde était capable de tout faire musicalement. En plus, Melissa crée les artworks et maîtrise la sérigraphie. Moi, je fais de la réalisation, Kenny, le batteur, joue de tout. Laurence-Anne porte son projet pour lequel elle touche à tout. Melissa et Eliane jouent du synthé et de la batterie. On brasse les cartes. C’est inspirant de jouer avec toutes ces choses-là. 

Eliane : De mon côté, j’ai fait de la danse contemporaine professionnellement. J’ai étudié là-dedans. J’ai fait de la chorégraphie pour des clips dans la scène montréalaise. Donc pour Hot Topic, notre premier clip, j’ai dansé et on a monté un truc ensemble.

Félix : Tout ça avec une touche DIY.

Melissa : Le DIY était, au départ, une nécessité, avant de devenir une signature.

Et sur scène, ça arrive aussi d’échanger vos postes ?

Félix : Ouais carrément ! Sur deux chansons. Mais on va essayer de le faire le plus possible. Cet album a été composé rapidement. Parfois, certains membres ne pouvaient pas se montrer pendant les répèt’ alors les personnes présentes se sont accaparés les instruments des absents. Le DIY était nécessaire. À l’avenir, on va s’en servir. Ça devient une esthétique. 

Eliane : Au début, le but était d’essayer des postures différentes. Félix chante pour Choses Sauvages, un autre groupe de Montréal. Moi, j’ai toujours été batteuse dans d’autres projets. Ça faisait du bien de changer de position. D’être debout sur scène pour moi. D’être plus en retrait à la basse pour Félix, etc.

Félix : De se mettre en danger quoi !

Melissa : Quand tu te mets à manipuler un instrument auquel t’es pas habitué, il y a comme une nouveauté dans le son. 

Félix : Une naïveté, carrément ! Tu réfléchis à différentes façons de jouer. Et ça transparaît nécessairement dans la composition.

Vous allez garder ça pour la suite ?

Félix : J’sais pas. On ne se met pas de barrière. C’est juste quelque chose qu’on apprécie. On aime mieux ne pas se limiter à des positions.

Eliane : Faut garder ça frais d’un show à l’autre. Si on avait une formule, ça ne marcherait pas. En concert, ça change tout le temps. Je regarde comment est foutue la salle. S’il y a des tables ou n’importe quoi sur lequel je peux monter pour danser. J’ai envie de rentrer dans les gens pour danser avec eux. L’espace de la scène sera toujours abordé différemment d’un concert à l’autre. 

Melissa : Le morceau Sleepy Rebellion illustre bien tout ça. On peut en improviser sur la longueur du morceau selon l’inspiration du moment. 

Tous ces éléments viennent en rupture avec le nom de votre groupe et le titre de votre album. C’était le plan de base ?

Félix : C’est ironique. Il y a un côté ludique, plus qu’humoristique, dans l’esthétique du groupe. Ça se retrouve dans certaines paroles également. Le morceau Waiting for Kenny est basé sur le fait qu’il ne s’est pas pointé en studio. On se demandait ce qu’il faisait. Eliane a juste énuméré un paquet de trucs puis on l’a mis dans le texte.

Eliane : Et c’est moi qui fait la batterie sur cette chanson-là !

Félix : C’est un attachement à une forme de liberté.

L’autre particularité du groupe réside dans le jonglage entre le français et l’anglais. Pourtant, dans les deux langues, on sent comme une influence pop française sur votre son. Ce sont des choses que vous écoutez ?

Eliane : Les Rita Mitsouko, Ellie & Jacno, Niagara comme Moderne ou Deux. 

Félix : Ça ne fait pas partie des trucs qui m’inspirent personnellement mais ça parle vraiment à Eliane et Melissa. Elles en passent en soirée. 

Eliane : Ouais quand je suis DJ, c’est le genre de trucs que je peux jouer.

En plus d’être DJ, tu danses et tu écris des chorégraphies de danse contemporaine. Des talents mis au service de La Sécurité, notamment pour Hot Topic. Titre pour lequel vous avez même tourné le clip chorégraphié avant même d’écrire le morceau. Comment c’est possible ?

Eliane : Au départ, je voulais réaliser un court-métrage de danse en plan séquence. C’était en pleine pandémie alors le bar dans lequel on bossait nous prêtait l’espace. On était à peine un groupe à l’époque. J’ai demandé à Melissa, Kenny puis Félix de composer la musique pour cette pièce déjà écrite. Ensuite, ils ont dansé sur la pièce mais il se dégageait deux petits bouts du résultat que je trouvais trop bons. Il fallait faire quelque chose de ça. On a composé une chanson basée sur la trame sonore de la pièce de danse. J’ai ensuite écrit les paroles en regardant la pièce. Hot Topic, c’est en hommage à un titre éponyme de Le Tigre. Pour le clip, on a découpé le plan séquence pour que ça fonctionne sur la musique. C’était un peu un processus à l’envers. Ça m’a permis d’explorer le projet jusqu’au bout !

Et sur scène, quelle place ça prend ?


Eliane : Sur scène, j’applique des systèmes de danse par chanson mais je n’ai rien de chorégraphié. 

Félix : C’est comme un jam de danse. On fait de l’impro’ avec nos instrus, Eliane fait pareil avec la danse.

Eliane : Ça dépend de l’espace, de mon énergie, des gens, de la soirée, etc.

Et tout ça, c’est bien reçu outre-Atlantique ?

Melissa : En général, les gens sont timides au début. On s’apprivoise progressivement. Et pour finir ils sautent partout. On les a convaincus et ils rentrent à fond dans notre univers. Et ils ne veulent plus nous laisser partir.

Félix : C’est fou parce qu’on ne se fait pas tant demander de rappel au Québec. Ici, ça arrive souvent et c’est très apprécié. Un rappel dans une ville où t’as jamais joué et où tout le monde parle italien – parce que t’es en Italie bien évidemment – te fait dire que t’es pas venu pour rien. 

La Sécurité // Stay Safe // Mothland
https://lasecurite.bandcamp.com/album/stay-safe

2 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages