Si vous cherchiez un mix entre Maria Violenza, Le Prince Harry, Le Tigre et DAF, ne cherchez plus : Güner Künier est là pour vous donner votre shot de punk-synthétique-new-wave-neo-krautrock-minimal-music. Rien que pour vous, on a demandé à la musicienne de nous citer les albums qui ont influencé « Yaramaz », son deuxième disque solo sorti le 21 mars. Et voici sa sélection.
Sur la pochette de « Yaramaz » (que l’on peut traduire par vilain ou méchant), Güner Künier, 35 ans, est bien sapée. Elle a la classe. Elle porte ensemble vintage jaune et noir, avec un pantalon évasé et une écharpe rouge en froufrou. Pas vraiment le genre de fringues que l’on met quand on se produit dans les caves avec une boite à rythme et des synthés claqués pour jouer des morceaux lo-fi et minimalistes. Mais ne vous fiez pas à son look. À l’intérieur de l’album, aucune trace de disco ou de chansons pop à la con. À la place, la musicienne turque, qui vit en Allemagne depuis plus de 30 ans, vous a préparé sa spécialité : un disque taillé au cordeaux, droit, brut, direct, primitif et sans gras. Les 9 titres de l’album dépassent rarement les 2 min 30. En moins de 18 minutes, l’affaire est pliée. Avec Güner, plus c’est court, plus c’est bon.

De toute manière, il ne faut pas longtemps pour comprendre que l’on a entre les mains un disque frénétique, compulsif et 100% débridé. Le genre d’album enregistré dans l’urgence et à l’arrache, mais dont le charme réside justement dans cette fougue et ce sentiment fiévreux qui s’en dégage. Sur « Yaramaz », l’artiste joue avec les styles (punk, new wave, neo kraut, musique folklorique, minimal synth) pour les rendre plus beaux et plus primaires. Et pour montrer qu’avec le bon dosage et beaucoup de malice, il suffit de peu pour créer une œuvre marquante. Le disque vient tout juste de sortir du four, alors on laisse la parole à Güner qui explique à la va-vite pourquoi elle surkiffe tous les albums cités ci-dessous.
Chrome – « The Lyon Concert »
Güner Künier : « Je n’écoute pas souvent d’albums live, mais celui-ci est véritablement exceptionnel. J’ai découvert Chrome relativement tard, mais leur musique m’a immédiatement captivée. L’album est répétitif, hypnotique et intense – autant de qualités qui le rendent atypique et sans compromis. L’énergie brute qui s’en dégage m’a profondément marquée, me montrant à quel point un enregistrement en live peut être fascinant. »
Sonic Youth – « Bad Moon Rising »
« C’est un classique intemporel, la bande-son de ma jeunesse. Sonic Youth a toujours été une constante dans ma vie et « Bad Moon Rising » a longtemps tourné en boucle. L’équilibre entre bruit et mélodie ainsi que l’énergie brute de l’album me fascinent. J’ai toujours aimé cette approche expérimentale et cette puissance sonore. »
Peaches – « The Teaches of Peaches »
« Un autre classique intemporel à mes yeux. Quand j’ai découvert l’histoire derrière Fuck the Pain Away – à savoir que Peaches l’a d’abord interprété en live avant d’utiliser directement cet enregistrement sans y apporter de retouches –, j’ai immédiatement dû le réécouter, puis j’ai laissé tourner tout l’album. L’assurance et l’énergie qui se dégagent de sa musique ont eu un impact durable sur moi. »
Stereo Total – « Musique Automatique »
« L’ambiance minimaliste et détendue ainsi que le charme de leurs paroles m’ont toujours attirée. J’apprécie particulièrement l’aspect ludique de leur musique, avec ces expérimentations à la fois sonores et linguistiques. »
Laura Krieg – « Bureaupathologie »
« Le son lo-fi et DIY de Laura Krieg possède une authenticité unique – brut, avec des aspérités, mais porté par des chansons d’une grande qualité. Son esthétique sonore, à la fois minimaliste et riche en émotions, prouve que l’on n’a pas besoin d’une production excessive pour créer de la profondeur. »
Patti Smith – « Horses »
« Cet album est un rappel essentiel de ce que je veux dans la vie. L’expression brute des émotions de Patti Smith et son approche intrépide de la musique ont toujours été pour moi une source constante de force et d’inspiration, me montrant à quel point il est essentiel de rester fidèle à soi-même. »
Kim Gordon – « The Collective »
« Sur ce disque, on retrouve une musique lourde et saturée mêlée à du spoken word. Cette musique m’a ouvert les yeux sur de nouvelles possibilités en matière de son et de langage. Son audace musicale m’a toujours impressionnée. »
Barış Manço – « Hal Hal »
« L’un de mes morceaux préférés de tous les temps se trouve sur cet album : Ala Beni Bula Beni. Barış Manço a su fusionner de manière unique la musique traditionnelle turque avec des sonorités modernes. Sa capacité à faire le lien entre différentes cultures a eu une influence majeure sur moi. De plus, c’était une figure masculine qui exprimait la vulnérabilité, la fantaisie et l’émotion, ce que je trouve particulièrement marquant. »
Thomas Ducres Bester Langs Gonzaï est financé par spotify? je boycotte toute les plateforme de streaming sauf bandcamp et you tube ,