Depuis que les femmes s’étaient mises à faire de la musique pour garçons, on avait jusqu’ici eu droit à du rock de casse-couilles. Des Mademoiselle K par-ci, de la Grande Sophie par-là, des Plastiscines fringuées comme des porte-manteaux, bref des âneries à s’enfoncer un stérilet au fond des écoutilles. En feuilletant la presse féminine, on avait même eu confirmation que la gente féminine semblait plus préoccupée par la couleur de ses mèches que par la tonalité des accords. Et puis vint La Femme, un groupe qui paradoxalement faisait beaucoup penser à Marie et ses garçons.
Au départ on avait écouté d’une oreille, pas vraiment convaincu, lassé par trop de mélodies tirées par les cheveux. « Comme les femmes au temps des Cro-Magnons », je vous le fais pas dire. Bref, la révolution bigoudis et la folk vernie sur les ongles, c’était à s’en demander ce que pouvait bien foutre le MLF depuis mai 68. En féminisme comme en médecine, la pilule du lendemain était plutôt dure à avaler.
Pile poil – pas de blagues sur les portugaises, merci – entre La Fille et la Femme Mariée, ces deux atrocités musicales sans prénom à qui on aurait bien voulu infliger la réduction mammaire, La Fille, donc, un gang de quatre mecs menés à la b(r)aguette par une chanteuse qui évoque davantage l’innocence salope d’Elli & Jacno que toutes les suceuses de pamplemousse précitées. Inconnus au bataillon, à cheval entre Paris et Biarritz, cinq musiciens qui n’inventent rien mais créent la surprise, livrant plusieurs chansons mini-mâles qui font pourtant le maximum ; lignes de synthés circa 1981, batterie de surfeurs et guitares cinglantes, des looks de garçons de plage emmenés par une chanteuse qui aurait tout aussi bien pu jouer les castings d’AB Productions, non franchement, qu’on soit misogyne ou pantashort, une vraie surprise au monde de la testostérone.
En haut de pile, on trouve AntiTaxi!, un tube taillé pour l’époque « jeunes gens modernes et cravates droites comme la justice ». Effet de mode, tendance de l’été ? Niet. Le groupe assume ses références (Marie et les Garçons, ou le génial mais méconnu groupe minimal Deux) et fait la nique à tous ces rockeurs du dimanche qu’on préfèrerait voir sous un train plutôt que sur le devant de la scène. En guise de soutien-gorge, Sur la planche prend l’option guitare surf à Trouville et creuse le fossé, partout on entend ce petit battement de coeur graissé à la gomina, le même que celui entrevu voilà quelques mois grâce à nos petits Jesus de Mustang. La femme est-elle l’avenir de l’homme ? Oui mais à une seule condition : lui foutre une grosse raclée, qu’on dépasse les burnes, qu’on en finisse avec le premier degré héroïque si cher à nos petit Français masculins, qu’on s’amuse et qu’on fasse craquer les boutonnières jusqu’à plus soif. Qu’on s’aime enfin les uns sur les autres, sans distinction.
Aux dernières nouvelles, La Femme entamait une tournée américaine sans même être signée ; en priant bien fort on devrait donc la voir s’émanciper en France avant la fin du monde. Qu’on lave ici la plus grande des injustices, que la femme cesse d’être juste bonne à frotter le cuir de son con de mari.
http://www.myspace.com/lunaetlescontacts
LA FEMME – SUR LA PLANCHE (official music video) from George Trimm on Vimeo.
8 commentaires
je dis gonzai doit forniquer en live avec la femme
On me souffle dans le micro que c’est dans l’air, du moins qu’on y a pensé très fort.
Un putain de concert aux Combustibles avec Holstenwall.
Et Planète (aux combustibles).
Bravo ! Bester, tu ne les as pas encore orientés vers M6 mobile Music live ? Et puis la référence, « Marie et les Garçons », il me semblait que c’était un autre prénom qui s’y trouvait.
Les cultureux font toujours de bons articles à propos de mauvaise musique. Intéressant.